ABIDJAN, Côte d’Ivoire (Sipa-AP) — Les autorités de sécurité ivoiriennes ont torturé plusieurs dizaines de détenus, leur infligeant des décharges électriques et d’autres formes abus, a révélé vendredi Amnesty International.
« Plus de 200 personnes, dont des membres du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ancien président Gbagbo, ont été arbitrairement détenues et torturées et beaucoup croupissent toujours derrière les barreaux », dénonce Amnesty International dans le communiqué publié vendredi, qui appelle à « mettre fin au cycle de représailles et de vengeance » en Côte d’Ivoire.
Gaetan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’ouest à Amnesty International, dit avoir recueilli plusieurs dizaines de témoignages de détenus qui racontent « avoir été torturés à l’électricité » et avoir « subi des brûlures au plastique fondu », deux d’entre eux évoquant même des sévices sexuels.
Parmi les victimes de ces mauvais traitements, certaines ont été inculpées pour atteinte à la sûreté de l’Etat, à la suite d’une vague d’attaques visant des installations militaires. Depuis le début du mois d’août, près de 10 attaques ont été perpétrées contre des bases militaires et d’autres installations dans tout le pays, y compris à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire.
Cherif Moussa, porte-parole de l’armée ivoirienne, a nié ces allégations vendredi. « Nos camps ne sont pas des camps de concentration », a-t-il expliqué, tout en reconnaissant que dans certains cas isolés, des soldats avaient pu « aller au-delà de ce qui leur était permis » à l’égard des prisonniers. « Nous voulons prouver que nous respectons les droits de l’homme », a-t-il assuré.
Amnesty International dévoile aussi que certains détenus ne sont libérés que contre rançon. L’un d’entre eux, membre du FPI arrêté à Abidjan le 17 août dernier, raconte ainsi que ses parents ont « versé 50.000 francs CFA (environ 75 euros) » pour sa libération. « Après ma libération, mes geôliers sont venus chez moi et ont réclamé une somme plus importante », ajoute-t-il.
Après sa défaite lors de l’élection présidentielle de novembre 2010, l’ancien président Laurent Gbagbo avait refusé de céder le pouvoir à son adversaire Alassane Ouattara, déclenchant le début de six mois de violence entre les deux camps, durant lesquels près de 3.000 personnes ont été tuées. Laurent Gbagbo a été arrêté en avril 2011.
cs/cc
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