Après San Pedro le samedi 20 octobre, la caravane de la réconciliation nationale fait escale aujourd’hui à Gagnoa. Avant le départ des artistes pour San Pedro le 19 octobre, le ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman précisait qu’il ne s’agit pas d’une caravane pour une ou deux personnes. Relevant les difficultés, causes de plusieurs reports, Maurice Bandaman a expliqué qu’il «fallait accorder les violons pour que l’opération engage tout le monde». Est-ce le cas ? Djabo Steck, artiste-musicien (ex-batteur de Amédée Pierre et Ernesto Djédjé) note que le violon est mal accordé. «Nous sommes une génération après Amédée Pierre et Anouma Brou Félix. On ne peut faire une caravane sans Diabo Steck, Noël Dourey, Mawa Traoré, Bailly Spinto, Kéké Kassiry, Wouon Pierre… Il est vrai qu’on parle de têtes d’affiches mais, il y a d’abord eu nous qui les avons faites. Personne ne peut nous le dénier», a indiqué hier Djabo Steck rencontré à Angré. Selon lui, cette génération d’artistes qu’il cite se sent «spoliée». D’où son ras-le-bol parce que, fait-il savoir, «nous sommes des repères, des icônes». A savoir moi, Bailly Spinto, Noël Dourey, Anouma Brou Félix, Kouamé Adigri, Eba Aka Jérôme, GG Léopoldine, Tiane… «Il faut associer tout le monde», insiste-t-il. «En 1985, nous avons fait le concert de la paix simultanément à Bouaké et Abidjan. Aucun artiste n’a été laissé pour compte. Que les gens pensent à l’intérêt supérieur de la culture ivoirienne et non à leur propre intérêt. Quand on fait une réconciliation et qu’on fait de l’exclusion, on est mal parti parce qu’on fait des frustrés». Sur l’étape (1) de San Pedro, Djabo Steck conçoit difficilement que des artistes de la région n’aient pu être associés. Les Patrons, Petit Denis, Chantal Taïba, Gba Eugène… «Ce sont des artistes qui ont un public!», témoigne-t-il. Rappelant par ailleurs qu’un des volets de la caravane est l’échange avec les populations sur les frustrations qu’elles ont connues, Djabo ajoute – l’intérêt d’associer ces artistes oubliés parce que «les messages doivent être véhiculés dans les langues de la région où la caravane fera escale. S’il faut parler en français, les gens ne sauront pas de quoi il s’agit !». Pour lui, il est évident que ces artistes non associés à la caravane sont une pièce importance pour édifier la ‘’maison réconciliation’’.
Le constat qu’il fait de l’étape de San Pedro est le même pour Gagnoa. «Où sont les Woody, John Yalley, Bailly Spinto, Noël Dourey, Billy Gad ? Il n’est pas trop tard. Qu’on appelle les autres. L’injustice persistante amène la révolte. J’espère qu’on ne va pas en arriver là. J’interpelle les autorités, j’appelle au secours le président de la République et qu’on rétablisse l’ordre», a plaidé Djabo Steck qui relève pour d’autres étapes l’absence de Antoinette Allany «qui a offert sa poitrine», Le Molare, Valen Guédé et bien d’autres. «C’est bien d’appeler Blondy, Tiken Jah, A’salfo mais, rappelle Djabo, quand les fusils tonnaient nous avons tout perdu. Où étaient-ils ? Aujourd’hui, ils mangent à la table des rois. Ce n’est pas normal ! C’est une injustice qu’il faut réparer».
La musique et le football, soutient-il, sont deux facteurs de rapprochement, «il ne faut pas faillir à notre mission. Si on rate cette caravane, on aura jeté de l’argent par la fenêtre. Il ne le faut pas», défend Djabo Steck. Parlant d’argent, Djabo Steck ouvre une brèche sur les cachets des artistes associés à la caravane. Pour lui, si tant est que l’Unartci (Union nationale des artistes de Côte d’Ivoire) dirigée par Ken Adamo est la faitière, elle ne devait accepter la somme de 20 millions de Fcfa pour le cachet de 120 artistes qu’elle propose sur les 200. Rappelons que dans le budget de 824 millions de Fcfa, 45% sont consacrés aux cachets des artistes.
«C’est dérisoire de donner par exemple 50.000 Fcfa à des artistes. Il y a les artistes côtés, ceux qui sont en voie d’être côtés et ceux qui ne le sont pas. Alors il fallait créer un barème. Nous décrions qu’on donne des cachets mirobolants à un groupe quand un autre groupe a des miettes», a-t-il dénoncé. S’il dit soutenir «à fond» la caravane de réconciliation, Noël Dourey se veut clair : «Je ne participerai pas». Ce qu’il mentionne : «La caravane durera 14 jours. Nous autres sommes dans le processus de réconciliation depuis longtemps. La réconciliation est un processus. Ce qui est important, c’est que la paix revienne. Si aujourd’hui, il y a d’autres personnes pour assurer la suite, c’est bien. L’image que nous devons donner c’est de voir les artistes réconciliés», a-t-il traduit.
Koné Saydoo
L’Intelligent d’Abidjan
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