Nord-Sud
Le vase commence à déborder dangereusement. Dans la guerre de 77 jours déclenchée depuis le 5 août, les assaillants revendiquent désormais une bonne douzaine de localités attaquées. Et, si rien n’est fait pour décourager ceux qui attaquent, le décompte pourrait se poursuivre les jours qui suivent en ce sens que les mesures jusque-là prises semblent inefficaces. Assurément, c’est une thérapie de choc qui s’impose. Elle pourrait passer, comme le suggère l’opinion publique nationale, par un grand nettoyage à la tête des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Jusque-là, le président de la République a choisi de faire confiance à la hiérarchie des Frci, se contentant de sanctionner quelques chefs d’unités, de d’escadrons ou commissariats.
Il est sans doute temps que l’épée frappe plus haut, comme cela a été le cas à la Radiodiffusion-télévision ivoirienne, voire dans son propre gouvernement où il n’a pas hésité à se séparer d’un de ses ministres pourtant réputé proche de lui. Tout au moins, en tant que chef suprême des armées, le président de la République devrait songer à secouer un peu ses hommes tellement ils semblent faire preuve de laxisme. En effet, dans l’opinion, c’est bien cette hiérarchie qui peine à venir à bout des assaillants au même mode opératoire depuis bientôt trois mois. Sa responsabilité est d’autant plus grande qu’elle semble avoir du mal à tirer le ver du fruit. « Le fait même que ce soit près de trois après que le ministre-délégué à la Défense vienne confesser qu’il y a des complicités internes est écœurant. Depuis l’attaque d’Akouédo, certains officiers avaient déjà mis en évidence la complicité entre les assaillants et des militaires dans le camp. Soit le ministre n’a pas cru à cette explication de ses hommes ou il l’a minimisée.
Car, venir nous sortir cela après l’attaque d’Azito, en soutenant que les assaillants portaient les nouvelles tenues des Frci, est inadmissible », argumente un responsable de parti qui a requis l’anonymat. « Ce ne sont pourtant pas les indices qui ont manqué pour se rendre à l’évidence que les assaillants opèrent en complicité avec des éléments de l’armée. Il n’y a qu’à constater que les agresseurs se contentent dans bien de cas de ligoter les éléments trouvés sur place, font une incursion dans les magasins d’armes avant de se fondre dans la nature », ajoute notre interlocuteur. Par-delà le mode opératoire, ce qui ulcère les populations, c’est le fait que dans la plupart des attaques, il y a eu des signes annonciateurs (rumeurs, mouvement suspects), manifestement pas toujours pris au sérieux par les responsables. « Si on estime que ce sont de simples rumeurs, pourquoi ne met-on pas à contribution nos services de renseignement pour en avoir le cœur net et agir conséquemment ? On a l’impression que les assaillants sont tellement forts, plus rusés, qu’ils ridiculisent notre armée. Il faut faire quelque chose », a préconisé hier un cadre de l’administration qui se demande pourquoi les Frci ne sont pas mise en état d’alerte. « Face à l’engrenage, il faut changer de tactique. Déjà à une certaine heure de la nuit, il n’y a plus personne dans les rues. La psychose a gagné bon nombre d’Ivoiriens. Pourquoi donc se priver de décréter l’état d’urgence si cela doit conduire à régler le problème une fois pour toute », avance-t-il. « On doit aussi se poser la question de savoir pourquoi il n’y a pas d’attaques dans les zones anciennement contrôlées par les ex-Forces nouvelles et s’assurer qu’il n’y a pas de gros vers dans le fruit », insiste-t-il.
MD
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