Attaques à répétition: l’armée ivoirienne à l’épreuve ?

L’Agence de Presse Xinhua

Le président ivoirien Alassane Ouattara et son Chef d’Etat major lors d’un parade militaire à Abidjan (Ph : Abidjan.net)

Plusieurs sites policiers et militaires à Abidjan et à l’intérieur du pays ont subi des attaques répétées de personnes non identifiées ces derniers mois, faisant au moins une dizaine de soldats tués.

Tour à tour, des bases de police de Yopougon (ouest d’Abidjan), de Port-Bouët (sud d’Abidjan), la caserne militaire d’Akouédo (est d’Abidjan), le poste frontalier de Noé (sud-est, frontière ivoiro-ghanéenne) ainsi que des bases militaires de Dabou (sud), de Bonoua (sud-est) et d’Alépé (sud) ont subi des assauts d’inconnus armés.

Plus récemment, une brigade de gendarmerie a été prise pour cible dans la nuit de samedi à dimanche à Bongouanou (centre-est) par des inconnus qui ont emporté des armes et des munitions.

Mode opératoire identique

Pour certains observateurs politiques, le mode opératoire des assaillants demeure « étrangement » identique dans les localités attaquées.

« Selon les récits qui sont faits, les assaillants viennent avec des armes, et ils s’introduisent dans les armureries des sites attaqués pour se servir en armes afin de renforcer leurs capacités », énoncé Claude Loukou, étudiant en Droit.

« Il y a des cas où les soldats en charge de la garde des armes sont surpris, mais il faut dire qu’il y a aussi des cas où il semble avoir des complicités internes », estime M. Loukou.

Pour celui-ci, il importe que les forces de sécurité prennent des dispositions vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi au niveau intérieur.

Des sites civils visés

Les attaques des inconnus armés dans les sites stratégiques ne concernent pas que des bases militaires.

Le week-end dernier, la centrale thermique d’Azito (ouest d’Abidjan) a elle aussi été « visitée » par des assaillants qui ont endommagé quelques équipements.

Selon des experts, cette centrale thermique approvisionne en électricité la capitale économique qui et d’autres localités environnantes qui plongeraient dans une obscurité totale si l’opération de sabotage des individus armés avait réussi.

« La vigilance des autorités se trouve ainsi à tous les niveaux », commente Léonce Kokora, animateur dans une radio de proximité d’Abidjan.

La sérénité des autorités

Face aux actes de violence à l’encontre des sites militaires et civils, les autorités sécuritaires du pays font montre de sérénité.

Lors d’une réunion d’urgence du Conseil national de sécurité, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, chef suprême des armées, a donné des instructions pour le renforcement du dispositif militaire sur l’ensemble du territoire.

Suite à cela, le chef d’état-major général des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) le général Soumaïla Bakayoko a organisé une tournée dans les casernes pour remobiliser les troupes et les appeler à plus de vigilance.

Tout comme lui, le ministre ivoirien de l’Intérieur Hamed Bakayoko et le ministre en charge de la Défense Paul Koffi Koffi ont assuré à plusieurs occasions les populations de la force de frappe des forces armées ivoiriennes.

Pour le ministre en charge de la Défense, il s’agit d’attaques terroristes perpétrées en vue de semer la terreur et l’angoisse.

A en croire Paul Koffi Koffi, l’Armée ivoirienne a les capacités pour faire face aux agressions.

« Mobilisez-vous contre tous ces rêveurs. Leur projet qui est de venir perturber, par la violence, ne peut pas prospérer », avait déclaré pour sa part le ministre de l’Intérieur à des populations lors d’une tournée.

« Les agresseurs ne font pas de revendications et ils disparaissent juste après avoir tiré deux coups de feu. Leurs actions visent à empêcher les opérateurs économiques à investir en Côte d’Ivoire », avait ajouté Hamed Bakayoko, appelant les Ivoiriens à ne pas douter car « les fondamentaux de l’Etat sont solides ».

Épreuve de force ?

De l’avis de plusieurs observateurs, les hommes armés non identifiés ont engagé une épreuve de force avec les forces de sécurité ivoiriennes.

« Quand les forces de l’ordre réussissent à repousser les assaillants et à contrôler la situation, il y a une accalmie. Mais peu après, on apprend qu’il y a de nouvelles attaques dans d’autres secteurs », fait remarquer René Gnanzou, un opérateur économique.

« Force reste à la loi, force reste aux forces légitimes. Nous viendrons à bout de ces agresseurs. Ces soubresauts prendront fin », a conclu un officier de l’Armée.

La Côte d’Ivoire tente de retrouver la normalité après une crise post-électorale aigüe qui a secoué le pays cinq mois durant, faisant au moins 3 000 morts et un million de déplacés.

Après une période de paix relative, le pays connait une résurgence de la violence avec des attaques sporadiques menées par des inconnus armés contre des sites stratégiques du pays.

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