Rapport de l’ONU – Soro et Gbagbo au banc des accusés

Dossier L’Intelligent d’Abidjan

L’étau se resserre sur Soro Guillaume et les Forces nouvelles

Les investigations menées par cinq (5) experts indépendants de l’Organisation des Nations-Unies sur la situation en Côte d’Ivoire sont désormais disponibles. A la lecture de ce document, l’on comprend mieux pourquoi il a fait couler tant d’encre et de salive aussi bien dans le camp des pro-Gbagbo que dans celui du régime Ouattara. Forts de leur «ordre de mission» délivré par une lettre en date du 22 juin 2012 adressée au président du Conseil de sécurité, cinq (5) experts indépendants ont mené des investigations en Côte d’Ivoire. Ce sont : Raymond Debelle, originaire de la Belgique, spécialiste des armes, Eugène Rutabingwa Fatakanwa du Rwanda, spécialiste des douanes et des transports, Simon Gilbert de la Grande-Bretagne, spécialiste du diamant, Joël Salek de la Colombie, chargé des finances et Manuel Vazquez-Boidard, originaire de l’Espagne et chargé des affaires régionales. Au cours de leurs investigations qui ont démarré le 5 juillet 2012, les experts indépendants ont eu des entretiens avec diverses structures pour se faire une idée de la situation en Côte d’Ivoire. Il ressort de ces investigations qu’un grand nombre d’armes continuent de circuler en Côte d’Ivoire, ce qui accentue l’insécurité. D’où l’appel des experts indépendants de «mettre en place, sans plus attendre, des programmes efficaces de désarmement, de démobilisation et de réinsertion et la Réforme du secteur de la sécurité (RSS)». Cette reforme du secteur de la sécurité, fait partie de l’une des priorités du programme du président de la République, Alassane Ouattara, qui a accédé au pouvoir en avril 2011. Dans leur rapport, les experts indépendants pointent un doigt accusateur sur les Forces nouvelles, qui déjà en 2009, s’étaient procuré des tenues militaires, en violation des sanctions de l’ONU. «Le Groupe avait constaté en 2009 que les Forces nouvelles portaient des uniformes de fabrication Marck ; le fabriquant a informé le Groupe que les uniformes (tenues camo « Lézard » F1 chevron) avaient été livrées aux ministères de la Défense du Burkina Faso et du Benin, ce qui pourrait constituer un autre cas de transfert du Burkina Faso en Côte d’Ivoire de matériel frappé de sanctions», rapporte les experts. Or à cette période, Alassane Ouattara n’était pas aux affaires. Guillaume Soro, actuel président de l’Assemblée nationale, régnait sur la zone Centre, Nord et Ouest (CNO), jusqu’à sa nomination en tant que Premier ministre de Laurent Gbagbo, suite à la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, en mars 2007. Dans le rapport, il est aussi fait mention de la découverte en Côte d’Ivoire de munitions destinées à l’origine au Burkina Faso, de même que la présence au sein des groupements qui ont attaqué les FRCI à l’Ouest, en août dernier, de certains membres des Forces nouvelles, notamment du MPIGO et du MJP qui ont reçu des soutiens de pro- Gbagbo pour déstabiliser la Côte d’Ivoire. «Soro Guillaume et beaucoup de chefs rebelles n’échapperont pas à la CPI ou à un tribunal national. Ils le savent bien et la Communauté internationale le sait. On les ménage simplement en attendant l’occasion. Et celle-ci ne saurait tarder», estime un défenseur des Droits de l’Homme en exil. Le rapport des experts indépendants épinglé Guillaume Soro, mais il reste à savoir si le président de l’Assemblée nationale sera prêt à «aller jusqu’au bout», comme Laurent Gbagbo.
OD

Guillaume Soro, Laurent Gbagbo au banc des accusés

Le rapport des experts indépendants de l’Onu tant recherché de tous a été rendu public depuis le vendredi 19 octobre 2012, avec la publication intégrale dans L’intelligent d’Abidjan. Au-delà des grands déballages sur des aspects militaro-politiques du rapport, nous nous sommes plus intéressés au volet économique. Où il est question de dilapidation en masse des ressources économiques de la Côte d’Ivoire aux dépens de la masse populaire. Surtout dans un contexte de pauvreté appauvrissant. Les deux personnalités implicitement mises en cause sont l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, aujourd’hui en prison à La Haye et Guillaume Soro, actuel président de l’Assemblée nationale et par ailleurs ancien secrétaire général des Forces Nouvelles. Laurent Gbagbo en sa qualité de Président de la République a eu à gérer le Sud du pays où son autorité était acceptée et Guillaume Soro pour le Nord où il avait en sa position une armée. Ces deux personnalités, selon le rapport des experts indépendants de l’Onu, auraient utilisé les ressources nationale à des fins d’achat d’armes. Une sorte de pillage de l’économie que dénoncent les experts dans leur rapport. Ces pillages ont concerné la filière bois, le secteur de la filière café-cacao, le secteur pétrolier et l’exploitation des ressources naturelles dont l’or, le diamant, la noix de cajou. Mais les enquêtes étant encore en cours, les experts restent tout de même prudents. Mais toujours est-il que depuis la crise de septembre 2002, la pauvreté s’est accrue dans les deux parties de la Côte d’Ivoire (Nord et le Sud) pour la toute simple raison qu’il n’y a pas eu une redistribution équitable des ressources. Le rapport des experts relève que les deux camps se sont livrés à de escroquerie à grande échelle. D’un côté, l’on a créé des surtaxes pour se faire assez d’argent et de l’autre, il y a de l’argent qui était prélevé aux opérateurs économiques pour ceux qui fréquentaient les ports ivoiriens. L’un mis dans l’autre, le hic des experts, c’est le fait que ces ressources n’aient pas profité à la Côte d’Ivoire. Ce que l’on retient de ce rapport, c’est l’état d’appauvrissement de la Côte d’Ivoire pendant les dix années de crise et de partition du pays.
HK

Un goût d’inachevé

Le rapport des experts indépendants de l’Onu qui agace et fait jaser le microcosme politique en Côte d’Ivoire, a le mérite, à première vue, d’être un travail d’Hercule. La méthodologie, le recueil des informations, les moyens techniques utilisés, les déplacements effectués, la manière de filer les acteurs en présence sont autant d’éléments pour donner du crédit au produit final. Et le tollé général qu’il a soulevé dans les deux camps en font foi. Cependant, il y a comme un goût d’inachevé à ce travail qui revêt pourtant un caractère scientifique. Les enquêteurs eux-mêmes ont laissé transparaître les insuffisances de leur trouvaille dès le début du texte, dans la partie méthodologie. ‘’Le groupe tient à souligner que les coupes budgétaires qui lui ont été imposées à ce jour l’ont sérieusement contrarié dans sa volonté de demeurer présent sur le terrain et de se rendre dans les Etats membres aux fins de ses enquêtes’’, ont écrit les experts. Ain- si dit, certains passages et affirmations du rapport sont faits sur la base de certaines suppositions ou hypothèses non vérifiables. Il en est ainsi de quelques conclusions sur les supposés trafics d’armes, la contrebande du cacao avec le Ghana voisin ou encore des fonds détenus dans des paradis fiscaux. En s’aventurant sur un terrain aussi complexe que délicat, ils ne devaient pas ignorer les difficultés qui les y attendaient. A l’arrivée, on relève dans le rapport des experts, quelques insuffisances de forme. Si au lieu de Damana Pickass on peut lire Adama Pickass, si Laurent Akoun peut être appelé Laurent Akou, pour Eugène N’goran Djué au lieu de Eugène Kouadio Djué, d’aucuns diront qu’il s’agit là d’erreurs de frappe. Mais pour un rapport aussi sérieux qui engage la vie de certaines personnes, les rapporteurs devraient prendre toutes les précautions pour éviter de tels ratés. L’usage également du conditionnel à profusion montre à quel point les experts ont survolé certaines questions.
SD

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