Source: L’inter Sebastien Kouassi
Doit-on s’attendre dans les jours et semaines à venir, à un autre assaut après celui de Bonoua, le week-end dernier ? En tout cas, les échanges que nous avons eus avec une source anonyme, qui se présente comme un acteur d’une opération en préparation, dont il a décidé de se désolidariser en nous prenant à témoin, donnent de craindre.
L’alerte nous a été donnée le samedi 13 octobre dernier, la veille de l’assaut sur Bonoua, qui a eu lieu dans la nuit du dimanche à lundi aux environs de 20h. Un message nous est parvenu sur notre téléphone portable à partir de notre numéro disponible dans l’ours du journal. Occupé à un reportage, dans un premier temps, nous ne prêtons pas attention à ce SMS, nous promettant de le lire plus tard. Mais, l’auteur du message tente finalement de nous joindre pour traduire vivement le contenu de ses écrits. Il insiste si bien que nous décrochons l’appel. « Rappelez dans une trentaine de minutes, je suis en plein reportage», indiquons-nous à l’endroit de l’interlocuteur au bout du fil.
Celui-ci semble quelque peu vexé par cette réponse et coupe brutalement la conversation. Quelques instants après, c’est un autre message qu’il envoie, avant de tenter une fois encore de nous joindre. Nous interrompons l’appel pour prendre connaissance de ses messages. Le premier est libellé comme suit : « Une attaque visant l’élimination physique de 09 personnalités issues de l’Exécutif, du Parlement et de la hiérarchie militaire est en cours d’exécution. Je suis au cœur de l’action. Cependant je souhaite la faire échouer. Comment faire?». Le second message est à peine entamé et n’a donc pu être terminé. Mais vu l’urgence du premier message, nous tentons de joindre l’inconnu qui, curieusement, ne prend pas la peine de masquer son numéro (C’est pourtant souvent le cas pour ce type d’information).
Malheureusement, c’est en vain que nous tentons de le joindre, car son téléphone portable est sur répondeur. Nous essayons cependant quelques minutes après, de le joindre pour une dernière fois afin de nous rassurer qu’il ne s’agit pas d’un problème de réseau. Échec à nouveau. Il reste toujours injoignable. Curieux tout cela. Encore certainement l’un de ces individus qui s’amusent à nous envoyer des canulars, vu que nos numéros de téléphone sont dans l’ours du journal. Cette fois, nous décidons de répondre aussi par SMS au message de notre interlocuteur, en l’invitant à la rédaction pour faire, si possible un article afin de dissuader toute velléité de déstabilisation. Il nous répond automatiquement : «Dommage, je sors du pays demain (ndlr : le dimanche 14 octobre dernier). Cela dit, je peux vous en dire plus si j’ai une idée de la démarche que vous envisagez d’entreprendre pour favoriser l’échec de ce coup ».
Nous tentons alors, dans un autre message, de le rassurer d’ouvrir son téléphone et de lui garantir toute confidentialité. Notre interlocuteur reste sur sa position et nous envoie automatiquement la réponse suivante : «Pour la confidentialité, je ne crains rien. Mais je répète que ma démarche est motivée par mon envie de faire échec à ce projet. Alors, dites-moi d’abord ce que vous comptez faire pour m’aider dans ce sens ». « Ok, si vous ne voulez pas venir à la rédaction, voici mon mail, donnez-moi les détails de l’information que vous avez pour nous, en vue d’un article », tentons-nous de le convaincre. Mais alors que nous pensons que notre interlocuteur va être rassuré, vu les garanties que nous offrons pour sa sécurité, ce dernier nous répond par un message de désolation avec cependant une précision de la période à laquelle le coup devrait avoir lieu : «Merci beaucoup, mais je reste convaincu que c’est bien là l’erreur à ne pas commettre. Tout de même grand merci pour l’attention, je me rends compte que j’aurai du mal à réussir mon entreprise. Retenez seulement que la Tabaski 2012 sera une journée noire pour le pays. Dieu garde la Côte d’Ivoire».
Notre conversation prend ainsi fin sur ces notes de frayeur, à une période où la Côte d’Ivoire tente de sortir la tête de l’eau côté sécurité, avec les nombreuses tentatives de déstabilisation contre le pouvoir en place. Faut-il prendre ces informations au sérieux? S’agit-il d’un canular? Qui a intérêt actuellement à attenter à la vie de certains membres de l’Exécutif ou du Parlement? Pourquoi s’en prendre à certaines autorités militaires? Qui sont les personnalités ciblées? Nous n’en sauront pas davantage avec cet interlocuteur anonyme, qui peut bien dire vrai comme être un mythomane caché derrière un numéro de téléphone pour semer la psychose dans la population. Mais, enfin, faut-il négliger son alerte ? Toujours est-il que par ces temps où se multiplient les attaques, les dirigeants ivoiriens devront prendre au sérieux tous ces bruits et prévenir toutes sortes de scénarios en prenant les dispositions idoines. Ne dit-on pas qu’un homme averti en vaut deux ?
Sébastien Kouassi
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