Réponse à Don Mello – De la timorée dialectique de l’apparence des supposés contempteurs de la françafrique !
Par Diarra Cheickh Oumar
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com
Falsifier la trame de l’Histoire n’est pas du tout une sinécure. Déformer les faits et évènements qui en constituent la texture, la structure fondamentale est une bien difficile et superfétatoire tâche car, se reconstituant toujours, à l’instar du phénix, après toute tentative de manipulation, de modification, mieux, d’effacement pur et simple. Nos mémoires sont encore vivaces, opérationnelles, emmagasinant au jour le jour, la succession ininterrompue de circonstances, favorables ou défavorables, intervenant dans le déroulement de l’existence, les faits marquants de l’actualité. A ce titre, nous pouvons tous nous prévaloir d’être contemporains et des témoins vivants de la jeune Histoire politique (à partir des années 1970) de l’Afrique et de ses rapports avec l’Occident. On ne peut tout de même pas nous dénier ce privilège de la fortune. C’est pourquoi, mettre à nu la vacuité de l’argumentaire, du texte de nature pamphlétaire pondu par notre Docteur, ingénieur des ponts et chaussées, Monsieur Don Mello, en guise de réponse au Président de la République française, Monsieur François Hollande, ne sera pour moi qu’une promenade de santé. Ma ligne discursive consistera simplement à attirer l’attention des uns et des autres sur la duplicité, cette pusillanime dialectique de l’apparence de nos soi-disant pourfendeurs de la françafrique.
Certes, il faut travailler à un rééquilibrage, un recadrage de nos rapports avec les puissances occidentales. S’inscrire en faux contre cette vérité relèverait de la cécité intellectuelle, de la mauvaise foi. Je crois bien que le discours prononcé par Monsieur Hollande lors du dernier sommet de la francophonie qui s’est déroulé dans la capitale congolaise (Kinshasa) milite dans ce sens. Mais, ce nécessaire recadrage requiert de l’homme africain un certain nombre de valeurs éthiques, de principes comportementaux à observer scrupuleusement. Ainsi, fors le Capitaine Thomas Sankara qui restera à jamais pour moi une figure emblématique à célébrer pour la franchise et la noblesse de son combat, pour son peu d’intérêt pour le lucre et les biens matériels, pour l’originalité de sa conception de la révolution qui tranche superbement d’avec ce qu’on avait vu jusque-là, pour son sens de l’humanisme dans un certain sens, puisque, comme l’asserte Jean Ziegler, ancien rapporteur de l’Onu pour le droit à l’alimentation : « Sankara n’était pas cet imbécile militaire qui croyait en la violence, à la discipline ou à des imbécilités de ce genre. Mais, je crois que c’était simplement conjoncturel… », tous ces histrions, ces souverainistes d’opérette cités par notre cher Docteur, c’est-à-dire Laurent Gbagbo, Muammar Al – Kadhafi et tutti quanti ne sont pour moi et tous ceux qui ont encore de la jugeote que des anti-modèles, d’infâmes apologètes de la violence sous sa forme la plus immonde, des démagogues et des tribuns devant l’Eternel. Qui plus est, de fervents défenseurs déguisés de la françafrique.
C’est connu de tous. Laurent Gbagbo, contrairement à ses déclamations vitriolées contre la métropole, a été, de tous les chefs d’Etat qui se sont succédé jusque-là à la tête de la Côte d’Ivoire, celui qui a le mieux défendu les intérêts de la France. Je l’ai déjà indiqué dans une précédente tribune, tous les fleurons de l’économie ivoirienne, sous Laurent Gbagbo ont été gracieusement cédés à la France (Terminal à conteneurs de Vridi, la CIE / SODECI, Côte d’Ivoire télécom…). La liste est loin d’être exhaustive. On se rappelle également du pavé dans la mare du Libano-français, Robert Bourgi, porteur de valises et courtier politique de la françafrique. Selon les dires de ce Monsieur reconnu dans les fichiers françafricains, Laurent Gbagbo a bel et bien financé la campagne à la présidentielle de 2002 du candidat Jacques Chirac en France. Aucun démenti plausible visant à déboulonner cette vérité n’a été produit ni par le concerné lui-même ni par sa secte. Jugez-en vous-mêmes, chers lecteurs, y a-t-il plus françafricain qu’un tel individu ? On ne peut pas être un Président courtier de la françafrique et dans le même temps se targuer d’en être un des virulents dénigreurs. Et pourtant, Laurent Gbagbo, en véritable disciple de Machiavel, a su jouer cette dialectique de l’apparence et a réussi à enfariner toute une horde d’ânes bâtés qui ne jurent que par lui. Certains, plus fins et plus critiques ont certainement perçu cette supercherie, cette farce, mais se sont laissés aguicher par ses promesses mirobolantes, ses billets de banques volés aux contribuables que nous sommes.
Quant au second ‘’critique’’ supposé de la françafrique, le Colonel Muammar Al-Kadhafi, tyran et criminel devant l’Eternel, rejeté par le monde entier pour son soutien avéré au terrorisme international, a tenté de renouer avec ses semblables biologiques, ayant certainement compris les dangers de l’enfermement sur soi-même, de l’ultranationalisme délirant, en se faisant recevoir, on peut le dire, au forceps, sur le perron du palais de l’Elysée devant les flash et les caméras du monde, par l’ex Président de la République française, Monsieur Nicolas Sarkozy. C’est un peu là qu’a pris forme, la pomme de discorde entre le Président Sarkozy et son Ministre chargé des Droits de l’Homme d’alors, Rama Yade qui s’était, par des propos vierges de toute ambiguïté, opposée à cette visite. Les jardins de l’Elysée ont été par la suite hérissés de tentes devant recevoir cet être étrange, ce chef d’Etat excentrique, flanqué de ses nombreuses maîtresses déguisées sous le honteux paravent de gardes rapprochées. La suite, on la connaît : toute une kyrielle de contrats juteux signés bradant certainement comme ce fut le cas du démiurge ivoirien, des pans entiers de l’économie libyenne avec à la clé l’achat de plus de vingt-cinq avions de combat rafale à la France. Que retenir donc de cet autre garnement ? Encore un autre apôtre du clientélisme, invétéré flagorneur dissimulant sa nature réelle à ces concitoyens pour mieux les tenir en lisière, les abuser. On crie sur tous les toits son indéfectible attachement au principe du souverainisme et à l’abri de tous les regards, irresponsablement et de façon pathétique, on cède à peu de frais, recroquevillé dans ses petits souliers, toutes les richesses de son pays qu’on dit pourtant défendre. Quelle faillite morale ! Mieux que quiconque, les Présidents Gbagbo et Kadhafi, détiennent par indivis, la palme d’or des chefs d’Etat courtiers de la françafrique.
On peut donc aisément comprendre que ce n’est pas parce qu’ils ont refusé de servir les intérêts français en Afrique et dans leurs pays respectifs qu’ils ont été combattus par la France. Ces monstres au paraître humain, l’ont été simplement pour le très peu de respect qu’ils avaient pour la vie humaine. Le monde entier est informé de l’enfer que Laurent Gbagbo, ses laquais et nervis ont fait subir au peuple ivoirien. Tout y est passé : holocauste, autodafé, inhumation d’individus vivants, fusion de corps des victimes dans de l’acide nitrique, viols, déprédations, usage d’armes lourdes contre des populations civiles…
Concernant l’autre hâbleur, Muammar Kadhafi, son histoire relève du secret de polichinelle. Au milieu des années 1980, le colonel Kadhafi est considéré en Occident comme le principal financier du terrorisme international. En 1986, alors que la Libye est accusée d’avoir participé à des actions terroristes contre des ressortissants américains, le président des États-Unis, Ronald Reagan, fait bombarder les villes de Benghazi et de Tripoli ; le colonel Kadhafi est blessé au cours de ce raid et l’une de ses filles est tuée. L’implication de la Libye dans deux attentats perpétrés contre des avions civils en 1988-1989 lui valent des sanctions internationales sévères à partir de 1992. Et récemment, avant la mort tragique qu’il a connue, il a fait subir un réel martyre au peuple libyen, astreint à vivre au quotidien, sous les bombardements continus et nourris de ses avions de chasse. Nombreux sont les vieillards, femmes, enfants qui ont perdu la vie lors de ces répressions sanglantes conduites par Muammar Kadhafi et ses mercenaires. La France, fidèle à ses principes légendaires de respect et de défense des Droits de l’Homme, sous mandat de l’Onu et de l’Otan, a dû voler, dans les deux cas, au secours de populations complètement désemparées qui ne réclamaient qu’une chose : le droit à la vie. Ce n’est pas la France qui a évincé Laurent Gbagbo et Muammar Kadhafi. Ce sont plutôt les peuples libres et souverains de la Côte d’Ivoire et de la Libye qui ont voué aux gémonies ces satrapes-sanguinaires suite à des élections libres et démocratiques, pour la Côte d’Ivoire, et à une insurrection généralisée, pour la Libye. Malheureusement, comme à leur habitude, la propagande des hagiographes gbagboistes, au moyen de manipulation des consciences, d’affabulations grossièrement montées, veut nous servir autre chose. Mais, cette supercherie, ne passera pas.
Notre cher Docteur, termine son brumeux argumentaire, par une sélection indigeste de fragments de discours du chef de l’Etat, Monsieur Alassane Ouattara, avec pour finalité de le présenter comme le digne continuateur de cette pratique politique, économique initiée depuis des lustres : la françafrique. Ce monde n’est pas voué au hasard. Il y a en toile de fond, une loi d’ordonnancement qui régit tout, qui remonte à l’origine des choses et qui fait des forts et des faibles. Les rapports sont établis de telle sorte que les plus faibles puissent s’accouder aux plus forts et, ainsi, mutatis mutandis, gravir les pentes du développement, du progrès, et peut-être même un jour, opérer un renversement dialectique leur permettant de jouer les premiers rôles. C’est un peu, l’enseignement majeur qui ressort de la dialectique du maître et de l’esclave de Hegel. Les exemples du Japon et de la Chine illustrent bien cette idée. Cette leçon fondamentale de la nature, le Président Ouattara l’a bien cernée et essaie de la mettre en pratique dans nos rapports avec les puissances occidentales. La Côte d’Ivoire ne deviendra une grande nation qu’avec l’aide et l’assistance de ces grandes nations. Cela ne veut pas dire qu’on restera éternellement dans cette posture d’assisté. Il arrivera certainement un jour où notre cher pays pourra voler de ses propres ailes. Pour l’heure, rompre les amarres avec ces géants nous sera fatal. Comprendre cela, c’est faire preuve de sagesse et de réalisme. Maintenant, on n’est pas obligé de partager ma terminologie. Si, conduire son pays avec autant de sagesse et de dextérité, c’est être un françafricain, alors laissons les esprits chagrins continuer leurs sinueuses ratiocinations. D’ailleurs, la politique n’est-elle pas aussi définie comme la saine appréciation de la réalité ? Que Dieu nous garde !
DIARRA CHEICKH OUMAR
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com
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