Twela, située à 40 km au nord de Nouakchott, la capitale mauritanienne, lieu de villégiature hebdomadaire du chef de l’Etat, est sens dessus dessous depuis ce samedi 13 octobre 2012 : l’illustre promeneur y a été blessé ce jour-là par une patrouille militaire qui s’est méprise sur le véhicule selon la thèse officielle.
Le général Mohamed Ould Abdellaziz, président de la Mauritanie, s’est fait tirer dessus en ces lieux. Opéré d’abord dans un hôpital militaire de Nouakchott, il a été en principe transféré hier 14 octobre dans un hôpital français, et ses jours ne seraient plus en danger selon les autorités ; un transfert qui pourrait pourtant faire penser que le tombeur de Maouya Ould Taya serait grièvement atteint plutôt que blessé au bras, quand bien même il se serait adressé à ses compatriotes sur la télévision nationale, couché sur le dos, le corps couvert par un drap jusqu’au cou. A qui aurait profité sa mort ?
Ce coup de feu contre le n°1 de ce pays nous ramène à deux réalités incontournables ou plutôt à deux pistes plausibles :
– primo, l’habitude ancrée de ce mode brutal de dévolution du pouvoir en Mauritanie. Autrement dit, la piste d’un putsch manqué n’est pas à exclure.
En effet, depuis le renversement de Moctar Ould Dadah en 1978, la Mauritanie a eu 7 chefs d’Etat dont 6 le sont devenus par des raccourcis militaires.
Politiquement, la Mauritanie, depuis mars 2007, avait tenté de renouer avec le pouvoir civil et la démocratie par l’élection de Sidi Ould Cheick Abdellahi, une expérience qui a tourné court, puisqu’elle n’aura duré que 11 mois.
Putschiste notoire, le miraculé de Twela est coauteur, entre autres, du coup d’Etat du 3 août 2005 avec son cousin Elly Ould Vall, puis il renversa le président Abdellahi le 6 août 2008 et essaya de se faire absoudre par les urnes en 2009. Las ! Ses adversaires estiment que le pays est sous la coupe du clan des Ould Bebash, la tribu du président, qui profite du fer et de la pêche, les seuls produits d’exportation, que complètent les 10 000 barils/jour du pétrole de Chinguetti.
Si on y ajoute le sempiternel problème identitaire des Négro-Mauritaniens qui, bien que partageant l’islam avec les Maures, ne se reconnaissent pas dans le carcan arabe, prôné par le régime actuel, on voit que le pouvoir de l’actuel homme fort de la Mauritanie n’est pas populaire. Et que dire du dernier recensement électoral, qui a royalement ignoré Noirs, Haratines et assimilés, considérés comme des Mauritaniens de seconde zone ?
– Secondo : les terroristes de tout poil qui écument le no man land sahélo-saharien et à qui la Mauritanie sert souvent de base arrière pourraient ne pas être étrangers à cette tentative d’envoyer le général manger les pissenlits par les racines.
La Mauritanie est en Afrique de l’Ouest ce que l’Ethiopie sous le défunt Meles Zenawi est pour les Américains et les Européens dans la corne de l’Afrique : un pont pour bien mener leur croisade contre le terrorisme. Régulièrement, ce pays est le théâtre d’actes djaïnismes, manifestations de prurit d’un terrorisme dont les tentatules dépassent le cadre de l’Afrique.
Le 17 août 2008, soit 11 jours après son coup d’Etat, Ould Abdellaziz affirmait : « Je promets de lutter contre le terrorisme ». Il a tenu parole, même si les résultats restent mitigés. Est-ce une vengeance de ceux qui veulent créer un Africanisthan ?
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana — L’Observateur Paalga
Mauritanie: blessé par balle et opéré, le président Aziz hospitalisé à Paris
NOUAKCHOTT Nouvel Observateur – Blessé par balle samedi soir lors d’un « incident » impliquant son armée, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été hospitalisé près de Paris pour des « soins complémentaires » après avoir été opéré, avec « succès » selon lui, à Nouakchott.
M. Aziz est un ancien général arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2008, élu président en 2009, qui a fait du combat « anti-terroriste » sa priorité, ordonnant à son armée de mener des raids contre des bases d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Mali en 2010 et 2011. Aqmi a menacé de le tuer.
Le chef de l’Etat mauritanien, 55 ans, a été admis à l’hôpital militaire Percy à Clamart (banlieue parisienne), a indiqué le ministère français de la Défense dimanche en fin d’après-midi.
Il était apparu dimanche matin à la télévision nationale couché sur le dos, le corps recouvert d’un drap jusqu’au cou.
A Nouakchott, des informations non confirmées de médias privés affirmaient qu’il aurait été touché au bras et/ou à l’abdomen.
« Je veux (…) tranquilliser tous les citoyens mauritaniens. Je les rassure que l’opération que j’ai subie hier soir (samedi) a été un succès grâce à l’efficacité de l’équipe médicale », a affirmé M. Ould Abdel Aziz, le visage pâle, mais s’exprimant d’une voix normale.
« Je veux les rassurer sur ma santé après cet incident commis par erreur par une unité de l’armée sur une piste non goudronnée dans les environs de la localité de Tweila », à 40 km de Nouakchott, a-t-il ajouté.
Il a quitté Nouakchott à bord d’un avion médicalisé pour Paris afin d’y être hospitalisé « pour des soins complémentaires », selon une source sécuritaire mauritanienne qui a ajouté que sa vie n’était pas « en danger ».
Interrogé en marge du sommet de la Francophonie à Kinshasa, le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Hamadi Ould Hamadi, a estimé que la situation « n’a rien d’inquiétant », ni pour le pays ni pour le président qui « exerce la plénitude de ses pouvoirs ».
Il a expliqué que le président avait été « touché légèrement » par un « tir » d’une unité de l’armée. « C’est un poste de contrôle de l’armée mauritanienne qui est un poste mobile. Ils n’étaient pas informés de son passage », a-t-il affirmé.
Menacé de mort par Aqmi
Samedi, un responsable sécuritaire mauritanien avait rapporté à l’AFP la blessure de M. Aziz, « légèrement touché au bras par une balle, tirée contre lui par un automobiliste qui l’a directement visé ». Il avait précisé que le président s’était rendu « à pied à l’hôpital militaire où il a reçu les premiers soins ».
Cet hôpital de Nouakchott, devant lequel de nombreux Mauritaniens se sont rassemblés, a été sous surveillance de la garde présidentielle toute la nuit.
C’était le seul dispositif sécuritaire visible jusqu’à dimanche matin dans la ville, où le calme régnait, a rapporté un journaliste de l’AFP.
L’Union pour la République (UPR, au pouvoir) a souhaité « prompt rétablissement » à M. Aziz. Un de ses plus farouches opposants, qui réclame son départ du pouvoir, Jemil Ould Mansour, chef du parti islamiste Tewassoul, lui a également souhaité une « guérison rapide » et « bon retour parmi les siens ».
En dépit des assurances officielles, l’incident suscitait des questions, d’autant que la Mauritanie
(AFP)
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