Jugement du Général Dogbo Blé Un procès qui éclaire sur bien de meurtres
C’est affligeant. Tout simplement. Après le verdict qui condamne le Général Dogbo Blé et ses compagnons d’infortune à quinze ans d’emprisonnement ferme, il n’y a plus de doute à se faire. La Côte d’Ivoire est descendue plus bas que le bas-fond de l’immoral. Excusez du peu ! Au fait, le colonel Dosso Adama est un proche de Dramane Ouattara, le chef de l’Etat ivoirien. Par conséquent, il ne serait faux d’affirmer qu’il a fait parti des officiers qui devaient miner les Forces de défense et de sécurité (FDS) de l’intérieur. Afin de donner le coup de grâce au pouvoir Gbagbo dont la vaillance et la détermination des soldats constituaient l’obstacle majeur pour Ouattara dans sa soif inextinguible du pouvoir.
Le colonel Dosso est convoqué dans la période fatidique de mars-avril 2011 par son mandataire, c’est-à-dire Ouattara à l’hôtel du Golf où ce dernier a pris ses quartiers. Il y est convoyé par voie aérienne par l’Onuci. Après entretien avec son boss, il rentre chez lui par la route. Il est arrêté à un blocus détenu par un groupe de soldats qui relèvent de l’autorité de Général Détoh Létho Firmin, alors commandant de l’armée de terre. Parmi ses ravisseurs, un membre de la garde rapproché de Dogbo Blé, le sergent-chef Lago Noel Léo, principal accusateur du commandant de la Garde républicaine.
Quand bien même les différents témoignages ainsi que la déposition de l’épouse du colonel Dosso disculpent totalement Dogbo Blé et son assistant, le commandant Yagba, le pouvoir Ouattara a trouvé la petite bête sur la tête de ce procès tout à fait chauve. Sans le moindre début de preuve, sans la moindre pièce à conviction, celui que l’on appelle ‘‘le Général Courage’’ est condamné à quinze ans d’emprisonnement ferme. Ce procès, il ne faut pas se le cacher, préfigure déjà du jugement qui attend les autres accusés – politiques comme militaires – encore détenus dans les geôles du régime.
Mieux, il vient jeter une lumière drue sur bien d’assassinats jusque-là inexpliqués. Car l’issue de ce jugement montre clairement que Dosso Adama a été assassiné sur ordre du Golf Hôtel pour ensuite faire porter le chapeau aux empêcheurs de tourner en rond. Et les condamner lourdement ensuite comme ce à quoi l’opinion vient d’assister. Pour bluffer l’opinion, on insère dans le groupe un proche du commandant de la Garde républicaine, en l’occurrence le sergent-chef Lago Léo. Le stratagème, à première vue, semble bien ficelé : primo, Lago Léo est un bété comme Dogbo Blé. Son témoignage ne peut donc pas paraitre clanique ou partisan. Secundo, il est de la garde rapproché du général, donc quelqu’un qui est censé recevoir directement ses ordres du grand chef. Malheureusement pour eux, Lago Léo, avec toute la comédie qu’il jouait lors des audiences, a montré à l’opinion qu’il était plus « un envoyé » qu’un homme qui a commis un meurtre et dont l’avenir est sérieusement compromis. En plus, il a des affinités avec les hommes du Golf, sans oublier que son épouse qui a joué des coudes pour obtenir de lui le rôle qu’il a joué au procès, est la petite cœur à la femme d’un certain Amadou Traoré, conseiller technique d’Alassane Dramane Ouattara.
C’est généralement ainsi qu’a procédé Ouattara et ses acolytes pour salir Gbagbo qu’ils ne voulaient – et ne pouvaient – affronter dans les urnes. Vue le génie politique de ce dernier. On comprend alors mieux aujourd’hui les meurtres du comédien Camara Yèrèfin H, dont la mort en 2003 avait servi de prétexte pour paralyser toute la commune d’Abobo. Dr Dakoury Tabley Benoît, le frère cadet du N°2 de la rébellion de septembre 2002, Dakoury Tabley Louis André, est assassiné dans des conditions les plus obscures. A cette époque, toute la Côte d’Ivoire a appris par le journal du RDR, Le Patriote, qu’un groupe de tueurs que le quotidien a baptisé Escadron de la mort régnait en maitre sur la capitale économique ivoirienne. Ces fameux escadrons de la mort avaient semé la psychose au sein des populations, effrayé les investisseurs, paralysé quelquefois l’école, le commerce, etc. Par les nombreux meurtres qu’ils commettaient. Les victimes devaient surtout provenir du camp RDR ou toute personne susceptible de sympathiser avec le RDR. Cela, pour faire croire à l’opinion que c’est Gbagbo qui tuait les partisans de Ouattara.
En fait, il fallait, à défaut d’avoir la tête de Gbagbo, empêché le bon fonctionnement de l’Etat. Il fallait saboter les fondements de l’économie. Il fallait « tout gnangan mi » conformément à la volonté d’Alassane Ouattara. Ainsi meurtres on servi de prétexte pour salir le pouvoir de Gbagbo et dans le même temps à faire le lavage de cerveau des ressortissants du nord acquis à la cause de leur mentor. La suite, on la connait. C’est dans cette logique, c’est-à-dire tuer et faire porter le chapeau à l’autre, que le Général Dogbo Blé vient d’être condamné. Cela dit, on attend les enquêtes sur les meurtres des colonels Babri Gohourou, Dali Oblé, dagrou Loula, Ahouman Nathanael, les commissaires Amani Kouamé Alain, Koné Yacouba, les ministres Boga Doudou, Désiré Tagro…
Pascal Bellasset
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