Côte d’Ivoire: un rapport de l’ONU riche en révélations
Par RFI
Information exclusive : RFI a pu se procurer un rapport confidentiel du groupe d’experts des Nations Unies sur la Côte d’Ivoire. Celui-ci doit être débattu, dans les prochains jours, au Conseil de sécurité de l’ONU. Ce rapport intermédiaire de 26 pages est explosif tant il paraît accablant pour les leaders pro-Gbagbo en exil en Afrique de l’Ouest.
Les enquêteurs des Nations unies ne dédouanent pas les autorités ivoiriennes de certaines violations de l’embargo comme, par exemple, des munitions vendues au Burkina Faso et qui avaient pour destination finale la Côte d’Ivoire. Abidjan a aussi importé des équipements radio, des couteaux de combat et des uniformes, sans avertir le comité de sanctions.
Le rapport dénonce un complot de la part des pro-Gbagbo
Cependant, c’est surtout pour les leaders pro-Gbagbo, en exil en Afrique de l’Ouest, que ce rapport est accablant. Ceux-ci clament régulièrement que la lutte armée ne fait pas partie de leur philosophie et pourtant, d’après les cinq experts de l’ONU, plusieurs dignitaires de l’ancien régime continuent d’organiser la déstabilisation de la Côte d’Ivoire.
Ainsi, on peut lire dans ce document que, le 12 juillet dernier, une réunion s’est tenue à Takoradi, au Ghana, où trois groupes d’exilés -composés, chacun, de militaires et de civils- ont décidé d’unir leur force et de définir ensemble une stratégie pour reprendre le pouvoir à Abidjan. Ainsi (sans que cela soit exhaustif), l’ex-directeur du port d’Abidjan, Marcel Gossio, le pasteur Moïse Koré, Charles Blé Goudé, Justin Koné Katinan ou encore la seconde épouse de Laurent Gbagbo, Nady Bamba, soutiendraient politiquement et financièrement les opérations armées menées depuis le Ghana et le Liberia.
Des rapprochements inattendus
Plus étonnant encore, toujours selon ce rapport, une connexion a été établie ces derniers mois entre ces exilés ivoiriens et la junte malienne, mais aussi avec les jihadistes d’Ansar Dine. L’objectif des militaires et des islamistes maliens étant de compromettre, à tout prix, les actions de la Cédéao et de son président en exercice, afin de stabiliser le Mali.
Un ennemi commun peut susciter des rapprochements inattendus : voilà l’une des observations que l’on peut tirer de la lecture de ce rapport. Selon les informations des experts des Nations unies, fin juin 2012 s’est tenue, dans un camp militaire de Bamako, une réunion entre cinq membres de la junte malienne -dont le capitaine Sanogo- et deux envoyés de Damana Pickass – un leader de la galaxie patriotique ivoirienne aujourd’hui réfugié au Ghana.
Durant cette rencontre, les militaires maliens auraient souligné à leurs deux visiteurs -le lieutenant Diby, plus connu sous le nom de « Sandokan », et un certain Monsieur Fofana- leur intérêt à soutenir des opérations de déstabilisation qui compromettraient les efforts de la Cédéao et de son président en exercice -en l’occurrence, le président ivoirien Alassane Ouattara.
Pro-Gbagbo, la junte malienne et Ansar Dine
Plus surprenant encore, ces deux Ivoiriens ont, selon les enquêteurs de l’ONU, rencontré un représentant des islamistes d’Ansar Dine à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal. Objet de la discussion : la mise en œuvre d’une possible coopération future -notamment via la mobilisation de mercenaires- en vue de menacer la paix et la sécurité dans la sous-région. A ce sujet, des SMS interceptés en août -trois jours après l’attaque du camp d’Akouedo- sont éloquents.
Un homme, qui a manifestement combattu pour l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara avant de rallier l’opposition armée, fait ici état d’un nouveau genre d’action militaire des forces islamiques et touaregs. Celui-ci évoque notamment une rencontre discrète entre un mystérieux colonel ivoirien et des jihadistes.
Source: RFI
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