Nigeria: des traders suisses cités dans le détournement de l’argent du pétrole

agenceecofin.com

La commission d’enquête du Sénat nigérian sur le détournement de l’argent du pétrole (7 milliards de dollars entre 2009 et 2011) a fait un détour inattendu par Genève où se concentre une part majeure du négoce international de pétrole.

Certes la compagnie pétrolière nationale nigériane NNPC, dont l’ensemble des dirigeants a été limogé en juin dernier, reste le premier acteur de ces détournements, mais il semblerait que les auteurs de ces malversations aient bénéficié d’une complaisance, si ce n’est d’une complicité, de la part de certaines sociétés suisses de trading.

LE RAPPORT DU SÉNAT NIGÉRIAN EST TÉLÉCHARGEABLE ICI (210 pages, 1600 k)

Les enquêteurs ont en effet identifié 15 intermédiaires au bénéfice d’une autorisation de la Banque centrale nigériane pour des transactions en devises qui n’ont « importé aucun produit pétrolier » sur la période. Selon le rapport d’enquête, ces intermédiaires « devraient être signalés aux agences anti-corruption afin de vérifier comment ils ont utilisé ces devises ». Ce serait notamment le cas d’une filiale locale du trader Tridax Energy SA pour un montant de de 15,9 millions de dollars.

Le rapport se penche surtout sur les pratiques des deux grands traders Vitol et Trafigura qui auraient contribué à une « activité commerciale illégale et massive » : leurs tankers jetaient l’ancre juste à la limite des eaux territoriales et les barges des distributeurs nigérians de carburant faisant l’aller-retour vers la côte. Ce manège permettait de traiter l’affaire en devises et d’économiser les taxes portuaires. Aux enquêteurs, les traders ont d’abord évoqué « un niveau des eaux trop faible pour accoster » avant de reconnaître s’être « pliés aux exigences de leurs clients. »

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