Il a de la superbe, le procureur militaire. Quand Kessy Kouamé Ange Bernard est en train de s’expliquer sur les meurtres présumés des Dogbo Blé, Séka Séka, Guiai Bi Poin, etc., on croirait à un homme qui maitrise tellement son dossier que l’issue ne peut être qu’en la faveur du jugement – d’emblée juste – qu’il va prononcer. A la pratique, l’homme n’est qu’un chantre de ce qu’un confrère a appelé « la justice vuvuzela ». Du bruit, beaucoup de bruits, pour rien ! Hier Kessy Kouamé a montré sa véritable force de frappe au pied du mur : elle est sensiblement égale à zéro. Le jeune avocat du nom de Gohi Bi qui faisait office de Défense a démontré des failles dans la procédure d’inculpation des officiers supérieurs de l’Armée ivoirienne aujourd’hui aux mains d’individus dont le passé est d’une noirceur à faire pâlir les Khmers rouges cambodgiens. Comment expliquer en effet que des militaires qui sont entre les griffes du pouvoir depuis un moment déjà, le procureur militaire ne puisse pas conduire le dossier selon les procédures légales en vigueur au point de venir se faire contrarier à l’ouverture du procès par un avocat ? Les débats ont été reportés pour ce matin, question pour l’Accusateur Kessy Kouamé et le Défenseur Gohi Bi d’affûter davantage leurs arguments. La nuit porte conseil, n’est-ce pas ? Ce vice de procédure augure déjà de l’issue des débats. Même si Kessy Kouamé nous a déjà prévenus qu’il jetterait ces valeureux officiers derrière les barreaux pour le restant de leur vie. Mais ce qui choque les Ivoiriens au-delà de toute considération, c’est que c’est ce même Kessy Kouamé qui était procureur militaire sous Gbagbo et qui subissait, en même temps que Dogbo Blé, Séka Séka ainsi que tous les autres militaires ivoiriens, les assauts répétés des rebelles d’alors. Il en sait donc beaucoup sur les vrais auteurs des crimes qu’il reproche aujourd’hui à ses compagnons de galère d’hier. Pourquoi, s’efforce-t-il alors à leur faire porter le chapeau ? Mystère et boule gomme. L’ex-ministre de la Défense, Alain Dogou, n’avait-il pas dit, dans une contribution, que les enquêtes sur l’assassinat du ministre Boga Doudou avaient été bouclées ? Qu’attend donc Kessy Kouamé pour remettre ce dossier sur la table, lui si attaché à l’impunité au sein de l’Armée ? Vous avez dit justice vuvzela ?
Pascal Bellasset
Aujourd’hui
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