Ghana-Côte d’Ivoire Les pro-Gbagbo posent-ils problème ?

Photo: WK

Depuis la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011, les nouvelles autorités ivoiriennes et leurs homologues du Ghana ont fait des efforts, pour que les rapports entre les deux pays limitrophes ne soient pas affectés par les contingences politiques du moment. Mais cet objectif est visiblement plus difficile à atteindre. Mieux, si l’on s’en tient au climat qui règne actuellement entre Abidjan et Accra, on est obligé d’admettre qu’au stade où on en est, c’est même un échec. En effet, Côté ivoirien, les autorités qui ont jusque-là ont vu avec une certaine méfiance l’accueil par le Ghana des anciens proches de Laurent Gbagbo, se trouvent relativement renforcées par les dernières attaques à la frontière entre les deux pays, et dont les auteurs seraient venus de l’autre côté du tracé. En face, les dirigeants ghanéens dont la sympathie pour l’ancien leader du FPI est notoirement connue, voudraient user de l’argument de l’indépendance du système judiciaire, pour se soustraire aux accusations venant d’Abidjan. Mais leur position est d’autant plus délicate que les refugiés ivoiriens ne sont pas tous des enfants de chœur… 0:48 28-9-2012

La position actuelle du Ghana ressemble bien à celle où se trouverait un élève pris en flagrant délit de fraude, au cours d’un examen de passage, et qui userait de tous les moyens en sa possession pour se défendre.

Comme ce dernier, les déclarations de bonne foi que les autorités ghanéennes tentent d’opposer aux accusations d’Abidjan, ont en effet du mal à convaincre l’opinion. Surtout qu’en ce qui concerne l’attaque de Noé, les enquêtes préfigurent une piste venant des camps de réfugiés situés sur le territoire ghanéen. Si une telle présomption venait à être confirmée par une enquête indépendante, le Ghana pourrait être confondu. Parce que dans ce cas, l’argument selon lequel les assaillants auraient échappé à la vigilance des services de sécurité de leur pays d’accueil, serait tout simplement…  »pathétique ».

Justement, le péché que semble commettre le Ghana réside dans la liberté de ton et d’action qu’il concède aux refugiés ivoiriens. Dans le contexte de la crise post-électorale 2011, beaucoup de proches de l’ancien président ivoirien avaient eu raison de fuir le pays. En les accueillant, le Ghana n’aura posé qu’un acte humanitaire destiné à offrir l’hospitalité à des personnes dont la vie était menacée.

De ce point de vue, l’attitude du Ghana n’a rien de condamnable. Mais en contrepartie et pour des raisons de realpolitik, les autorités ghanéennes auraient pu et dû exiger des réfugiés qu’ils soient moins revanchards. Ou tout au plus qu’ils s’abstiennent de toutes initiatives pouvant nuire à Abidjan. Cela, John Atta-Mills et son successeur potentiel ne semblent pas s’en être souciés. C’est à croire que tous les deux n’ont pas été capables de se mettre au-dessus des préférences qu’ils avaient eues pour l’actuel pensionnaire de la Cour de La Haye.

Le problème c’est que certains refugiés abusent de cette largesse que leur concèdent allègrement et subtilement les dirigeants ghanéens. Refusant obstinément d’admettre leur défaite et, en combattants mués en refugiés, ils caressent paradoxalement le rêve de partir de leur pays d’asile pour administrer à Alassane Ouattara et aux siens la correction qu’ils  »méritent ». Des velléités qui mettent le Ghana dans une mauvaise posture. Alors qu’avec la décision que la justice avait rendue le 25 septembre dans l’affaire Justin Koné Katina, le Ghana avait presque réussi la porte de sortie honorable.

A moins que derrière tout cela ne se cache un jeu de leadership sous-régional et de sourdes rivalités engendrées par … le cacao, dans une espèce de guéguerre économique qui ne dit pas son nom et qui n’a pas dit son dernier mot!

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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