Par RFI
Le Mali était au coeur des discussions à New York en marge de l’assemblée générale hier, mercredi 26 septembre. Le principe d’une force d’intervention contre les groupes islamistes du Nord est désormais acquis. Le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra en a fait la demande formelle. C’était une étape essentielle, mais ça ne veut pas dire que l’envoi d’une force sous l’égide de l’ONU est effectif. Le processus devrait prendre encore plusieurs mois avant que des soldats ouest-africains puissent fouler le sol malien.
Prochaine étape : la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. C’est en effet aux quinze membres de donner leur feu vert à une intervention militaire sous l’égide des Nations unies. Au plus tôt, cette réunion pourrait être convoquée la semaine prochaine. Mais il faut avant que la résolution qui sera soumise au vote soit finalisée.
Le texte est rédigé par un pays membre permanent du Conseil, mais il manque encore des précisions sur le mandat de la force qui sera déployée, sur les contingents envoyés, et sur le financement. Jusque-là, les prévisions budgétaires ont été jugées démesurées. On ne sait pas encore quels pays non plus sont prêts à fournir des hommes. Ni quelle partition les partenaires hors Cédéao, tels que l’Algérie ou les Occidentaux, sont prêts à jouer pour venir en appui aux troupes ouest-africaines. A New York, le président français a souhaité que dans les prochaines semaines, la définition de la force africaine soit bouclée.
De quatre à six mois
Une fois définie, la Micema devra être mise sur pied concrètement. Quand il s’agit d’une mission purement onusienne telle que celles déployées en Côte d’Ivoire ou en République démocratique du Congo, il faut en général un délai de trois mois entre le vote de la résolution et l’intervention proprement dite. La Cédéao, moins rodée que l’ONU, devrait en toute logique avoir besoin de plus de temps. De source proche du dossier, on évoque un délai minimum de quatre à six mois pour l’arrivée de la force ouest-africaine au Mali. A moins que la Cédéao tienne aussi à remettre à flot l’armée malienne, censée intervenir en première ligne dans le Nord. Ce qui pourrait prendre, selon certains experts militaires, au moins un an.
Les habitants du Nord restent sceptiques
« Enfin, le monde s’intéresse à nos problèmes ». Pour Abdehramane Maiga, directeur d’école à Gao, ça n’est pas trop tôt. Il attend avec impatience l’arrivée de troupes de la Cédéao et ne comprend pas l’appel à la prudence lancé par secrétaire général de l’ONU. « Je ne vois pas comment le secrétaire général des Nations unies, qui conseille la prudence, peut regagner l’intégrité territoriale du Mali. Il faut que tout le monde prenne la chose au sérieux. La Chine et la Russie doivent aider la France pour qu’une résolution ferme soit adoptée au Conseil de sécurité. »
Mais pour une partie des populations du nord du Mali, la négociation reste en revanche la meilleure des solutions. Pour cet élu de la région, les conséquences d’une intervention militaire seraient dramatiques : « On est très inquiets parce que si on parvient à une force internationale au Mali, ça va avoir beaucoup de conséquences sur les populations innocentes qui ne sont en rien (engagées) dans cette chose-là, et ça va créer le désordre dans tout le Nord. Ça ne serait pas si facile de gagner ce combat avec des gens bien préparés, et ça serait très long. »
Intervention militaire ou pas, même au sein du Coren, le collectif des ressortissants du Nord, basé à Bamako, cette question fait débat.
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