Il y a une voix qui devient de plus en plus stridente et ennuyeuse pour les autorités ivoiriennes. C’est celle de la mère de Michel Gbagbo, Jacqueline Chamois dont les échos de la voix sont si forts et persiflants qu’ils ne laissent personne indifférent. Convaincu du fait que son Michel est un prisonnier d’opinion, la Française bon teint, s’est engagée sur tous les fronts, pour la libération du fruit de ses entrailles, incarcéré depuis bientôt 18 mois à Bouna, au Nord-Est de la Côte d’Ivoire. Toutes les occasions étant bonnes pour se faire entendre, elle a profité du 43e anniversaire de Michel pour lancer une pique ou du moins, faire un plaidoyer. Elle a déclaré que son enfant est détenu dans une prison infestée de scorpions et de serpents avant de demander qu’il soit transféré en France, à cause de ses problèmes de santé.
Avec ses arguments fantomatiques, elle veut faire comprendre à la communauté internationale, et particulièrement à la société française, où de nombreuses personnes ont encore une vision passéiste de l’Afrique, que son fils sert de « souper » aux moustiques, aux scorpions et même aux serpents. Que la prison de Bouna est un lieu exécrable de détention où l’état de santé de son garçon peut se dégrader d’un moment à un autre. C’est comme si elle voulait mettre la société française en émoi et l’amener à pendre fait et cause pour son fils, comme l’ont déjà fait des parlementaires de haut niveau.
Eux, au moins, pourraient débouler, par dizaines, voire des centaines, dans les rues de la capitale, avec des pancartes appelant à la libération de Michel Gbagbo. On se souvient que désespérée et désillusionnée sous l’ère de la droite, elle avait fini par lancer que son fils était l’otage de Sarkozy. En lâchant cette terminologie « otage » qui donne du tournis aux Occidentaux, elle avait espéré une mobilisation de bon nombre de ses concitoyens autour de son fils. Comme cela se passe pour ses compatriotes pris en captivité dans le Sahel et ailleurs dans le monde.
C’est vraisemblablement dans cette dynamique que la très « bonne dame », sensible au malheur de son rejeton, a récidivé avec un langage qui charrie une certaine forme d’acrimonie. L’objectif étant de pousser le gouvernement de Jean Marc Ayrault à s’investir sérieusement dans le dossier en vue de favoriser son transfert. Le problème, c’est que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Le cas de Michel Gbagbo est, on ne peut plus, complexe que ne le laisse croire sa tendre et bienveillante génitrice. Le sang vermeille de son père, Laurent, a fait de lui ce qu’il est.
Un activiste politique devenu, entre temps, enseignant qui, malgré tout, était en contigüité avec les leaders frontistes, notamment les leaders de la galaxie patriotique. En affectant d’être obséquieux avec lui, on peut dire que la bouche de ces derniers a creusé une excavation dans laquelle il s’est engouffré. D’où le fait qu’il ait été accusé, au même titre qu’une dizaine de personnalités de l’ancien régime, pour atteinte à la sûreté de l’Etat, constitution de bandes armées et de rébellion. A moins d’un cataclysme ou d’un retournement spectaculaire de situation, on voit mal comment il pourrait échapper à la justice ivoirienne. Cela est d’autant vrai que son cas est semblable, dans une moindre mesure, à celui d’un autre, Michel Thierry Atangana, un Franco-camerounais, éclaboussé par une rocambolesque affaire de détournement de 350 millions de F CFA et de tentatives d’escroquerie de 59 milliards de F CFA.
Mine de rien, cela fait 15 ans que le sieur Atangana brûle dans les geôles camerounaises, sans véritable espoir. Les autorités françaises ayant déclaré que leurs actions s’inscrivent dans le cadre du droit international qui proscrit toute ingérence dans le fonctionnement de la justice du Cameroun, en raison du principe de souveraineté des Etats. Comment pourrait-il donc en être autrement en Côte d’Ivoire avec le cas Michel Gbagbo ?
Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)
Sidwaya
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