Depuis Paris, Gadji Céli: « La vérité sur mon exil… »

Soir info par JFK

Ceux qui avaient caressé le rêve de voir Gadji Céli revenir en Côte d’Ivoire, doivent déchanter. Ce n’est pas maintenant que le King reviendra. Car l’artiste qui nous a fait parvenir une copie de sa conférence e-débat sur Abidjan. Net, il y a quelques jours, n’entend pas remettre les pieds ici tant qu’il estimera que sa sécurité n’est pas garantie. Il est même persuadé que personne ne l’aime en Côte d’Ivoire et que quelque chose se trame contre sa personne. Gadji laisse éclater sa colère et même parfois ses émotions. Il dit tout : Ses rêves d’enfant qu’il a pu réaliser, sa rancœur contre certains artistes. Morceaux choisis de l’entretien qu’il a eu avec les internautes.

 »Je voulais réaliser mes rêves »

 »J’avais deux rêves d’enfance que je devais réaliser. Le foot et la musique. J’ai d’abord choisi le foot parce que je me suis dit que la durée de vie dans le football, est de 35 ans alors que la musique, elle, on peut la faire jusqu’à 100 ans. Je voulais être un grand footballeur. Je l’ai été dans mon pays, je l’ai été en Afrique. Je voulais être un grand chanteur. Je le suis dans mon pays. Je le suis en Afrique. Tous ceux que j’ai côtoyés dans mon enfance et même parmi les Éléphants, lorsque je jouais encore, savaient que j’allais être un grand chanteur ».

 »Les artistes sont divisés. La réconciliation n’est pas possible »

‘’Quand la Côte D’Ivoire a été attaquée en 2002, j’ai été le premier artiste de ce pays, qui a réuni tous les artistes de toutes les confessions, de toutes les ethnies pour faire une tournée qu’on a appelée,  »Les Sillons de la Paix’’. Plus de six cent artistes venus d’horizons divers, du Nord au Sud, de L’Est et de L’Ouest ont participé à cette tournée. Cette tournée qui a débouché sur la Flamme de la Paix ». La Réconciliation Nationale a suivi jusqu’à ce que la situation s’envenime à nouveau. Les démons de la division sont revenus. Les fils de la Côte d’Ivoire ont décidé de se battre entre eux. Nous les artistes n’avons pas été écoutés. Nous avions prédit ce qui allait se passer. A partir du moment ou les artistes de Côte d’Ivoire sont divisés, il est difficile pour la Culture d’apporter sa contribution à la Paix. Je n’ai donc pas de projet immédiat par rapport à la réconciliation. On ne m’a jamais permis d’aller au bout de ce qu’on m’a demandé de faire. Aujourd’hui, je ne fais qu’observer…Pour aller à la réconciliation, il faut qu’on se pardonne. J’en veux d’ailleurs à beaucoup d’artistes, qui au lieu de penser à la réconciliation, pensent plutôt à leurs ventres ».

 »Pourquoi je suis en exil »

‘’Je ne peux pas choisir de m’exiler pour mon propre plaisir. Moi, j’étais en France lorsque je jouais encore au Football, quand j’ai eu ma carte de résident pour une durée de dix ans. Je suis retourné au pays parce que la Côte d’Ivoire, c’est ma vie. J’aime mon pays. Je suis venu en exil parce qu’il y avait une insécurité totale après la crise post -électorale en Côte d’Ivoire. Je voudrais dire aux Ivoiriens, que j’ai passé dix jours à Abidjan, après l’arrestation du Président Gbagbo . J’ai été menacé de mort, c’est pourquoi je suis parti. La situation était devenue vraiment intenable pour moi et pour mes proches. On me menaçait de partout. Et quand j’ai quitté le pays, les gens n’ont pas attendu pour me suspendre de mes fonctions. Au Ghana où j’étais en contact avec le Conseil d’Administration, j’avais délégué mes pouvoirs à Arantes et à Souané. Ce sont eux qui devaient assurer l’intérim. Je me suis dit qu’on n’avait plus besoin de moi. A l’Unartci aussi, ils ont vite fait de me remplacer. Là aussi j’étais au chômage. J’essaie donc de travailler ailleurs , en vendant mes œuvres, pour vivre décemment et m’occuper de ma famille. Mon compte bancaire a été gelé, je ne sais pas pourquoi. Mon domicile a été occupé pendant trois semaines.  »

 »J’ai choisi de sauver ma vie au profit de ma carrière… »

: » C’est dommage qu’en Côte d’Ivoire, on ne respecte pas les symboles. Que devais faire ? Les gens auraient préféré que je me fasse tuer?Il me fallait partir. Ma carrière ne dépendra que de mes inspirations. Si mes fans aiment toujours mes chansons, ma carrière sera toujours au top.  »

 »Revenir en Côte d’Ivoire ? Non merci »

 » L’on me pose la question de savoir pourquoi je ne reviens pas. Je ne reviens pas parce que je n’ai aucune garantie concernant ma sécurité. Si je n’ai pas la certitude que ma sécurité sera garantie, je ne reviendrai pas. Il faut qu’on m’explique pourquoi j’ai été suspendu de mes fonctions. Si je finis de comprendre cela, je reviendrai.  »

 » Alpha Blondy et Meiway ne sont pas là pour la réconciliation »

 » Tiken Jah m’a rencontré et m’a demandé de rentrer. Il m’a dit : » Je vais voir des personnes et je te recontacte.  »J’attends toujours. Antoinette Allany m’a rencontré avec Yvie. Il y a A’salfo qui était en pourparlers avec moi. A’salfo voulait que je vienne jouer au Femua. J’avais donné mon accord. Vous savez ce qui a suivi après. Pendant que je discutais avec A’salfo, Meiway est venu me voir pour me dire qu’il veut me faire rentrer en Côte d’Ivoire. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème. C’était une bonne chose de voir tout ce monde désireux de me faire rentrer. Et c’est le même Meiway ( il monte la voix) qui lit un communiqué pour dire qu’il y a eu cinq milliards Fcfa qui ont disparu des caisses du Burida, on doit donc arrêter Gadji et Baroan son Directeur Général. Comme si depuis 1976, moi j’étais au Burida. J’ai demandé à A’salfo :  »Tu penses que tu peux vraiment me faire venir en Côte d’Ivoire ? Vas voir ceux que tu dois contacter et reviens me voir. » Je lui ai dit que le problème était trop lourd pour lui. Alors, il doit laisser tomber. J’ai parlé à Meiway, je lui ai dit ce que je pensais de lui.  »Tu ne peux pas me dire que tu vas me faire venir en Côte d’Ivoire et chercher à me faire arrêter. Ce n’est pas cela la réconciliation. » Alpha Blondy dit à la télé qu’ils seront tous arrêtés. Lui, Alpha, il veut faire arrêter des artistes Ivoiriens ? C’est au contraire lui qui doit plaider leur cause. »

 » Pourquoi j’ai soutenu Gbagbo… »

‘’Je suis un citoyen libre comme tout le monde et j’ai le droit de choisir un candidat. J’ai soutenu Gbagbo parce qu’il a fait beaucoup pour les artistes. Il a donné le Burida aux artistes, et surtout, nous avons lutté contre la piraterie. Oui, je l’ai soutenu. Mais personne ne m’a demandé pourquoi j’ai soutenu Houphouët quand Gbagbo était dans l’opposition. Il nous faut dépasser tout cela maintenant. On me parle de réconciliation alors que nous ne sommes pas prêts à oublier ce qui s’est passé. Pendant la crise, ma maison était le Boulevard Giscard d’Estaing. Les artistes de tous les bords politiques étaient chez moi jusqu’à des heures indues. Je rendais service à tout le monde. C’est moi-même qui leur demandais pardon en leur disant : » Rentrez chez vous, je vais dormir »  ».

 » Je ne me reproche rien… »

‘’Lorsque le ministre Bandaman Maurice est arrivé à Paris, je lui ai demandé ce qu’on me reproche au juste ? Il m’a dit exactement ceci :  » On ne te reproche rien ». Je lui ai donc dit d’aller réparer l’erreur commise par le Conseil de Gestion du Burida. Moi je demande aux gens de me laisser tranquille. Laissez- moi tranquille (il a l’air triste). Laissez-moi en paix ! Laissez Gadji Céli en paix ! J’ai tout perdu dans ma vie. Tout ce que j’ai gagné à la sueur de mon front, je l’ai perdu. Oui, j’ai tout perdu dans ma vie. Je ne me reproche rien. La vérité éclatera un jour »

 » Je vais prendre des avocats »

 » Je prendrai des avocats pour savoir pourquoi j’ai été démis de mes fonctions. Le Burida qui fait du social me doit cinq mois de salaire. Au moins, on peut me faire parvenir cela par la Sacem. Si je meurs de faim, alors qu’on ne peut pas me payer mon salaire, vous allez venir à mes funérailles pour verser des larmes. Les artistes qui gèrent aujourd’hui le Burida , c’est une honte.L’Etat avait donné le Burida aux artistes et ce sont eux qui ont redonné le Burida à l’Etat, à travers ce Comité de Gestion.  »

JFK

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