L’ancien patron du groupe pétrolier français Elf, Loïk Le Floch-Prigent, a été arrêté samedi matin à Abidjan, où il est entendu par la police ivoirienne dans le cadre d’un mandat d’arrêt international délivré par la justice togolaise dans une affaire d’escroquerie.
« Loïk Le Floch-Prigent est entendu en qualité de témoin à Abidjan dans une affaire togolaise, à laquelle il se sent parfaitement étranger et qui, ces derniers jours, a pris au Togo un caractère éminemment politique parce que d’autres personnes sont impliquées », a indiqué à l’AFP son avocat français, Me Patrick Klugman.
A Abidjan, le substitut du procureur de la République, Noël Djé, a simplement indiqué que M. Le Floch-Prigent était toujours entendu par la police samedi en fin d’après-midi et qu’il n’avait pas encore été présenté à un magistrat.
L’ambassade de France en Côte d’Ivoire n’était pas disponible pour commenter cette information.
Selon une source proche du dossier en France, M. Le Floch-Prigent, qui aura 69 ans la semaine prochaine, a été arrêté alors qu’il se trouvait sur un vol Air France en vertu d’un mandat d’arrêt international lancé par les autorités judiciaires togolaises dans une affaire d’escroquerie.
Contactée par l’AFP, une source judiciaire togolaise proche du dossier a confirmé qu’un mandat d’arrêt international avait été lancé dans une affaire d’escroquerie. « La procédure judiciaire enclenchée depuis quelques jours dans cette affaire suit normalement son cours », a ajouté cette source.
« Nous pensons qu’il se trouve l’otage d’enjeux internes au Togo qui le dépassent largement », a estimé Me Klugman.
« Nous sommes très inquiets de son état de santé car il doit subir une intervention médicale importante à Paris la semaine prochaine, prévue de longue date », selon l’avocat.
« Nous pensons que la seule issue de ce dossier, c’est que M. Le Floch-Prigent puisse rentrer (en France) aussi vite que possible pour être soigné et qu’il puisse s’expliquer en France et ainsi bénéficier de toutes les garanties judiciaires et sanitaires », a conclu l’avocat.
escroquerie « à la nigériane »
L’arrestation de M. Le Floch-Prigent serait liée à celle d’un ancien ministre togolais de l’Administration territoriale, Pascal Bodjona, inculpé le 12 septembre dans le cadre d’une affaire « d’escroquerie internationale », qui oppose un homme d’affaires togolais, Bertin Sow Agba, à un homme d’affaires émirati, Abbas El Youssef.
L’homme d’affaires émirati a porté plainte contre M. Agba, l’accusant d’avoir organisé un réseau pour lui soutirer la somme de 48 millions de dollars US. Les membres de ce réseau lui auraient fait croire qu’ils avaient une fortune de feu le président ivoirien Robert Gueï, estimée à 275 millions de dollars US et bloquée sur un compte en banque au Togo.
Abbas El Youssef a accusé dans les médias togolais MM. Agba, Bodjona et Le Floch-Prigent d’être les cerveaux de cette affaire, qui rappelle les arnaques dites « à la nigériane », qui circulent sur internet.
Loïk Le Floch-Prigent a été nommé dans les années 1980 à la tête des plus grandes entreprises françaises, notamment le géant pétrolier Elf entre 1989 et 1993. Il avait été condamné en 2003 à 5 ans de prison dans l’affaire Elf, qui lui avait valu de passer environ deux ans derrière les barreaux pour des malversations financières.
Le groupe français Total avait acheté Elf en 1999, devenant ainsi le 4e groupe pétrolier mondial et 3e d’Europe.
M. Le Floch Prigent est aujourd’hui consultant dans le pétrole, comme il l’avait expliqué en août à une journaliste de l’AFP: « Quinze jours par mois à Brazzaville, Abidjan, Addis Abeba et Dubaï, les quinze autres jours à Paris avec des voyages en Italie et dans les pays d’Europe de l’Est ».
Il venait de publier un roman policier, rédigé en prison, dont l’action se déroulait en Bretagne (ouest de la France), sa région d’origine.
ABIDJAN (AFP)
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