Vrai faux complot ? Le gouvernement ghanéen déshabille le régime Ouattara

6 milliards de FCFA pour piéger des militaires exilés. Le cerveau du coup présenté à la justice ghanéenne. Les révélations du ministre de l’Information du Ghana.

Les autorités ghanéennes ont décidé d’ouvrir la boite à secrets et de révéler les moindres détails d’une monstrueuse machination entre le régime Ouattara et un homme d’affaires ghanéen d’origine nigériane au profil douteux, visant à faire impliquer des personnalités politiques et militaires en exil dans une fausse tentative de coup d’Etat. Lundi dernier, le vice-ministre de l’information, Samuel Okudzeto Ablakwa, a animé une conférence de presse à Accra pour mette à nu l’affaire.

Le cerveau du faux complot éventé par les autorités ghanéennes est le nommé Prosper Tao Tsikata. A 52 ans, il est le patron d’une société de sécurité au Ghana et aussi un agent au service du régime Ouattara. Il a été finalement mis aux arrêts par les services de renseignements ghanéens du Bureau national of investigations (BNI), l’équivalent de la Dst en Côte d’Ivoire, depuis le vendredi 13 juillet 2012, en raison de sa forte implication dans le faux complot, ayant occasionné l’arrestation du Colonel Katé Gnatoa. Et plus tard, l’extradition spectaculaire du ministre Lida Kouassi du Togo vers la Côte d’Ivoire.

Selon l’information que l’infortuné escroc, Tsikata, a livré aux renseignements généraux ghanéens, c’est 12 millions de dollars US, environ 6 milliards de FCFA, qu’il exigeait des autorités ivoiriennes pour la réussite du faux complot, devant aboutir à l’arrestation de plusieurs militaires en exil au Ghana.

Finalement, ce dernier a reçu une avance de 12 000 dollars US, soit environ 100 millions de FCFA, pour livrer l’enregistrement vidéo du colonel Gnatoa et l’emmener dans un guet-apens. Sa mission a été d’appâter des militaires en exil au Ghana dans une vraie fausse affaire de préparation de coup d’Etat, à laquelle la plupart des militaires ont refusé de prendre part. C’est cette rocambolesque affaire qui a entraîné l’arrestation du Colonel Katé Gnatoa dans des conditions claires-obscures.

Lundi dernier, face à la presse, le viceministre de l’Information ghanéenne, Samuel Okudzeto Ablakwa, a détaillé cette scrabreuse affaire. Un complot monté de toutes pièces, avec le soutien du régime Ouattara, par Prosper Tao Tsikata, d’origine nigériane qui a pu acquérir la nationalité ghanéenne. Et qui est trempé depuis 2007 dans des affaires sales, selon Samuel Okudzeto Ablakwa, Vice-Ministre de l’Information.

Selon ses explications, le nommé Prosper Tao Tsikata, qui se faisait passer pour un influent officier de l’armée ghanéenne à la retraite, a attiré le Colonel Gnatoa et d’autres éléments des ex-FDS dans un piège savamment ourdi dans le but de les livrer au régime Ouattara, moyennant une forte rançon.

«Les vidéos de cette machination montées au bureau du pseudo militaire homme d’affaires ont été présentées au régime de Ouattara comme des preuves contre les militaires et hommes politiques en exil et opposés à Ouattara», a expliqué le vice ministre de l’Information. Toujours selon le ministre, Tsikata a réussi à convaincre quelques-uns des soldats qu’il était un sympathisant de l’ancien président Laurent Gbagbo et que non seulement il était capable, mais intéressé à aider à renverser le gouvernement Ouattara, en préfinançant entièrement le coup. Notamment en fournissant l’argent, les armes, les véhicules et autres moyens logistiques. Toutefois, aux dires du ministre, Tsikata a reconnu que la majorité des soldats exilés contactés se méfiaient de l’opération et avaient même refusé de s’y aventurer. Néanmoins, le sieur Tsikata réussit à faire enregistrer une vidéo à quelques militaires dont le Colonel Katé Gnatoa, dans les locaux de sa société de sécurité, située au quartier Haatso à Accra. En leur fournissant les tenues militaires, le drapeau ivoirien et même la teneur de la déclaration, rédigée par ses soins, apprend-on.

Six milliards de FCFA exigés, cent millions dans l’immédiat

Après cela, Prosper Tsikata se rend à Abidjan et entre en contact avec Hamed Bakayoko himself, «sécurocrate» en chef du régime, pour les tractations en vue de la livraison de la «marchandise». Les deux hommes mènent les négociations. 6 milliards de Fcfa pour livrer ces militaires, réclame Tsikata. Le ministre Hamed Bakayoko, selon Tsikata, lui promet dans l’immédiat la bagatelle de 100 millions de FCFA s’il ramène l’enregistrement vidéo et surtout la tête du Colonel Katé Gnatoa.

Une fois de retour à Accra, le sieur Tsikata fait croire à Gnatoa qu’il a déployé son armada dans le tout-Abidjan, pour faciliter la prise d’Abidjan. Et que tout avait été mis en oeuvre pour diffuser la vidéo devant provoquer la confusion chez les populations, les soldats ivoiriens et faciliter l’opération. Tsikata donne toute les assurances possibles, mais réclame la vidéo qui entre temps était restée en possession d’un des militaires exilés qui n’avaient nullement confiance en Tsikata, explique toujours le ministre ghanéen. Dès que Prosper Tao Tsikata met la main sur la vidéo, il se rend de nouveau à Abidjan et la remet en mains propres au ministre Hamed Bakayoko et en contrepartie reçoit comme promis la somme de 100 millions de FCFA. C’est donc sans difficulté qu’il attire Gnatoa dans une cachette à Abidjan où il (Tsikata) a conduit plus tard des hommes armés à l’arrestation du Colonel Gnatoa.

C’est en capitalisant sur cette même affaire de faux coup d’Etat en préparation que le régime Ouattara a obtenu des autorités togolaises l’extradition spectaculaire du ministre Lida Kouassi. Alors tranquillement assis à son domicile. On se souvient encore de la sortie médiatisée de Hamed Bakayoko qui annonçait avoir déjoué un coup d’Etat avec l’implication du ministre Lida et de quelques militaires en exil. En réalité, c’est bien cette machination cousue depuis Abidjan qui a été le prétexte à l’arrestation spectaculaire du ministre. Le sieur Tsikata, aux dires des autorités ghanéennes, est connu pour être un patenté fraudeur et un escroc. En novembre 2007 déjà, la police ghanéenne l’avait arrêté alors qu’il s’est fait passer pour un avocat et avait escroqué plusieurs millions de Fcfa à un homme d’affaires sud-africain spécialisé dans l’achat et la transformation de l’or.

Sur l’affaire du vrai faux complot, un agent des services de renseignement français avait révélé le complot dans une lettre publiée, le 25 juin 2012 par le quotidien Notre Voie. Au lendemain de l’arrestation du ministre Lida Kouassi.

Frank Toti
Le Nouveau Courrier
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