Mais où est passé le tribun journaliste Bernard Doza ? Poser ainsi une telle question ne serait point une interrogation de trop.
Arrivée en France dans les années 77, Bernard Doza passera tous les tests de la vie hexagonale dans le seul but d’atteindre un objectif : devenir témoin de l’histoire, mais aussi et parfois acteur. Après les petites radios de proximités parisiennes, il sera embauché sur la célèbre onde antillaise Tropique FM, puis Média Tropical où il chronique jusqu’en 2003. C’est d’ailleurs durant ses temps d’antenne qu’il fera la connaissance de celui qui deviendra des années plus tard président. Laurent Gbagbo et Bernard Doza sont certes « Bété » de Guibéroua, mais et surtout, les deux hommes finiront par partager la même conviction politique : Combattre le régime du parti unique de feu Félix Houphouêt-Boigny.
Du MIDD (mouvement ivoirien pour les droits démocratiques) au FPI, beaucoup d’eau ont coulé sous le pont. Et si le leader de l’opposition a décidé de rentrer dans son pays après un temps d’exil, le journaliste, lui a continué d’exercer sur les bords de la seine.
Mais lorsque le camarade du bâtiment de la Meeci du côté du boulevard Vincent Auriol dans le 13e arrondissement de Paris accède au pouvoir à Abidjan, son frère et ami Doza attendra le coup de fil « qui sauve » mais en vain. Confus face à l’oubli du frère d’exil, le journaliste lui, continue de porter la voix des frontistes au-delà des frontières ivoiriennes non sans porter des critiques sur la gestion des refondateurs. Des prises de positions parfois embarrassantes et ambiguës vis-à-vis du nouveau régime du FPI et une confusion qui le projetera du côté de la rébellion de Soro Guillaume en 2002. Mais si l’homme aurait bel et bien été contacté par « son petit » au moment du blocage des négociations à Lomé en novembre 2002, Bernard Doza fera parler son sixième sens. « Niet » aurait-il répondu à Soro.
L’auteur de « Liberté Confisquée : la fin des sous préfets africains » est resté digne malgré ses conditions de vie devenues pénibles après son débarquement de la radio en 2004. N’ayant plus d’activité officielle à Paris, il va renouer le contact avec un autre vieux camarade, Abdoulaye Wade du Sénégal dont il fut le conseiller en communication ainsi que Blaise Compaoré du Burkina Faso. Bernard partira définitivement de la France en 2009, laissant derrière lui, femme et enfants. Installé au Sénégal, il atteindra les côtes du Bénin en 2010. D’où il mènera quelques activités jugées parfois subversives du fait de leur opacité. Des murmures l’annonceront chez IB (Ibrahim Coulibaly) qui à cette même époque résidait également au Bénin. Lui-même annonça la création d’un mouvement patriotique de libération de la Côte d’Ivoire alors que son ami et frère, Laurent Gbagbo tient encore les reines du pouvoir en Côte d’Ivoire.
Plusieurs fois contacté par des émissaires du régime Gbagbo pour « venir aider son frère en Côte d’Ivoire », Doza n’aura jamais franchi les portails du palais d’Abidjan. « Il est éloquent mais peu crédible » jugent les proches du pouvoir.
C’est cet homme devenu gênant pour le FPI qui décide de rentrer en Côte d’Ivoire via le Bénin en janvier 2011, aux heures chaudes de la crise postélectorale. Objectif : prêter main forte à son frère, le président Laurent Gbagbo, dont le pouvoir venait d’être contesté par la communauté internationale. Alors que tout aurait été mis en œuvre au plus haut niveau pour faciliter son arrivée à Abidjan, Bernard Doza, piégé par des proches de Gbagbo qui devaient l’accueillir à la frontière, rentrera finalement à Abidjan sans les émissaires du régime frontiste.
Comme on le dit, étant déjà dans l’eau, il ne pouvait que nager pour avoir la vie sauve. De Marcel Gossio à Koré Moïse pour ne citer que ces deux qui seraient dans le secret de son arrivée, personne de bougera. Après une dure semaine passée dans des chambres de passages grâce à des amis depuis Paris, Doza décide de faire la politique. Crier pour se faire entendre en espérant que le président le reconnaîtra à la télévision ou via les journaux. Malheureusement, la RTI qui a reçu ordre, va le censurer. Il se contentera de quelques apparitions dans les quotidiens de la place. Au mois de février-mars 2011 alors que la crise a atteint son summum, Bernard Doza décide de faire tomber le masque et arpente les parlements et agoras d’Abidjan pour défense à corps et à cri le régime de Laurent Gbagbo. Finalement, il sera entendu par le Ministre défunt, Désiré Tagro, le seul d’ailleurs selon l’intéressé, lui viendra en aide financièrement, grâce à la médiation toujours des amis depuis Paris. Ce qui lui permettra de solder plusieurs mois de loyers. Bernard Doza restera à Abidjan bien longtemps après la chute du pouvoir Gbagbo. Aux dernières nouvelles l’homme qui n’a pas cessé de critiquer le nouveau pouvoir de Ouattara alors qu’il n’avait aucune activité génératrice de revenues, a fini par plier bagage. Direction, Cotonou. Et c’est pendant que le journaliste met à profit ce retour à la case-départ, que l’actuel pouvoir qui savait bien qu’il était en Côte d’Ivoire pendant la guerre postélectorale, tente de mettre la main sur lui.
En outre, si l’homme ne présente pas de véritable danger pour le pouvoir Ouattara qui l’a laissé sortir du pays, les récentes attaques des positions des FRCI par des commandos invisibles préoccupent énormément Hamed Bakayoko qui met tout en œuvre pour pister tous les éventuels cerveaux. Et Bernard Doza vient d’en faire les frais. Selon l’intéressé, Hamed Bakayoko, le ministre ivoirien de l’Intérieur aurait délégué des émissaires pour entrer en contact avec lui. Surpris au départ par cette information qui est loin d’une candidature à un poste ministériel, Bernard Doza se rendra compte très vite qu’il vient d’être piégé et serait désormais dans l’œil du cyclone.
En attendant qu’il fasse une gaffe et soit extradé à Abidjan comme plusieurs proches du président Laurent Gbagbo, le journaliste continue de vivre son exil volontaire à l’écriture d’un deuxième brûlot.
Pk/ eventnews tv
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