Il ne faut pas être plus royaliste que le roi, Empereur Mabri

Arrêtons de donner du grain à moudre aux adversaires politiques !

Par DIARRA CHEICKH OUMAR

La loi étant impersonnelle, elle s’applique à tous les citoyens avec la même rigueur. Quand bien même on mange à la même table que la transcendance, cela ne nous élève pas pour autant au-dessus de la loi qui reste la nappe de base et le ciment de la vie communautaire. C’est elle qui fonde la liberté civile à laquelle chaque homme a droit dès l’instant qu’il renonce à cette liberté naturelle, illimitée et insoumise caractéristique de la jungle : « Il n’y a pas de liberté sans loi. Elle règne ou périt avec elle », affirmait péremptoirement Rousseau dans ses Lettres écrites de la montagne. Si dans un état vierge de toute réglementation, de toute éthique, tout est permis, dans une République au contraire, « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir… La force est une puissance physique ; je ne vois quelle moralité peut résulter de ses effets », assertait encore, pertinemment, le philosophe genevois dans son ouvrage à succès Du contrat social. Au-delà de la loi civile qui tient tout citoyen en lisière, il y a l’exigence de la morale comme science des mœurs qui nous démarque des êtres qui sont et qui nous éloigne des vilenies comportementales en réglant au quotidien nos attitudes, nos échanges verbaux avec les autres, notre commerce avec plus fort ou moins fort que nous : « La conscience morale est le témoignage ou jugement secret de l’âme qui donne l’approbation aux actions bonnes et qui fait reproche des mauvaises » (Cf. Emile Littré). Dépourvu donc de cette conscience morale ou la mettant volontairement sous boisseau, nous perdons fatalement notre ‘’humanéité’’, ce qui fait l’excellence et la supériorité de notre espèce.

Le Ministre du plan et du développement, Monsieur Albert Mabri Toikeusse, devrait véritablement méditer ces quelques réflexions qui précèdent parce que riches en enseignements. Être Ministre d’Etat, mieux, le représentant de Dieu sur terre comme dans une théocratie, ne doit pas faire perdre de vue sa dimension humaine. Cela n’autorise pas non plus à violer, transgresser avec infatuation la loi civile et les bornes éthiques, même si on fait partie des collaborateurs attitrés de celui qui tient le sceptre. Jusqu’à ce qu’on nous démontre le contraire, nous sommes dans une démocratie, et la démocratie rime avec nomocratie, c’est-à-dire le règne de la loi comme le dirait Aristote. Celui de qui vous tenez votre ‘’pouvoir’’ et vos privilèges, c’est-à-dire le Président Ouattara est un véritable apôtre de la légalité parce que très regardant sur l’application de la loi et veille au quotidien à ce que les Droits fondamentaux de l’individu humain en général, quelles que soient sa race, sa couleur, sa nationalité, son ethnie, son appartenance idéologique, soient respectés.

Il ne faut pas être plus royaliste que le roi, Empereur Mabri

Quelle que soit la nature de la faute commise par votre épouse légale, je n’en sais absolument rien et je n’aimerais pas m’aventurer dans des ratiocinations stériles dans ce sens, en toute équanimité et tout le respect dû à votre rang, ce que vous avez fait relève de l’irresponsabilité sous sa forme la plus caractérisée et mérite pour ce faire la réprobation unanime. Votre épouse, Kourouma Assita Laetitia, a peut-être impardonnablement fauté. Mais, vos rejetons, tous des mineurs, sont-ils aussi comptables des agissements illégaux et des fautes morales de leur mère pour être vilipendés et traumatisés de la sorte ? Avez-vous un seul instant songé à votre statut de Ministre d’Etat, au rang que vous occupez dans la hiérarchie sociale, à votre honorabilité en étalant de façon aussi inélégante et niaise votre vie intime sur la place publique ? Avez-vous songé un seul instant à votre famille politique, le RHDP qui est aux affaires ? Mais, avez-vous pensé aussi à cette formule métaphorique qui stipule que qui s’assemblent, se ressemblent ? Vous ne serez malheureusement pas le seul à subir les piques et les railleries de nos adversaires. La toile est en ce moment inondée de philippiques au vitriol, d’ironies sur votre chef-d’œuvre comportemental digne de figurer dans une anthologie. Politiquement, c’est une arme de plus que vous donnez-là à nos détracteurs pour nous combattre en temps opportun. Le peuple de Côte d’Ivoire est aujourd’hui plus que mâture et de tels actes marqués d’indignité et d’irresponsabilité peuvent influencer son jugement et faire chuter drastiquement toute l’estime qu’il voue à l’équipe gouvernementale en place et son chef. Comment des gens incapables de régler leurs problèmes de foyers, peuvent conduire avec efficience la destinée d’une nation ? Telle est la question toute indiquée qui occupe par indivis, en ce moment, les esprits.

Appareil judiciaire

J’oubliais, notre appareil judiciaire est interpelé à travers ce énième scandale. Une moralisation de nos hommes censés dire le droit et réparer les torts et les injustices est plus qu’impérieux. Que la séparation de l’exécutif du judiciaire soit une réalité et non un effet d’annonce. Qu’un magistrat se laisse aussi facilement corrompre ou influencer par un Ministre et, dans un mépris total de la déontologie, torde le coup au droit, cela ne devrait pas rester impuni. J’ai reçu, dès la diffusion du scoop, l’appel d’un ami qui, excédé par les attitudes d’un certain nombre de Ministres, s’en est pris vertement au chef de l’Etat qui fermerait complaisamment les yeux sur certains errements de ses collaborateurs qui, in fine, risquent de saborder le formidable travail qu’il est en train d’accomplir. C’est aussi mon avis et je ne l’ai jamais caché. Malheureusement, dans la logique d’un certain nombre de doctrinaires, tout écrit ne faisant pas l’apologie du chef de l’Etat est systématiquement et violemment flagellé, quoique véhiculant des observations plus que fondées et dignes de crédit. Du coup, on devient, sans preuves, autre que leur curieux sens de l’analyse, un apologète de Laurent Gbagbo et de son idéologie. De cette façon, on ne peut qu’aller d’erreurs en erreurs puisqu’il se trouverait toujours des fanatiques pour défendre l’indéfendable. On peut être de la même formation politique et avoir des avis différents sur une question. Cela ne fait que fortifier le parti, le rendre plus dynamique. Ce n’est pas en applaudissant à tout rompre des actes moralement inqualifiables tels des automates, des ânes bâtés qu’on rendrait service à ceux qui s’en illustrent. Si on y prend garde, nous risquons de payer cash aux échéances électorales à venir, toutes ces incongruités et inhumanités constatées çà et là, auxquelles on accorde aucune importance parce que jugées bénignes.

Encore une fois, arrêtons de donner du grain à moudre à nos adversaires politiques. Il ne faut pas tirer à boulets rouges sur les autres et venir faire pire qu’eux. L’Histoire sera sans pitié pour nous si nous insistons dans cette voie scabreuse. A bon entendeur, salut !

DIARRA CHEICKH OUMAR
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com

Titre: J-ci.net

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