Bernard Zangré — L’Observateur Paalga
Ainsi donc tomba la fatwa : le quotidien du Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président en détention à la Cour pénale internationale, Laurent Gbagbo, « Notre voie », est suspendu pour une durée de six parutions. C’est, en effet, la sentence que vient de prononcer, vendredi dernier, le Conseil national de la presse (CNP).
Motif invoqué : la publication à maintes reprises par Notre voie de « photographies de personnalités du régime déchu, actuellement aux arrêts », portant mention des postes de ministres qu’ils ont occupés pendant la crise postélectorale.
Pour l’organe de régulation, « Notre voie » entretient l’impression de deux gouvernements en Côte d’Ivoire.
Mais, pour « Notre voie », la vérité est toute autre : « Ce n’est que parce que le « gendarme de la presse ivoirienne » veut participer à l’éradication de tout ce qui sent encore Gbagbo qu’il nous suspend.
C’est la mauvaise foi manifeste ».
En tous les cas, voilà relancée la guerre politico-médiatique que se livrent les deux camps depuis bien des lustres, et qui avait atteint son paroxysme après la chute, le 11 avril 2011, de Laurent Gbagbo.
C’est un secret de polichinelle qu’en période de guerre ou de paix, la bataille de la communication a toujours viré au mensonge ou à la délation volontaire, tant les médias deviennent un enjeu de pouvoir terrible.
Car, force est de reconnaître que les journalistes ne facilitent pas souvent les choses, pour ne pas dire que, de gré ou de force, ils deviennent des vecteurs de crise ou de conflit, des organes officiels ou officieux des chapelles politiques, dont ils se contentent d’être les porte-voix.
C’est sans doute ce qui, aujourd’hui, arrive à « Notre voie », désormais sans voix depuis la descente aux enfers du « Messie » de Mama ; ce journal qui, de nos jours, est ce qu’était hier seulement « Le Patriote », c’est-à-dire un organe d’opposition vivant avec une éternelle épée de Damoclès sur son siège.
A tort ou à raison, les nouveaux maîtres d’Abidjan sont dans leur rôle de suspecter certains ouvriers de la plume de menées subversives, pour ne pas dire d’être des organes de résistance médiatique à défaut de tenir les armes.
Cela dit, il n’est jamais bon pour un pouvoir d’interdire ou de suspendre un organe, soit-il d’opposition.
Car on gagne rarement, pour ne pas dire jamais, la bataille de l’opinion.
Maintenant que le débat est ouvert, aux journalistes de faire preuve d’une certaine retenue et de sacrifier, tant soit peu, au sacro-saint principe de leur responsabilité sociale.
Gageons que la voix de notre confrère ne s’éteindra pas à jamais pour autant, car, le journal d’opposition, Alassane Dramane Ouattara et sa cour en ont certainement besoin pour ne pas sombrer dans l’autocongratulation.
Bernard Zangré — L’Observateur Paalga
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