Chaque jour, le gouvernement OUATTARA/AHOUSSOU fait un pas supplémentaire dans l’adoption de mesures attentatoires aux libertés et cela doit interpeller tous les démocrates et défenseurs des droits humains et des libertés publiques. Si rien n’est fait, les prisons ivoiriennes seront bientôt pleines de détenus politiques et d’opinion. Les deux cas les plus récents d’atteinte aux libertés concernent la condamnation de Laurent Akoun à une peine de prison et les menaces qui pèsent sur les étudiants avec la déclaration faite par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique concernant la création d’une police sur les campus universitaires.
1. Akoun Laurent, un prisonnier d’opinion
L’intime conviction du juge a fait son effet, Laurent Akoun est condamné à 6 mois de prison ferme. Tout le monde voit toutefois, qu’il s’agit d’une condamnation pour délit d’opinion qui ne devrait pas exister lorsqu’il est question de construire un Etat de droit. Akoun est condamné à 6 mois fermes pour « trouble à l’ordre public » pour avoir tenu des propos « accusant » le président de la république de « mentir », d’avoir voulu « tuer Gbagbo » et cela est qualifié d’appel à « l’insurrection ».
Lorsque des citoyens et encore plus des leaders politiques de l’opposition ne peuvent pas critiquer le président de la république, c’est la dictature qui avance à grands pas. Plus surprenant, les propos prêtés à Akoun sont assimilés à un appel à l’insurrection. Il est bon de savoir qu’un appel à l’insurrection n’est pas un délit. L’insurrection est un droit reconnu aux peuples par la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies. Tout dirigeant qui s’y oppose par la force est un dictateur qui doit être traité comme tel. C’est en application de cette disposition qu’un ministre français a été démis de ses fonctions pour avoir été reconnu coupable de s’opposer à l’insurrection du peuple tunisien en début 2011. De plus, les Ivoiriens sont habitués à l’insurrection. La fin de l’élection présidentielle de 2010 ne fut rien d’autre qu’une insurrection, une insurrection militaire contre l’injustice, ce qui permit l’installation de l’actuel pouvoir. Qui a osé condamner cela ? En tout cas, pas grand monde parmi ceux qui font actuellement mine de craindre les appels à l’insurrection.
2. Les campus universitaires n’ont pas besoin d’une force de police
Une des mesures du Gouvernement pour la « renaissance de l’université » est la création d’une police spéciale sur les campus universitaires. Cette mesure indique un peu plus que ce sont les agents du capital financier opposés à toute forme d’expression libre qui sont actuellement au pouvoir. Leur seule préoccupation c’est de faire fructifier le capital financier international. Sinon, une république qui se veut citoyenne et un tant soi peu démocratique devrait avoir honte à défaut d’avoir peur d’annoncer une telle mesure proprement inacceptable.
Pour faire passer cette pilule amère, le ministre de l’enseignement supérieur a cru bon d’inviter des jeunes français qui ont annoncé qu’en France la « politique est interdite dans les universités ». On se demande bien si ces « jeunes français » ne se moquent pas de l’intelligence de la jeunesse ivoirienne. Sans être français, nous savons que les universités françaises sont par excellence des lieux de débats politiques. Chez nous, personne n’a oublié que lorsque des étudiants avaient empêché la tenue d’un meeting électoral du candidat Alassane Ouattara à l’université d’Abidjan en 2010, tous les défenseurs de la liberté et de la démocratie avaient dénoncé cette entrave à la liberté. Il faut éviter d’avoir la mémoire courte ou sélective.
Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire exige du pouvoir Ouattara le respect des libertés, la liberté immédiate pour Laurent Akoun, la renonciation à l’instauration d’une police politique à l’université.
Fait à Abidjan, le 04 septembre 2012.
Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire
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