Source: Le Nouveau Courrier
Le bien-être des Ivoiriens est souvent relégué au second plan sous le régime Ouattara. Après le troisième pont qui a coûté une somme faramineuse, Ouattara vient de faire un autre cadeau à son ami Martin Bouygues. Le revers pourrait être amer pour les Ivoiriens, déjà en difficulté sans que le gouvernement ne trouve de solutions véritables. C’est La Lettre du Continent qui le révèle dans une alerte diffusée vendredi. Alassane Ouattara a donné, le 29 février, son feu vert à Foxtrot International, filiale du groupe Bouygues, qui pourra exploiter deux nouveaux gisements en gaz naturel en Côte d’Ivoire. Il s’agit des gisements Mahi et Marlin, découverts en 2005 et en 2007 par Saur Energy, une autre filiale de Bouygues.
Si les opérations n’avaient pas commencé depuis lors, c’était en raison des désaccords profonds, sous le président Gbagbo, entre la Petroci, donc l’Etat de Côte d’Ivoire, et le groupe Bouygues, «sur le prix du gaz livré», comme l’indique La Lettre du Continent. En effet, Foxtrot exploite déjà un gisement sur le bloc CI-27, qui alimente (trop cher) les centrales Ciprel et Azito, ce qui a des répercussions directes sur le prix de l’électricité pour les foyers ivoiriens. «Depuis plusieurs années, le gouvernement ivoirien exige que Bouygues (et sa filiale Foxtrot International) aligne ses prix sur ceux de ses concurrents Afren et CNR, alors que le Français se base sur le cours du baril de pétrole, plus élevé», écrivait Jeune Afrique en janvier dernier. Deux mois plus tôt, Emmanuel Noubissié Ngankam, chargé principal des opérations de la Banque mondiale, dénonçait dans une tribune «les dispositions léonines des contrats de gaz qui se sont révélées défavorables pour l`Etat dans un contexte de flambée du cours du baril de pétrole auquel est indexé le prix du gaz».
Les coups de fil de Martin Bouygues qui ont tout changé. Dans un premier temps, le régime Ouattara a semblé maintenir les exigences de celui du président Gbagbo quant au réajustement des relations avec Bouygues dans le secteur du gaz. «Le directeur général délégué du groupe Olivier Bouygues a tenté de relancer ce projet au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo, sans plus de succès», écrit La Lettre du Continent.
Au final, l’industriel français a «zappé» Adama Toungara, qui n’a pas pu le rencontrer malgré ses multiples voyages sur les rives de la lagune Ebrié. Et c’est le frère d’Olivier Bouygues, Martin, patron du groupe qui contrôle notamment TF1, dont «ADO» a eu les faveurs du journal télévisé lors d’une visite privée à Paris, qui a tout débloqué. «Selon nos sources, Martin Bouygues, PDG du groupe et ami de longue date du couple Ouattara, a poussé le dossier ces tous derniers jours par téléphone», écrit La Lettre du Continent. Faut-il rappeler que Martin Bouygues est un intime parmi les intimes de Nicolas Sarkozy, président français en campagne ? Les clauses léonines des contrats précédents, signés sous le règne du PDCI, ont-elles été améliorées en faveur de l’Etat de Côte d’Ivoire cette fois-ci ? Si Alassane Ouattara a gardé la même conception de l’amitié que celle qu’il avait quand il était Premier ministre, rien n’est moins sûr. Le site d’investigation français reflets.info expliquait, en effet, dans un article paru en octobre dernier, les conditions de la privatisation des secteurs eau et électricité.
«En 1991, ADO, Premier ministre de la Côte d’Ivoire et son gouvernement, cèdent la commercialisation de l’eau et de l’électricité au plus grand bétonneur de France, Martin Bouygues. Martin, l’un des meilleurs amis de Nicolas. ADO est aussi l’ami de Nico, maire de Neuilly à l’époque, qui deviendra ministre du Budget 2 ans plus tard. Le déroulement de cette «privatisation éclair» sans appel d’offre est décrit par des témoins de la façon suivante : «Martin Bouygues est arrivé en avion privé le samedi matin, le soir même il repartait avec la commercialisation des marchés de l’eau et de l’électricité. Pour l’entretien, l’exploitation technique, tout restait à la charge de l’Etat ivoirien.» Faudrait pas pousser non plus. Deux ans plus tard, en janvier 1993, l’assemblée nationale ivoirienne réunie en session extraordinaire vient taper du poing sur la table à propos du programme de privatisation du gouvernement.» Mais le mal est déjà fait !
Une chose est sûre : si les intérêts nationaux ont été noyés par la République des copains et des coquins qui se déploie sans scrupules depuis le 11 avril 2011, ce sont les Ivoiriens qui le paieront cash en réglant leur facture d’électricité. Qu’ils soient FPI, PDCI ou RDR, ils passeront tous à la caisse !
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