Marcelline Gneproust Source: Fraternité Matin
Le personnel médical des hospitalisations du Chu de Yopougon préoccupé par la situation du service de neurologie. Le personnel médical des hospitalisations du Chu de Yopougon préoccupé par la situation du service de neurologie.Plus connu sous le nom de crise d’hypertension,l’Avc ne choisit ni le lieu, ni le moment pour survenir.En visite chez un ami, dans sa bellefamille, au bureau, au marché, en voiture…, il frappe, jeunes, personnes âgées, sans distinction de genres. Mme Cole contient difficilement son émotion devant la situation tragique qu’elle a vécue le 03 novembre 2006. « Mon époux allait déposer notre tout dernier à l’école. Il a démarré le véhicule, mais ne l’avait pas encore bougé lorsqu’il a été pris d’une crise. Sa tête est tombée sur le volant, ce qui a déclenché le klaxon. La portière était ouverte et comme il avait passé une vitesse, le véhicule partait en arrière. Fort heureusement, un pilier dans le garage l’a bloqué. C’est le klaxon qui a attiré notre attention (les enfants et moi). Je suis accourue et je l’ai conduit à l’hôpital ». Au chevet de sa soeur Korotoum au Chu de Yopougon, Mme Kéo Mariam n’oublie pas qu’elle a été appelée par un inconnu qui lui demandait de venir le rejoindre devant une micro finance à Adjamé, afin de porter secours à sa soeur. Surprise, elle l’avait rabrouée, avant de se ressaisir. C’est que, en partance pour cette micro finance où elle devait retirer de l’argent, Korotoum, fille de salle à l’intérieur du pays, qui séjournait à Abidjan, s’était effondrée devant une foule de gens. C’est ainsi qu’était intervenu le généreux secouriste qui, après avoir fouillé son sac, a trouvé le numéro de téléphone de Mme Kéo qu’il a appelée aussitôt.L’accident vasculaire cérébral, comme son nom l’indique, se caractérise par la brutalité de son apparition. « Il s’agit d’une maladie neurologique due à un trouble brutal au niveau de la vascularisation du cerveau.
Cela veut dire que pendant un moment, celui-ci ne bénéficie pas de sang, or c’est le sang qui apporte l’oxygène et les nutriments au cerveau. Si cette interruption est longue, on aura une souffrance du cerveau avec une destruction du tissu. Elle se manifeste par la mort subite ou le coma suivi d’une hémiplégie ou paralysie d’une moitié du corps », explique Pr Thérèse Sonan- Douayoua, chef de service adjoint de neurologie du Chu de Yopougon. Son collègue du Chu de Cocody, chef du service de neurologie, Pr Kouassi Beugré, est tout aussi radical quant au danger qu’encourt la victime. « Le cerveau est essentiel au fonctionnement des autres organes du corps. Si la lésion touche des zones sensibles, la personne peut mourir dans les heures qui suivent ou succomber à la suite des conséquences ». Il existe deux sortes d’Avc : la forme ischémique, celle qui bouche les vaisseaux ; et l’hémorragique, qui notamment fait éclater les vaisseaux.
L’examen du cerveau au scanner permet d’être situé.
1/3 des malades sur 30 lits Au service des hospitalisations du Chu de Cocody, Pr Kouassi Beugré déclare qu’un tiers des malades, sur trente lits, est victime d’un Avc dans une structure qui en reçoit au moins 500 par an. Mais ces données sont bien en deçà de la réalité, selon lui, parce que tous les Avc ne viennent pas forcément dans le service. Sa collègue de Yopougon note, quant à elle, qu’en hospitalisation « l’Avc est le pain quotidien de ce service et représente plus de 60% » des cas. On y a au moins un par jour et sur dix lits, six ou huit sont occupés par les malades.
Les chiffres sont tout aussi alarmants au service des urgences du même hôpital, porte d’entrée des patients où, au dire de Dr Kouassi Jean, Assistant chef de clinique,
l’Avc est parmi la deuxième cause de décès, derrière les accidents de la voie publique (Avp). Soit dix cas par mois, avec sept décès, environ 21%. Accompagnés par des parents, amis ou connaissances, les malades arrivent dans un état comateux, selon le médecin, qui déplore un manque de promptitude des accompagnateurs. Ce qui réduit leurs chances de guérison. « Dès que vous constatez que quelqu’un ne peut pas utiliser une partie de son corps, consultez rapidement l’hôpital », conseille-t-il. Car, que constatent les médecins de ce service ? Que certaines victimes sont conduites à l’hôpital quatre ou cinq jours après l’accident, note Dr Kouassi. Le personnel est très vite débordé, selon lui, avec ses huit lits et les brancards. En raison d’autres difficultés, les patients sont obligés de passer plus de 48h dans le service avant d’être conduits en hospitalisation.
Parfois, ils restent 3 à 5 jours ou même un mois. Un service neurovasculaire
Pour une meilleure prise en charge des malades, les spécialistes qu’ils sont en appellent à de nouvelles initiatives des autorités, pour la création d’une structure capable de recevoir les personnes ayant des problèmes de neurologie, surtout des Avc. Ceux qui ont appris le métier pourront mieux s’occuper d’elles et leur appliquer des mesures déjà standardisées, souligne le chef du service de neurologie du Chu de Cocody, Pr Kouassi Beugré. En clair, un service neurovasculaire. Celui-ci a mis en place d’ailleurs, une unité avec un collaborateur formé dans un pays européen. En effet, pris en charge tôt, certains cas d’Avc peuvent être traités, selon le professeur agrégé de neurologie. Avec sa collègue de Yopougon et l’assistant chef de clinique du service des urgences du même hôpital, ils sont unanimes sur la nécessité de ce service. Dans lequel, Dr Kouassi rêve d’une unité de déchoquage, équipée de matériel de réanimation, « où le malade serait conditionné ». Car les soins divergent selon le degré d’urgence. « On trouverait dans ce service des réanimateurs, des neurologues, des neurochirurgiens, des rééducateurs…Puis de façon spécifique, du matériel de base, soit de l’oxygène, des barboteurs, des aspirateurs…».« C’est ainsi que les pays développés obtiennent de meilleurs résultats », renchérit Pr Sonan. L’hypertension, le déclencheur L’Avc est une conséquence de l’hypertension artérielle. Cette maladie, en nette croissance, touche au plan mondial, au moins 2 millions de personnes, selon le chef des consultations externes de l’Institut de cardiologie d’Abidjan (Ica), Pr Kramo Kouadio Euloge.
La Côte d’Ivoire, comme pour la plupart des pandémies, ne dispose pas de statistiques nationales. Toutefois, une enquête Steps, diligentée par l’Oms, établit sa prévalence à environ 25% dans le district d’Abidjan, selon le spécialiste. Qui affirme que sur les 20.000 patients qui consultent l’institut annuellement, 80% y viennent pour cause d’hypertension. Elle est due à plusieurs facteurs, dont l’hérédité, l’âge, l’obésité, la sédentarité, le stress, la surconsommation de sel, la prise de poids excessive, le manque de sommeil. Pr Kramo Euloge se veut pointilleux quant à chaque cause. Ainsi, en ce qui concerne l’hérédité, il précise « qu’il y a des familles d’hypertendus.
Dans cette catégorie, l’on trouve des tout-petits ». Une enquête commanditée par des médecins a montré que « des enfants hypertendus ont été détectés dans des établissements scolaires ». La prévalence est 1,23 sur 1000, selon le médecin qui affirme avoir parmi ses malades, « des enfants de tous âges et même des bébés ».Pr Kramo soutient également, « Quand on prend de l’âge, on est plus exposé. Ainsi, la moitié des personnes de 50 ans est hypertendue ». Le traitement est à vie. Des comprimés….tous les jours.
Par Marcelline Gneproust
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