L’intelligent d’Abidjan
La crise post-électorale n’est pas finie. Elle se poursuit sous une autre forme. Alors qu’après le 11 avril 2011, on s’attendait à ce que les conditions soient créées pour remettre à 2015 et à la prochaine présidentielle le combat entre le Rhdp et le Fpi, voici que les circonstances imposent que le combat se fasse plutôt que prévu. Sonné après la capture de Laurent Gbagbo, le Fpi avait eu du mal à se remettre sur pied, laissant au départ les exilés, ailes Accra et Paris, organiser la résistance au Président Alassane Ouattara. Sur le plan intérieur, le parti créé par Laurent Gbagbo peinait à se mettre en ordre de bataille après l’arrestation de ses leaders qui étaient à la Pergola. En face il y’avait le pouvoir Ouattara, soucieux de rompre avec les arrangements et les accords politiques, ayant conduit à une interminable impunité politique. Au nom de cette vision et de cette doctrine rendant coupables les acteurs politiques, la justice mettra sous mandat de dépôt, des responsables du Fpi et anciens collaborateurs de l’ex-président. Plus de 16 mois après la chute et la capture dede ce dernier, malgré les mesures de pression et de rétorsion prises, le Fpi manifeste toujours une opposition et un rejet systématiques de toute collaboration avec les autorités ivoiriennes. De préalable en préalable, d’exigences en exigences, de nombreuses occasions de s’entendre ont été manquées. C’est ainsi que Laurent Gbagbo a été transféré à la Haye, que tous les détenus proches de l’ex-régime, n’ont pas bénéficié de liberté provisoire, contrairement à quelques-uns. De son côté, le parti de la refondation n’a pas participé aux élections législatives. Depuis le début du mois d’Août et à la suite des attaques multiples et meurtrières contre les forces républicaines de Côte d’Ivoire, c’est l’escalade. Des mots forts ont été dits et écrits de part et d’autre. Le Fpi, considéré, comme un ‘’cancer’’, est menacé ‘’d’éradication’’, selon les souhaits d’un député de la Nation, qui n’a pas encore retiré ses mots. Tout le monde s’interroge sur le sort réservé, dans ces conditions au Fpi, le rapport de la Commission nationale d’enquête étant remis par le chef de l’Etat au Premier ministre. Alors qu’on aurait pu penser que la pression qui s’abat sur le parti, que les angoisses et inquiétudes des militants feraient reculer le Fpi, voici que les dirigeants adoptent encore une posture de résistance et de défiance aux autorités. ‘’Nous avons résisté face à Houphouët-Boigny, face à Bédié, face à Guéi et nous avons fait dix ans au pouvoir, malgré la rébellion et la cohabitation. Le pouvoir Rhdp ne nous fera pas plier l’échine. Dans l’adversité et face à la répression, nous trouverons la forme pour nous dresser contre l’arbitraire. Nous ne quémanderons pas notre liberté et notre dignité », confient des cadres et militants pro-Gbagbo qui estiment que partout, dans le monde, les faibles ont toujours été soutenus dans l’opinion contre les forts et les puissants : ‘’Hier, Alassane Ouattara a été soutenu parce que malgré les raisons données, beaucoup de gens trouvaient injustes que l’Etat s’acharne sur lui. Aujourd’hui, c’est notre tour de subir le martyr. Nous allons en payer le prix ». On croyait entrer avec le 11 avril 2012, dans la fin d’un cycle de conflits et d’instabilités ouverts en 1993 après la disparition du président Houphouët-Boigny, avec des pics en décembre 99 et septembre 2002, et la crise post-électorale de 2010. Hélas non ! La radicalisation observée de part et d’autre et les mots qu’on entend en silence et entre les quatre murs font peur. « Ce sont des assassins, des terroristes. Les gens du Fpi ne changeront jamais. Nous on arrête, on met en prison, mais eux, tuaient», disent les uns quand le parti de Laurent Gbagbo continue de ressasser les mêmes récriminations et rancunes contre les autorités en place. Sous nos yeux, la Côte d’Ivoire, pays de dialogue, cher à Houphouët est incapable d’associer un dialogue fructueux. Petit à petit, le pays est en train de tomber à nouveau dans une autre version de la longue fréquence des crises dans le pays. Le temps n’est-il pas venu pour les uns et les autres d’avoir pitié de la mémoire des victimes de toutes les crises, depuis 99, pour s’engager à ne plus créer les conditions de nouvelles violences ? Durant la crise post-électorale de 2010, un observateur avisé et fin de la situation sociopolitique avait dit ceci : ‘’Gbagbo a gagné, mais Ouattara n’a pas perdu, Ouattara a raison, Gbagbo n’a pas tort ». Hélas cette formule ne peut faire mouche ! Le décor est planté pour de nouvelles tensions si les positions radicales au Fpi continuent de prospérer, et si les ‘’éradicateurs’’, les extrémistes du côté du pouvoir, continuent de pousser à l’affrontement (sur le mode : si c’était eux, ils nous auraient tous tués). L’heure est grave ! Et il n’est pas sûr que ceux qui ne veulent pas l’affrontement puissent encore donner de la voix dans les jours à venir, tant les va-t-en-guerre, font tout pour prendre le dessus et le contrôle des opérations. Allah nous guide…
Par Charles Kouassi
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