Tidjane Thiam: « Il est plus difficile d’être ministre en Afrique que PDG d’une grande entreprise »
Le PDG de Prudential s’est confié à CNN dans l’émission « African Voices »
Par Redaction Grioo.com
PDG de l’assureur britannique Prudential depuis trois ans, Tidjane Thiam s’est confié à CNN dans le cadre de l’émission African Voices. Pour celui qui fut ministre en Côte d’Ivoire dans les années 90, être ministre dans un gouvernement africain était plus difficile que d’être PDG d’une grande entreprise :
« (…) Chaque décision [quand on est ministre africain] est très douloureuse, engage des vies, a un énorme impact sur la façon dont les gens vivent, sur le fait qu’ils vont vivre ou non, et pour quiconque prend sérieusement ces responsabilités, elles peuvent être lourdes à assumer…j’ai aussi travaillé sur le processus d’investissement public. Si nous avions additionné toutes les requêtes que nous recevions quand nous faisions le budget chaque année, il nous aurait fallu 50 à 100 fois les ressources que nous avions. Donc s’il faut passer de 50 à 1, c’est très difficile car c’est comme si on vous demandait de choisir entre couper le bras gauche et le bras droit. »
Nous sommes les plus pauvres, les plus faibles, nous sommes divisés. Si en plus de ça, nous devons nous battre entre nous, quelles chances avons nous ?
Tidjane Thiam comparant ce qui se passe en Afrique avec l’Asie
Interrogé au sujet du coup d’Etat du général Guei qui l’avait poussé à quitter la Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam a déclaré qu’il s’était toujours insurgé contre ce coup d’Etat (qui fut populaire pendant un temps) car cela constituait un précédent fâcheux dans un pays qui n’avait jusque là pas connu de coup d’Etat :
« Je dois dire que le coup d’Etat était populaire, les gens ne comprenaient pas ma position. Beaucoup de soi-disant démocrates ont applaudi au coup d’Etat et je répondais que c’était de la vue à court terme car c’était mauvais pour la démocratie qu’un des rares pays africains à ne pas avoir connu de coup d’Etat en connaisse un. J’étais persuadé que c’était le début d’un processus sans fin (…)Dans un pays où les institutions sont faibles, une fois que vous permettez à quelqu’un de faire ramper un ministre ou un membre d’un gouvernement avec un AK 47, ça ne peut que se reproduire encore et encore. »
C’est toujours une mauvaise idée de construire son pouvoir sur la puissance militaire car quelqu’un aura un plus gros fusil que vous. » a ajouté l’ancien ministre ivoirien.
Quand vous arrivez à Bangkok, Hanoi, Manille, Hong Kong, Singapour, je vous mets au défi de voir la différence entre un dimanche et un lundi : il y a sept jours dans la semaine, et ils utilisent ces sept jours pour travailler et produire
Pour Tidjane Thiam, ces divisions ne peuvent que nuire à l’Afrique qui est dans la difficulté pendant que les autres continents avancent : « Nous sommes les plus pauvres, les plus faibles, nous sommes divisés. Si en plus de ça, nous devons nous battre entre nous, quelles chances avons nous ? Je vais [souvent] en Asie. Quand vous arrivez à Bangkok, Hanoi, Manille, Hong Kong, Singapour, je vous mets au défi de voir la différence entre un dimanche et un lundi : il y a sept jours dans la semaine, et ils utilisent ces sept jours pour travailler et produire.
Donc si nous passons notre temps à nous battre pendant que les autres travaillent à un but, nous ne devons pas être surpris d’être à la traîne ».
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