Interview exclusive du président de la Coordination des Ivoiriens du Royaume-Uni
Correspondance particulière de Liman Serge depuis Londres, Connectionivoirienne.net
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C’est une salle du 12b Asylum Road pleine à craquer qui a abrité l’Assemblée Générale Extraordinaire de la Coordination des Ivoiriens du Royaume Uni (CIRU) le samedi 18 Août. En effet, en fin de mandat, Dr Jean Claude GREBE a réuni la communauté dans le but de renouveler les organes et surtout de rendre compte des péripéties et autres contrevérités qui semblent miner la Coordination des Ivoiriens du Royaume-Uni. Interview à chaud après l’AG.
Félicitations Président, vous venez d’être réinstallé à la tête de la Coordination. On est tout de suite tenté de vous demander pourquoi une Assemblée Générale extraordinaire et non pas ordinaire ?
Je voudrais simplement remercier notre communauté pour la confiance. Le caractère extraordinaire se justifie en deux faits. Primo, depuis septembre 2011 notre deuxième et dernier mandat a pris fin. Mais pour des raisons évidentes liées notamment à la crise en Côte d’Ivoire, nous étions en hibernation volontaire. Le traumatisme et autres émotions dans lesquels notre communauté a été plongée avaient par ricochet mis un frein partiel à nos activités. Toute situation qui a entamé non seulement la tenue régulière d’Assemblée Générale ordinaire mais aussi et surtout toute initiative d’action sociale pouvant réunir notre communauté dans son entièreté.
Secundo, alors qu’un mois auparavant, soit le 1er juin nous lancions une convocation pour une Assemblée Générale ordinaire en vue du renouvellement des instances de la CIRU, nous recevions une convocation des services de l’ambassade avec pour ordre du jour « Création d’une association des ivoiriens du Royaume Uni ». Invitation à laquelle nous avons répondu présents. Il nous revenait donc de soumettre aux ivoiriens le point de cette rencontre et d’obtenir leurs impressions. Une Association qui respecte ses membres agit de la sorte. Simple logique !!!
Ceci dit, l’un des points de l’ordre du jour de l’AG était de statuer sur les candidatures reçues – selon nos textes bien sûr – et envisager la tenue d’éventuelles élections pour la présidence de la CIRU. Cependant, aucune candidature n’a été enregistrée. L’AG ayant constaté le manque de candidature a proposé la reconduction du Président sortant et ce, conformément à nos textes. Ainsi mise à contribution, l’AG a approuvé une reconduite populaire à l’applaudimètre pour l’excellent travail accompli.
Nous apprenons que l’ambassade aurait mis en place une nouvelle structure en Angleterre, de quoi s’agit il ?
Cet ambassadeur est véritablement mal inspiré, ne connait nullement notre communauté, en outre semble t-il, est très mal conseillé. Alors commençons par le commencement si vous le voulez bien pour une bonne intelligence de la situation.
SEM Claude Kamou est à Londres depuis plus d’un an. Dès son arrivée il a refusé de rencontrer la CIRU au motif que celle-ci serait une structure pro-Gbagbo.
Nous avons été royalement ignorés à la cérémonie de présentation de sa Lettre de créance. J’ai alors introduit une demande pour le rencontrer au mois de mars dernier. Grande fut ma surprise quand en lieu et place de l’Ambassadeur, je me suis retrouvé en face de ses collaborateurs. On m’a signifié que l’ambassadeur souhaiterait que je ne rencontre que ses collaborateurs en premier lieu.
Quelque temps après cette séance de travail, j’ai encore introduit une nouvelle requête de rencontre. Peine perdue. Refus poli mais ferme.
Entre temps il avait rencontré une partie des Ivoiriens, notamment les militants du RHDP et la communauté musulmane.
Dans le même temps en prélude à un séminaire élargi à la Diaspora à Yamoussoukro, une rencontre eut lieu sous ses auspices en juin dernier et là encore nous avons été royalement ignorés. Monsieur Koné a été retenu pour représenter la diaspora de l’Angleterre avec quelle légitimité? Seule son excellence saurait vous répondre.
C’est dans cette atmosphère que nous avons appris l’arrivée du Chef de l’état, Alassane Ouattara. Au même moment nous apprenions la mise en place d’un comité d’organisation dirigé toujours par le sieur Koné, le même, un responsable du RDR.
Pendant ce temps, il se racontait des balivernes sur la Coordination et ma personne. A sa demande, une rencontre a été organisée à la résidence de SEM Claude KAMOU en juillet dernier, une semaine avant la visite officielle du Président de la République.
J’avoue qu’au sortir de cette rencontre très fructueuse, cordiale et enrichissante j’ai espéré un changement conséquent dans l’attitude de l’ambassadeur vis-à-vis de la Coordination, de ce que nous représentions et de ma personne.
Après les propos liminaires de l’ambassadeur, essentiellement des griefs et des critiques contre la CIRU et ma personne, j’avais pris le temps pendant une heure d’horloge pour expliquer le rôle et l’action de la CIRU pour notre communauté. J’ai également démonté les contrevérités colportées. J’ai dit à son Excellence, qu’en tant qu’œuvre humaine nous concédons que la CIRU n’est pas parfaite. Mais ignorer son existence serait une erreur grave. Nous nous sommes quittés avec la ferme intention de travailler ensemble pour la communauté. J’ai beaucoup apprécié l’esprit de cette séance de travail.
Et puis rebelote: nous sommes donc écartés de la visite du Président de la République. Cela dit, nous nous y attendions un peu.
Revenons à ma question.
J’en viens. Lors de son passage le chef de l’Etat aurait, dit –on instruit l’ambassadeur d’organiser les Ivoiriens au Royaume-Uni, avec à la clé 20.000 dollars. De toute évidente on lui aurait dis qu’il n’aurait pas d’organisation faitière ici.
Le mercredi 8 Août je reçois un courrier de l’ambassade pour une rencontre le lendemain jeudi 9. Nous nous y rendons avec deux membres de mon bureau.
Voici l’introduction de SEM l’ambassadeur : « Nous avons reçu instruction d’organiser la diaspora ici. Il n’y a pas d’organisation, il faut faire table rase du passé, créer une nouvelle association qui regroupera tous les Ivoiriens»
Je rappelle que la salle était pleine de responsables du RDR: La présidente des Femmes RDR, le président des Jeunes RDR, le président du Mouvement Vivre Ensemble et plusieurs autres mouvements affiliés au RDR. Les autres partis politiques étaient bien entendu absents. Le PDCI et le FPI notamment étaient absents comme l’était également la quatre vingtaine d’associations enregistrées à l’ambassade. Mon Vice-Président a questionné la représentativité de cette assemblée. Ce préalable a été rejeté sine-die. Au total une vingtaine de personnes avec tout au plus cinq associations connues.
Nous nous sommes élevés contre cette méthode de travail maladroite et partisane. Nous avons proposé simplement que si renouvellement il devait y avoir, cela pouvait se faire autour de la CIRU. Simple proposition. C’est alors que nous reçûmes menaces et injures de certains de nos compatriotes montés à dessein pour la cause. Par respect de notre communauté, nous avons quitté la salle car ni les méthodes de travail ni l’ambiance n’étaient propices à une discussion mature et citoyenne.
Pour nous, il aurait été plus souhaitable de se retirer et faire le point de l’initiative de son Excellence à nos différents mandants, informer au maximum les ivoiriens et recueillir leur avis, en vue de se retrouver une prochaine fois pour donner suite à cette requête.
Peine perdue: nous avions compris la manigance. Elle était grotesque, mal ficelée et pour tout dire à coté de la plaque
D’où cette Assemble Générale extraordinaire ?
Notre AG comme nous l’avons dit plus haut était prévue depuis longtemps.
J’en avais même parlé à l’ambassadeur puis à ses services. Comme d’habitude une invitation a même été adressée à l’ambassadeur.
Devant ces nouveaux développements, nous avons donc rajouté le point du compte rendu de la réunion de l’ambassade. Les Ivoiriens ont exprimé haut et fort leur désapprobation de la méthode. Ils ont à l’unanimité rejeté l’idée même de la création ex nihilo d’une nouvelle association dans les conditions que l’on sait. Au finish, ils nous ont reconduit pour diriger notre Association faitière. La seule association au Royaume Uni qui rassemble tous les Ivoiriens sans considération de parti politique ou de leurs origines. Permettez que je clarifie un peu ce point.
La précision est de taille, car il me semble que certains de nos compatriotes sont devenus amnésiques, et que les archives ont subitement disparu de l’ambassade de Cote d’Ivoire :
• Tous les employés de l’ambassade sous l’ancien maitre des lieux étaient détenteurs de la carte de membres de la CIRU.
• Notre Bureau Exécutif comprend des membres de notre communauté sans distinction: confessions religieuses, partis politiques et autres associations régionales.
• Au niveau administratif, nous avons immatriculé la CIRU à Company House comme l’association faitière de la communauté ivoirienne au Royaume Uni. Nous sommes en attente d’une salle de 400 places dont demande a été approuvée par la Mairie de Southwark dans le sud de Londres.
• Nous avons fait des dons à la communauté musulmane pour la construction de la mosquée de Peckham
• En ce qui concerne l’immigration, nous avons un avocat qui soutient ceux de nos compatriotes en difficulté.
• Nous rendons visite au quotidien à nos frères et sœurs en difficulté dans les prisons, les hôpitaux ou à leurs domiciles
• Nous avons organisé trois fêtes de l’indépendance où les Ivoiriens sont sortis par milliers.
• Nous avons installé la CIRU dans toutes les grandes villes du Royaume-Uni, en Irlande du Nord et en Ecosse.
• Sur le plan économique nous avons permis à plusieurs ivoiriens d’ouvrir des comptes à la BNI sans même s’y rendre. Aujourd’hui encore nous lançons la même action avec la SIB. C’était samedi dernier !!!!!
• Nous avons piloté un projet immobilier qui a permis à certains de nos compatriotes d’être aujourd’hui propriétaires de terrain dans la commune de Bingerville.
• Nous avons permis avec toutes nos visites communautaires de rapprocher les Ivoiriens un peu plus. Tout cela sans un soutien financier de l’Etat.
• En situations heureuses ou malheureuses, nous avons suscité la mobilisation et la solidarité de nos compatriotes.
Je mets au défi une seule association qui peut justifier de telles activités dans notre communauté. Une seule !
Ne craignez-vous pas une dissidence qui sera soutenue par l’état avec tout ce qu’il y a comme moyens financiers ?
Rappelons que nous n’avons pas attendu des autorités pour mettre sur pied en 2002 la CIRU. C’est une création de la communauté. Les hommes créent en fonction des exigences du moment. J’ai été élu pour la première fois en 2007 puis réélu en 2009 par des milliers d’ivoiriens venus de toute l’étendue du territoire. Sans aucune implication ni du gouvernement ni de l’ambassade qui s’était tenue en observatrice de la vie associative. Dire qu’il n’existe pas d’association au Royaume-Uni est un mensonge et une malhonnêteté intellectuelle inacceptable. C’est la réaction de notre communauté. Et, elle entend assumer cette décision. Dissoudre la CIRU doit être une décision de la communauté et non une décision administrative ivoirienne.
Au mois de septembre, à la demande de l’Assemblée Générale nous allons organisé l’investiture du Président de la CIRU et nous allons continuer le travail pour lequel les ivoiriens nous ont fait confiance. Notre Ambassadeur sera invité à cette investiture et je reste persuadé qu’il sera présent.
Retenez que nous sommes dans un pays de droit ou la liberté d’association est permise. L’Ambassadeur peut susciter la création d’une autre organisation et la soutenir mais nous, nous relevons notre légitimité de notre communauté. Fort de cela, il aurait été bienséant que l’ambassadeur travaillât sur le déjà existant pour rapprocher les ivoiriens.
Que dites-vous à la communauté ?
Mes derniers mots vont vers vous pour l’occasion que vous nous offrez pour éclairer l’opinion sur ce que vit notre communauté ici au Royaume Uni. Enfin je lance un appel à tous mes compatriotes de nous rejoindre à la CIRU. C’est leur outil de travail dont j’assure la présidence temporaire le temps qu’ils se décident à le réorganiser. Comme on le dit chez nos hôtes ici: «No need to reinvite the wheel». A ceux qui veulent politiser la chose nous leur demandons de s’inscrire auprès des partis politiques représentés ici tout en respectant la liberté de ceux qui se retrouvent en la CIRU.
A notre ambassadeur, SE Claude Kamou , il a le choix de nous aider à rassembler les ivoiriens en cette période sensible de la réconciliation que nous appelons de tous nos vœux ou d’approfondir un peu plus la division ici.
Dans les deux cas, la CIRU poursuivra son œuvre de réconciliation, de soutien, de rassemblement et d’accompagnement de notre communauté.
Correspondance particulière de Liman Serge depuis Londres, Connectionivoirienne.net
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