Plusieurs mineurs grévistes ont été tués jeudi lors d’un violent affrontement avec la police à la mine de platine de Lonmin à Marikana en Afrique du Sud, où des violences liées à un conflit social avaient déjà fait 10 morts depuis dimanche.
« Oui, des gens ont perdu la vie », a déclaré à l’AFP par sms le porte-parole du ministère de la Police Zweli Mnisi, première source officielle à faire état de morts, sans toutefois donner de chiffres.
Un photographe de l’AFP avait pu photographier cinq corps ensanglantés de mineurs grévistes juste après l’échange de tirs, sans pouvoir dire avec certitude si les victimes étaient mortes ou blessées.
La fusillade a été brève mais intense. La police a apparemment riposté à des tirs venus des rangs des grévistes. Des images montrent des policiers faire feu en direction des manifestants, dont plusieurs se sont effondrés dans un nuage de poussière.
Le président de Lonmin, Roger Phillimore, a implicitement rejeté la responsabilité des affrontements meurtriers de jeudi sur les forces de l’ordre.
« La police sud-africaine était chargée de l’ordre et de la sécurité sur le terrain depuis le début des violences entre syndicats rivaux ce week-end », note M. Phillimore dans un communiqué publié jeudi soir.
« Il va sans dire que nous déplorons profondément ces décès, dans ce qui est clairement une affaire d’ordre public plutôt qu’un conflit social », ajoute-t-il.
Le ministère, a déclaré pour sa part M. Mnisi, « considère que, compte tenu de la volatilité de la situation, la police a fait de son mieux ».
« Ce qui s’est passé aujourd’hui (…) n’aurait pas dû arriver dans une démocratie, parce que le droit de manifester est un droit légal et constitutionnel reconnu à chaque citoyen », a admis le porte-parole, « cependant, nous avions une situation où les gens étaient armés jusqu’aux dents, s’attaquaient et se tuaient les uns les autres ».
« Nous vivons comme des animaux »
Jeudi matin, plusieurs centaines d’hommes armés de gourdins, de barres de fer et de machettes s’étaient de nouveau regroupés à l’extérieur de la mine, exploitée par Lonmin. Les grévistes réclamaient d’importantes augmentations de salaire.
Dans la journée, la direction de la mine leur a intimé l’ordre de reprendre le travail vendredi, menaçant de licencier les récalcitrants.
Face au refus des mineurs de se disperser, la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Il n’était pas clair immédiatement si et dans quelles circonstances les forces de l’ordre ont utilisé des balles réelles.
Les télévisions ont montré ensuite des policiers en gilets pare-balle, visiblement tendus, pointant les canons de leurs fusils sur des hommes allongés au sol, certains peut-être déjà morts.
Ces incidents sont survenus après des violences qui ont fait dix morts depuis dimanche.
Les violences avaient commencé vendredi 10 août, lorsque des centaines de mineurs de fond ont lancé une grève sauvage. Certains, encouragés par le petit syndicat AMCU, réclamaient 12.500 rands par mois (1.250 euros), soit plus qu’un triplement de leur salaire actuel qui est d’environ 4.000 rands par mois (400 euros).
Des affrontements ont alors éclaté entre des partisans du puissant syndicat des mines NUM et ceux de l’AMCU, née d’une dissidence de la NUM. Dix personnes ont été tuées.
« Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus à notre aide », avait déclaré l’un d’eux mercredi, Thuso Masakeng, « les sociétés minières font de l’argent grâce à notre travail et on ne nous paye presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux à cause des salaires de misère ».
Les mineurs vivent dans des taudis accolés à la mine, sans eau courante.
Lonmin affirme que la grève a déjà coûté six jours de production à Marikana, soit 300.000 tonnes de minerai. L’entreprise estime désormais improbable d’atteindre son objectif annuel de production de 750.000 onces de platine.
http://www.varmatin.com/monde/afrique-du-sud-plusieurs-mineurs-grevistes-tues-lors-dun-assaut-de-la-police.950957.html
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