Depuis 1999, le 12 août a été choisi pour célébrer la journée internationale de la jeunesse à travers le monde. L’Assemblée générale des Nations Unies qui est à l’origine de cette initiative a répertorié dix domaines d’action prioritaires pour les jeunes: l’éducation, l’emploi, la malnutrition et la pauvreté, la santé, l’environnement, la toxicomanie, la délinquance juvénile, les loisirs, les petites filles et jeunes femmes et la pleine et entière participation des jeunes à la vie de la société et à la prise de décisions. Le thème retenu pour l’année 2012 est: «Construire un monde meilleur en association avec les jeunes». Ce thème est un appel mondial à l’action pour nouer et développer des partenariats avec et pour la jeunesse.
LIDER saisit l’occasion de cette Journée pour dresser un bilan de la situation de la jeunesse en Côte d’Ivoire. Force est de constater que bien que le gouvernement Ouattara comprenne en son sein un ministère de la promotion de la jeunesse et du service civique, celle-ci est très alarmante. En effet, l’analyse des domaines prioritaires fait ressortir ce qui suit:
• Le service civique demeure virtuel. Depuis le déclenchement de la rébellion et des conflits armés qui ont suivi la crise post électorale, il y a environ 100.000 jeunes qui attendent d’être désarmés après avoir été utilisés par les parties belligérantes pour conquérir ou conserver le pouvoir. Ces jeunes ont été écartés lors du partage du butin et abandonnés sur le bord de la route par leurs donneurs d’ordre respectifs, qui ont tous fui avec constance leurs responsabilités. L’Etat s’est jusqu’à présent montré totalement incapable de procéder à la réinsertion de cette jeunesse instrumentalisée à mauvais escient et à la mise en place d’un service civique pourtant prévu par l’Accord politique de Ouagadougou.
• Au niveau de l’éducation, en lieu et place de la « meilleure accessibilité des jeunes aux structures d’éducation et de formations qualifiantes » promise par M. Ouattara dans son programme de gouvernement, il a plutôt été donné de constater qu’après avoir fermé les universités pendant deux années consécutives, le gouvernement vient de procéder à l’augmentation drastique des frais d’inscription à l’université publique, qui passent de 6.000 fcfa à 30.000 fcfa pour une licence. Ce faisant, le président de la République rompt non seulement une énième promesse électorale, celle de la gratuité des frais d’inscription pour tous les étudiants n’ayant pas redoublé, mais en plus il encourage l’accroissement du taux de déscolarisation. Le lycée Sport et Études de Bouaké, dans la construction duquel M. Ouattara promettait d’investir 5 milliards de fcfa dès l’entame de son mandat, demeure également une chimère, tout comme le sont les réhabilitations et constructions d’équipements sportifs qui devaient contribuer à l’essor de la jeunesse ivoirienne. Plutôt que d’investir dans les équipements pédagogiques universitaires de pointe comme de première nécessité, le gouvernement, persistant dans ses pratiques de mauvaise gouvernance, s’est attelé à abattre et rebâtir les clôtures récentes existantes des universités d’Abobo et de Cocody, en surfacturant scandaleusement les chantiers à des fins d’enrichissement illicite.
• Au niveau du marché du travail, une aggravation du taux de chômage a pu être constatée, au lieu des 200.000 nouveaux emplois annuels promis par le candidat Ouattara. Il n’y a eu aucune retombée visible pour la jeunesse des marchés passés de gré à gré, en toute opacité, par le gouvernement. La politique entrepreneuriale tant vantée par l’Exécutif se révèle être une coquille vide. La politique de rattrapage ethnique prônée par le président de la République interdit un accès équitable à l’emploi public à tout un pan de la jeunesse de notre pays.
• L’explosion du coût de la vie qui frappe les Ivoiriens dans leur ensemble depuis l’arrivée au pouvoir de M. Ouattara a accru la précarité des conditions de vie des populations et de la jeunesse en particulier. En sus d’avoir du mal à vivre convenablement, les jeunes de notre pays voient leur avenir durablement hypothéqué par la désastreuse politique de surendemment pratiquée par le gouvernement, qui, au lieu d’investir comme promis « 80 milliards de FCFA de lignes de crédit à taux réduit adaptées aux financements des projets portés par les jeunes et 90 milliards de FCFA pour les appuis aux associations et aux actions diverses en faveur des jeunes », préfère les condamner à rembourser des sommes astronomiques contractées sans leur accord et dont l’utilisation sans contrôle ne leur aura pas bénéficié de quelque manière que ce soit.
• Au niveau de la santé: aucune vraie politique sanitaire n’a été mise en vigueur pour réduire les différents déficits que nous avons, et la Côte d’Ivoire demeure malheureusement un pays où la mortalité infantile du fait de la malnutrition est des plus élevées.
De ce qui précède, nous concluons avec regret que le gouvernement est plus préoccupé par la production d’effets d’annonce que par la mise en place d’une politique efficace de promotion de la jeunesse. Laissée à elle-même, oubliée, négligée, spoliée, désœuvrée, frustrée, celle-ci est de facto poussée à des actes désespérés pour vivre et survivre.
LIDER condamne avec vigueur l’instrumentalisation de la jeunesse par la classe politique à des fins violentes et belliqueuses.
Nous rappelons que la place et la valeur de la jeunesse doivent être reconnues en posant des actes concrets. À ce propos, LIDER est fier de faire confiance aux jeunes et de compter plusieurs d’entre eux au sein de la direction du parti, dont le plus jeune membre est agé de 25 ans.
LIDER estime que, dans un monde où la compétition entre les économies s’amplifie et où les populations les moins éduquées sont marginalisées et soumises aux risques de l’autoritarisme, l’enseignement ne doit plus être un moyen de domination des élites sur les populations, mais un outil de développement personnel et d’épanouissement à la disposition de tous. Chaque enfant en Côte d’Ivoire doit pouvoir bénéficier d’une éducation de qualité de la maternelle jusqu’aux plus hauts niveaux de l’enseignement supérieur.
LIDER propose une refonte du système éducatif qui passe par des réformes de fond comme la formation bilingue dès l’école maternelle afin de mieux outiller la jeunesse ivoirienne pour saisir les opportunités offertes par la mondialisation et en engageant dès l’école primaire des partenariats avec le monde de l’entreprise, pour sortir de la logique du fonctionnariat étatique et mieux répondre à la demande du marché de l’emploi. La formation continue doit progresser pour permettre au monde du travail d’avoir toujours à disposition du personnel qualifié adapté à un environnement concurrentiel en constante évolution.
LIDER soutient que la solution à la problématique du chômage ne se trouve pas dans de vagues promesses de création d’emplois au sein d’une administration étatique déjà surdimensionnée ou en poussant la jeunesse vers l’informel, mais dans la libération du talent de nos jeunes par la promotion de la culture d’entreprenariat et la simplification des procédures et des coûts de création d’entreprise. L’entreprise privée, et non l’Etat, doit devenir la principale pourvoyeuse d’emplois. Il y a par exemple des milliers de jeunes médecins qualifiés qui sont aujourd’hui au chômage ou qui exercent dans la clandestinité, quand ils ne sont pas contraints à se recycler comme vendeurs de recharges téléphoniques, alors qu’il serait aisé de les sortir de l’informel en libéralisant le domaine de la santé et en simplifiant la fiscalité.
À cet effet, LIDER projette de soutenir l’entreprise privée fragile dans les deux premières années qui suivent sa création et propose un taux d’imposition unique proportionnel et non progressif, applicable à tous, simple pour les entreprises et plus rentable pour l’Etat, sachant que le contribuable n’a plus à fuir la complexité d’un système fiscal alambiqué.
Partout dans le monde, la pauvreté recule lorsque la liberté économique augmente. Les populations doivent être libérées du poids de leur Etat pour entreprendre. L’enrichissement personnel ne doit plus être l’exclusivité des élites politiques, pour lesquelles il apparaît d’ailleurs bien souvent illicite. À l’occasion de la Journée internationale de la Jeunesse 2012, nous demandons aux jeunes de Côte d’Ivoire de ne pas perdre espoir et les rassurons que LIDER travaille à promouvoir l’excellence, le mérite et la responsabilité au sein de la jeunesse et à augmenter leurs chances de réussite par la création d’un cadre institutionnel permettant de rétablir les possibilités de concurrence dans le monde des affaires, car c’est la compétition qui est à la base du dynamisme et de la performance pour le bien-être des populations.
Fait à Abidjan le 12 août 2012
Pour la Direction du Parti
Mamadou Cissé
Délégué national à l’Emploi et à la Jeunesse
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