Par Diarra Cheick Oumar Diarra _ Libre Opinion
L’un des objectifs du chef de l’Etat est d’amener les investisseurs et hommes d’affaires de ce monde ayant plié bagages et pris la poudre d’escampette en raison du climat sociopolitique peu rassurant subséquent à la série de convulsions militaro-politiques qui ont secoué notre pays, une décennie durant, à reconsidérer leur position. Pour donner une existence matérielle à ce vœu, il faut nécessairement œuvrer à mettre en place un système sécuritaire fiable, rassurant. Toutefois, selon les constatations qui s’imposent à chacun de nous, les stratégies arrêtées pour assurer notre sécurité en nous protégeant des actions maléfiques d’individus au service exclusif du mal, vu les carences criantes qu’elles laissent percevoir, inquiètent outre mesure. Ces dernières frappes au cœur du système, au-delà de l’atrocité les caractérisant et de la condamnation unanime qu’elles ont suscité, soulèvent toute une flopée d’interrogations auxquelles de sérieuses réponses, dépassionnées et bâties suivant le strict critère de l’objectivité, doivent être apportées. De prime abord, comment comprendre qu’avec la myriade de points de contrôle et de barrages stratégiquement dressés à travers la ville d’Abidjan, de telles manœuvres subversives puissent se dérouler avec une simplicité et un succès aussi insultants ? Pour une série d’opérations parties d’Abengourou qui se trouve à plus de 200 Km de la capitale économique, comment également comprendre cette prolifération tentaculaire d’abord à Yopougon, puis à Akouédo, ensuite à Agboville… sans pour autant que des répliques appropriées, à la mesure de ces offensives, aient été apportées pour freiner définitivement ces assaillants dans leur marche qu’on pourrait qualifier de victorieuse au regard de la finalité définie : créer la psychose au sein de la population ? Selon les premiers résultats des enquêtes rendus publics par Monsieur le Ministre de l’intérieur, tous les suspects nommément désignés ont été reconnus proches de l’ex Président Laurent Gbagbo. Plus grave, nombre de ces soldats cités occupaient des postes de commandement dans la hiérarchie militaire du camp d’Akouédo. Quelle légèreté ! Comment placer sa confiance en des gens qui ont du mal à faire le deuil de la déculottée infligée à leur mentor et, qui plus est, exerçant dans un camp aussi historiquement marqué que celui d’Akouédo ? Au nom de quelles valeurs, fussent-elles divines, faut-il confier sa sécurité à d’invétérés et indécrottables ennemis ? Les concepts de réconciliation, de tolérance et de pardon exigent-ils qu’on ait plus de mémoire, qu’on baisse aussi niaisement la garde au point de se faire harakiri ? Cela apparaît d’autant plus grave que l’histoire récente montre clairement que tous les mouvements de contestations ou même d’insurrections militaires qu’ait connus la Côte d’Ivoire sont partis de ce célèbre camp d’Akouédo. Qu’on se souvienne du coup de force de 1999 ayant entraîné la chute du Président Bédié ! Des sanctions ont été prises à l’endroit d’un certain nombre de chefs de corps. Mais, je les juge insuffisantes et loin d’être proportionnelles à la dimension des fautes commises. En pareilles circonstances, il faut des mesures vigoureuses pour ne pas dire un véritable séisme allant jusqu’à l’éviction des premiers responsables triés sur le volet par le chef de l’Etat pour conduire les destinées des départements concernés par cette énième affaire qui trouble sérieusement le sommeil des ivoiriens. Que chacun soit mis devant ses responsabilités et que soit mis définitivement fin à ce protectionnisme, mieux ce paternalisme qui résonne comme une sorte de caution donnée aux incartades et bourdes professionnelles des uns et des autres.
J’ai l’impression que les mesures punitives et coercitives arrêtées jusque-là ne visent que des valets qui, dans la chaîne de commandement, sont réduits à inaugurer les chrysanthèmes et n’ont en réalité aucun pouvoir de décision. C’est exactement au même théâtre que nous avons assisté suite aux évasions récurrentes de prisonniers dans les maisons d’arrêt et de correction. En guise de représailles, on s’est contenté virer des régisseurs, sans plus ! Pour ce qui est afférent à la MACA (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan), cet établissement pénitentiaire, nous dit-on, a été réhabilité à concurrence de 2 milliards de francs CFA. Mais, grand a été mon désappointement suite aux images diffusées par la RTI 1 à la faveur de la visite de la garde des sceaux en ce lieu. C’est plutôt un établissement mal en point qu’il nous été donné de voir, avec des grillages de sécurité perforés dans tous les sens qui sont de véritables aubaines pour tout candidat à la fuite. Malgré toute la bonne volonté qui animerait un régisseur, que peut-il offrir comme service de qualité dans un tel pandémonium, un tel capharnaüm ? Est-ce un régisseur qui à conduit l’appel d’offre dans l’optique de l’exécution travaux de réhabilitation ? La manne destinée au financement des travaux était-elle détenue par un régisseur ? Personnellement, je l’ai déjà dit, je m’insurge contre cette politique de l’autruche, cette bouc-émissairisation peu courageuse de personnes dont la part de responsabilité n’est pas plus grande que celle du Directeur, du Directeur général, du Ministre… dans les fautes et déconvenues constatées. Dans les pays occidentaux qui nous servent de modèle, de telles fuites répétées dans les établissements pénitentiaires auraient sans coup férir entraîné la chute du premier responsable du département, en l’occurrence le garde des sceaux, Ministre de la Justice. Il n’aurait même pas attendu qu’on le lui demande. Les exemples, dans ce sens, sont légion. Sous le Président Sarkozy, plusieurs Ministres ont rendu le tablier, cités dans des scandales et ont été remplacés par d’autres personnes grâces à qui des rendements meilleurs ont été enregistrés. Lorsqu’un responsable affiche de réelles impérities à conduire avec efficience le département à lui confié, qu’il soit, sans autre forme de procès, remplacé.
La Côte d’Ivoire regorge de ressources humaines de qualité. Cela contribuerait à aiguiser la conscience professionnelle en chacun de nous. Toutefois, en foudroyant des exécutants sans réels pouvoirs pour se donner bonne conscience devant le peuple, on ne résout pas pour autant les problèmes qui renaissent quelquefois sous des formes beaucoup plus pernicieuses. En s’enfermant dans une telle perspective, nous ne serons jamais à l’abri des attaques, nos prisons resteront à jamais poreuses, de véritables passoires. On ne guérit pas le cancer en s’attaquant aux métastases, mais en ciblant la tumeur elle-même. La solution n’est pas non plus dans ce que un internaute a appelé ‘’rattrapage militaire’’ en confiant tous les postes commandements significatifs aux hommes de Guillaume Soro, actuel Président de l’Assemblée Nationale, qui sont tous des ressortissants de la partie septentrionale du pays. Je crois qu’ils jouent suffisamment bien leur rôle là où ils sont. Ne tribalisons pas le débat. Dans toutes les autres formations ethniques, des soldats valeureux, dignes de confiance et très attachés aux valeurs républicaines existent. Avec un peu d’efforts, on pourra les retrouver et les responsabiliser. Être un ressortissant du nord ne fait pas ipso facto de l’individu un bon et loyal serviteur du Président de la République. Dans la lutte pour la conquête du pouvoir, beaucoup de nordistes et, non des moindres, ont trahi le Président Ouattara. Le Professeur Frédéric Guédé Guina, paix à son âme, fut tout le temps qu’il resté auprès de Monsieur le Président de la République, une de ses éminences grises qui l’a servi avec loyauté. Il en est de même pour Madame la grande Chancelière de l’Ordre National, Henriette Diabaté, de Monsieur Marcel Amon Tanoh, son Directeur de cabinet…Toute analyse faite, je crois que nous sommes encore prisonniers de cette euphorie de la victoire. Vivement, qu’on sorte de ce carcan pour une saine appréciation de la réalité extérieure. Trop d’erreurs sont commises ça et là. Aidons Monsieur Ouattara, par nos sages conseils, à faire de ce pays une grande nation, un véritable havre de paix. Que Dieu nous garde !
DIARRA CHEICKH OUMAR
Professeur certifié de philosophie
Lycée moderne 1 Bondoukou
Doctorant en sciences politiques
E-mail : diarra.skououmar262@gmail.com
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