Par LEXPRESS.fr
L’ONU annonce ce jeudi que le médiateur international pour la Syrie, Kofi Annan, a démissionné de son poste et ne renouvelle pas son mandat qui expire fin août. « Je n’ai pas reçu tous les soutiens que la cause méritait », a-t-il expliqué. Les discussions sont engagées pour lui trouver un successeur.
Kofi Annan abandonne. L’ONU déclare que le médiateur international pour la Syrie a donné sa « démission ». C’est le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon qui l’annonce dans un communiqué. Le médiateur a informé l’ONU et la Ligue arabe « de son intention de ne pas renouveler son mandat quand il expirera le 31 août 2012 », indique le texte.
Les divisions persistantes au sein du Conseil de sécurité sont devenues un obstacle à la diplomatie
« Je n’ai pas reçu tous les soutiens que la cause méritait », a explique Kofi Annan, qui s’est exprimé peu après l’annonce lors d’une conférence de presse d’ONU de dernière minute à Genève. « Il y a des divisions au sein de la communauté internationale. Tout cela a compliqué mes devoirs », a ajouté le prix Nobel de la paix 2001. Il regrette que la « militarisation » du conflit et le « manque d’unanimité » aient changé son rôle.
Ban Ki-moon lui a exprimé sa « très profonde gratitude pour ses efforts courageux et déterminés » et son « profond regret » de le voir partir. Mais il également a déploré « les divisions persistantes au sein du Conseil de sécurité [qui] sont devenues un obstacle à la diplomatie, rendant le travail de tout médiateur beaucoup plus difficile ».
Face au blocage sino-russe à l’ONU
La phrase vise le blocage de trois résolutions sur la Syrie par un veto de Moscou et Pékin depuis le début de la crise syrienne en mars 2011. Blocage systématique que les Etats-Unis considèrent comme direct responsable de cette démission. « La démission d’Annan met en relief l’échec de la Russie et de la Chine pour soutenir des résolutions significatives au Conseil de sécurité contre Assad, qui auraient rendu Assad responsable », a déclaré Jay Carney, porte-parole de Barack Obama.
La Russie, alliée du régime de Bachar el-Assad, a d’ailleurs tenu à être la première à réagir, en affirmant qu’elle « regrettait » cette démission, par la voie de son ambassadeur à l’ONU. « Nous avons soutenu ses efforts », a-t-il fait valoir, qualifiant la mission d’Annan de « terriblement difficile ».
La France a estimé que cette démission « illustre l’impasse dramatique du conflit » dans ce pays. « L’envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe se retire mais l’urgence d’un cessez-le-feu, du départ de Bachar el-Assad et d’une transition politique respectant toutes les communautés syriennes est plus pressante que jamais », a jugé le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans un communiqué.
Un successeur à ce poste doit être nommé
Le secrétaire général de l’ONU a indiqué avoir entamé des consultations avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, afin de « nommer rapidement un successeur qui puisse poursuivre ces efforts de paix essentiels ».
Kofi Annan avait été nommé le 23 février dernier au poste de médiateur du conflit en Syrie. Mais son plan de paix en six points, prévoyant une cessation des combats entre gouvernement et opposition armée et une transition politique, n’a jamais pu être appliqué.
Kofi Annan, diplomate ghanéen âgé de 73 ans et ancien secrétaire général de l’ONU (1997-2006), s’était rendu trois fois sur place depuis sa nomination, en mars, mai et juillet derniers. L’envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe y avait rencontré notamment le président syrien Bachar el-Assad, mais sans pouvoir faire avancer les objectifs de son plan de paix.
La mission des observateurs est réduite
La mission d’observateurs mis en place en Syrie par l’ONU depuis avril dernier vient par ailleurs d’être réduite de moitié, à 150 hommes seulement. Le Conseil de sécurité a prolongé son mandat d’un mois, jusqu’au 19 août. Mais précise que la mission serait retirée à cette date si les conditions de sécurité et les circonstances politiques ne s’amélioraient pas très nettement.
En Syrie, plus de 20 000 personnes -dont 14 000 civils- sont mortes dans les violences depuis le début de la contestation du régime de Bachar el-Assad, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Cette contestation s’amplifie depuis l’attentat qui a tué des responsables militaires à Damas et se concentre, depuis une semaine, sur la ville d’Alep.
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