La sortie de Konan Kouadio Bertin n’était pas fortuite. Dans une interview fleuve, sous les effluves de la rose et de l’épine, le président de la jeunesse du PDCI a servi un véritable brûlot et un réquisitoire des plus virulents contre le Président Henri Konan Bédié et le RHDP. Il a d’abord fait dans le saupoudrage, en rappelant les liens de « père à fils » qui le lie au patron de son parti, son combat quasiment épique pour sa cause, au lendemain du coup d’Etat de décembre 1999, avant de lui porter l’estocade : Bédié a atteint l’âge limite. Il est trop vieux pour demeurer à la tête du parti et qui plus est, il a un bilan extrêmement négatif. Il en rajoute, la dose du désagréable. Le départ de Bédié sera sans conséquence pour le vieux parti. En lisant la longue interview, parue sur deux jours, on aura compris que KKB a commis le parricide. De là à dire qu’il était en mission commandée, il n’y a qu’un pas à franchir assez allègrement, du reste. Un coup se prépare contre Henri Konan Bédié, aux senteurs de l’humiliation et de l’ingratitude. A première vue d’ailleurs, l’analyse ne tient pas la route et l’argumentaire trop faible en consistance. KKB avance que de par son âge, et au regard des textes du PDCI, le président Henri Konan Bédié ne peut plus en être le chef. Ainsi donc, réclame t-il un congrès pour le démettre. Le président du vieux parti doit avoir entre 40 et 75 ans, or Bédié en a 78. Selon KKB, il n’est donc plus légitimé à présider aux destinées de leur formation politique. L’alibi n’est pas tenable, dans la mesure où en décembre 1993 quand il disparaissait alors qu’il tenait les rênes du PDCI, Félix Houphouët Boigny avait 88ans. Soit dix années de plus en comparaison avec l’âge actuel de Bédié.
Le complot qui se trame
Le vrai débat est ailleurs. Selon des sources bien concordantes, la sortie de Konan Kouadio Bertin est le détonateur d’une série d’actions visant à fragiliser Bédié et à le précipiter à un congrès dont l’objectif est de l’évincer. Afin de lui confier un rôle semblable à celui de la reine d’Angleterre, juste bon à inaugurer les chrysanthèmes. En somme, à le réduire à l’état de relique et de vestige. Le plan fonctionne ainsi. Après KKB, trois autres députés issus naturellement des rangs du PDCI, vont produire des déclarations similaires à la sortie du leader de la JPDCI. Ils vont ruer dans les brancards, parler de péril en la demeure et demander un congrès du renouveau. L’objectif de ces sorties est de mettre la pression sur le successeur de Félix Houphouët Boigny. Concernant la seconde phase du stratagème mis en place, trois personnalités bien connues à la Maison « verte et blanche » de Cocody vont se porter candidats à la Présidence du PDCI, pour prendre de court, Bédié et ses inconditionnels. C’est dans la droite ligne de cette cabale que KKB récuse le comité mis en place pour l’organisation dudit congrès. On l’aura compris dans l’interview, le député de Port Bouêt est très remonté, parce qu’il n’a pas eu de poste, avec l’avènement au pouvoir du RHDP. Pour lui, Bédié a fait trop la part belle au RDR. Son plan secret est donc de donner un nouveau président au PDCI, de remettre en cause l’alliance au sein du RHDP, présenter un candidat de son parti à la prochaine élection à la Magistrature Suprême. Raison pour laquelle, il banalise la primature d’Ahoussou Jeannot, fait croire que le PDCI a été floué dans le partage des postes, pour espérer créer une fronde contre Bédié. C’est la pédagogie recherchée à travers cette interview. On attend de voir la suite!
Bakary Nimaga
Le Patriote
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