«Comment un paysan rwandais ayant vécu depuis des générations sur la même colline, avec les mêmes voisins, sur les mêmes champs et dans la même pauvreté peut-il un beau matin se lever en acceptant d’aller couper la tête d’un ennemi ou incendier sa maison ?»
PERIES et SEVENAY
Le vendredi 20 juillet 2012 dernier, les FRCI et leurs supplétifs « Dozos » faisaient irruption dans deux camps de réfugiés à Nahibly tenus et protégés par les casques bleus de l’ONU. Puis, ils (FRCI et Dozos) massacraient des civils WÊ (composé de deux communautés : les Guéré et les Wobè).
1. Pas de mots de compassions, ni de visite à Duékoué
Une expression est devenue un leitmotiv pour M. Alassane Dramane Ouattara depuis son accession au pouvoir (par le coup d’Etat du 11 avril 2011). En effet, lorsque M. Ouattara s’exprime en public, il tient toujours ces propos « Je suis le président de tous les Ivoiriens ». Mais comme disait le professeur Wolé Soyinka : « Le tigre ne chante pas sa tigritude.. ». Bref, là n’est pas l’objet de nos propos. Car nous voudrions révéler, ici, que cette expression n’est, en réalité, pour M. Ouattara qu’un simple slogan, au vu de son attitude et de ses déclarations après les malheureux événements (les massacres des populations civiles) de Nahibly (à Duékoué – à l’ouest de la Côte d’Ivoire). Pourquoi, le disons-nous ? Parce que, lorsqu’on se proclame «le président de tous les Ivoiriens », le bons sens qui nous habite et nous guide, nous demande en face des événements aussi malheureux que ceux de Nahibly d’avoir des attitudes et des propos responsables. Cela se traduit :
Primo, par l’adresse des mots de compassions aux parents des victimes et leurs familles. C’est-à-dire, une déclaration d’apaisement dont l’objectif est de condamner ces actes de barbaries d’un certain âge. Cela aurait permis, d’abord, d’atténuer les douleurs des populations civiles dans cette localité, notamment les WÊ qui depuis Le 19 septembre 2002, mais plus particulièrement mars 2011 sont l’objet de génocide. Ensuite, aux yeux de la communauté nationale (les Ivoiriens et les autres populations vivant sur ce sol d’accueil qu’est la Côte d’Ivoire) de donner un vrai contenu au terme réconciliation dont M. Ouattara proclame qu’il veut en faire son « cheval de bataille ». Enfin, la Communauté Internationale (la vraie, c’est-à-dire celle qui vit en dehors du territoire ivoirien) .Elle aurait, aussi, pu accorder un crédit aux propos de M. Ouattara.
Secundo, par une visite dans cette localité, notamment dans les camps de réfugiés. Puisque M. Ouattara qui était en Chine du 17 au 20 juillet, s’est rendu seulement le 25 juillet en France. Là, même une heure aurait largement suffit. Cela lui aurait permis de se faire sa propre opinion. Et, M. Ouattara n’aurait pas paru ridicule et complice, à la limite, lors de ses interviews avec les presses occidentales.
2. Propos irresponsables de la part d’un chef d’Etat
Quatre jours après les massacres de Nahibly, M. Alassane Dramane Ouattara, sans une seule déclaration de compassion de sa part, arrive en France pour rencontrer les autorités françaises. Puis, il se rendit le vendredi 27 juillet à Londres pour « assister » à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Même si M. Ouattara n’a pu se rendre à Duékoué, le bon sens aurait voulu qu’il ne s’abstienne des propos irresponsables comme ceux en France. Lisons-les, puis nous ferons une brève analyse (surtout les expressions soulignés par nous).
D’abord, à l’interview du mercredi 25 juillet 2012 sur la chaîne TV5, il dit : « Maintenant, ce qui s’est passé à Duékoué, est parti d’un acte criminel que je condamne. Un groupe de populations a voulu se venger, ceci est inadmissible. On ne peut pas se faire justice soit même, donc je condamne la violence. Et j’ai mis en place une commission d’enquête. Nous aurons ses conclusions bientôt. Et nul ne sera épargné, je le répète. La commission d’enquête que j’ai créée, il y a de cela six mois, va rendre les conclusions de son enquête dans quelques jours. Nous allons en tirer toutes les leçons. Tout le monde passera devant la justice, sans aucune exception. ».
Enfin, la seconde interview (que vous pouvez consulter sur le site www. eventsnewstv.tv, dans les vidéos les plus populaires, la vidéo est intitulée : Alassane Dramane Ouattara dit ou bien en cliquant sur eventsnewstv.tv/musicvideo.pho?vid=2f72b952c) confirme davantage nos propos. Elle a aussi lieu le même jour. Et ce après sa rencontre avec le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, M. Alassane Dramane Ouattara déclare :
« (…) C’est une situation qui a heu, heu… dérapé. J’ai dit au ministre que je condamnais la violence. Nous considérons que cette criminalité au niveau donc de certains miliciens qui ont attaqué des populations civiles comme l’attaque du camp des refugiés sont des choses inacceptables. Nous avons une commission d’enquête qui est en cours de faire son travail. À l’issue de ce travail, les juges prendront donc le dossier et ceux qui ont commis les crimes seront punis. ».
À la question du journaliste : « On parle, à l’ouest, des seigneurs de guerre issus du Burkina Faso, êtes-vous au courant ? »,
M. Alassane Ouattara répond : « Attendez que la commission nationale fasse son travail. Et, à l’issue de ce travail, il n’y aura pas d’impunité. Tous ceux qui ont commis des actes seront transférés à la justice. »
Dans ces deux interviews, on note des incongruités et des aberrations d’Alassane Dramane Ouattara. Surtout qu’il se proclame président de tous les Ivoiriens.
Premièrement, M. Ouattara parle-il des mêmes faits que tout le monde ? En effet, pendant que l’on évoque des massacres de Nahibly qui ont lieu, il y a à peine quatre jours, lui parle d’une commission d’enquête nationale créée, selon lui, il y a de cela six (6) mois. Une manière de dire, attendez une autre commission dans six mois pour ces massacres.
Deuxièmement, M. Ouattara nous informe, surtout dans la seconde interview, qu’il était au courant voire un ou le commanditaire de l’attaque de Nahibly. En effet, il dit : c’est une situation qui (…) dérapé. Cette situation a dérapé par rapport à quoi ? Ou bien cela signifie comme il le dit lui-même qu’il fallait que ses hommes (les FRCI et leurs supplétifs Dozos) « corrigent » simplement les Wê qu’il qualifie de miliciens. Mais, peut-être, ceux commis à la tâche ont un peu exagéré (ont dérapé), transformant la correction en massacres. !!!
Troisièmement, M. Ouattara est, ici, dans un rôle de juge et partie. Car il parle, d’une part, de vengeance qu’il trouve à la limite légitime. D’autre part, il parle de commission qui fait son travail. Quel travail crédible peut-elle faire si certains sont déjà exemptés ?
Quatrièmenet, M. Ouattara est d’une cécité incroyable. Alors qu’il évoque l’existence de milices imaginaires dans ces camps de réfugiés – surveillés et gardés par les forces de l’ONU. Ce dont il n’a auparavant jamais parlé. Par contre, il ignore tout des seigneurs de guerre dont le tristement célèbre Amadé Ouéremi (à l’état civil Ouédraogo Rémi) dans la forêt du Mont Péko, membre des Forces Nouvelles, puis des FRCI après le 17 mars 2011 dont l’ONU. Lisons ensemble cet extrait de l’article du journal « l’Inter » 31/7/ 2012 signé Hamadou ZIAO:
« Toute chose qui démontre la dangerosité de cette forêt devenue un camp militaire sur lequel règne Amadé Ouéremi. (…) des organismes internationaux de défense des droits de l’Homme (Human Rights Watch, et Amnesty International) dont les différents rapports l’épinglent bien souvent pour des cas de violations « graves » des droits de l’Homme dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Des tueries et massacres qui ont été perpétrés à Duékoué sont mis sur le compte de ce national burkinabé. Ses hommes et lui ont été notamment accusés dans un rapport de l’ONU publié en mai 2011, d’être les auteurs des massacres du quartier Carrefour, toujours à Duekoué pendant la bataille post-électorale. Dans son dernier rapport pour l’année 2011 rendu public le lundi 23 juillet dernier, la Commission nationale des droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) a encore cité Amadé Ouéremi et ses combattants comme les instruments de la spoliation des terres des autochtones guéré au profit des allogènes burkinabé.»
Conclusion
M. Alassane Dramane Ouattara, qui s’autoproclame le président de tous les Ivoiriens n’agit pas de manière conséquente. Son attitude et ses propos, au vu des malheureux massacres à Nahibly assertent de la flagrante contradiction entre ses dires et ses actes. Les questions qui nous hantent est pourquoi ? Est-ce due à son rôle de « préfet » qui lui confère des obligations vis-à-vis de ses maîtres? Ou alors veut-il décimer une grande partie de la population pour son rattrapage ethnique ? Dans ces cas l’Afrique digne s’opposera à lui. Cependant, il lui est loisible de faire sienne cette pensée de président Ahmed Sékou Touré : « La dignité est la parfaite harmonie entre ce que l’on dit et ce que l’on fait ». Sinon ses slogans « vivre ensemble » et « je suis le président de tous les Ivoiriens » ne seront que vains mots. Ce qui, bien évidemment, entraînera une difficile voire impossible réconciliation entre les Ivoiriens, en particulier, et les populations vivant en Côte d’Ivoire, en général. Et nous craignons, dans sa manière de procéder, le pire pour les populations, singulièrement les Wê. Le malheureux génocide rwandais est encore vivant dans nos mémoires.
Tapé GROUBERA
Président du Mouvement pour la Renaissance de l’Afrique (MORAf)
m.moraf@yahoo.fr
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