Interview exclusive (suite et fin): Kouadio Konan Bertin dit KKB charge encore A propos de l’augmentation des frais à l’Université : « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu »
Sylla A. Source: Soir Info
Pour le président de la Jpdci, « Banny ne pourra pas imposer la réconciliation aux Ivoiriens s’ils ne veulent pas »
Processus de réconciliation nationale. Primature dirigée par Jeannot Ahoussou. Dialogue direct pouvoir-Fpi. Audience de Gbagbo. Blé Goudé…Kouadio Konan Bertin dit KKB charge, à nouveau, dans cette seconde partie de l’Interview qu’il nous a accordée. Sans porter de gant, le leader de la Jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (JPdci) assène ses vérités. Sans hypocrisie, jure-t-il !
Comment voyez-vous l’horizon de la Cdvr qui a été confiée à Banny ? Pensez-vous que cette structure va-t-elle réussir sa mission ?
Kouadio Konan Bertin : Ecoutez, j’ai mon idée sur la réconciliation. Il faut encore que les Ivoiriens eux-mêmes veuillent aller à la réconciliation. Il faut que ce soit une volonté clairement affichée de part et d’autre. Que ce soit une volonté même politique.
Vous pensez que ce n’est pas le cas en ce moment ?
K.K.B : Je ne pense pas que l’on veuille aller à la réconciliation. C’est ma vision. C’est mon analyse…
Dans tous les camps y compris au Rdr comme dans l’opposition ?
K.K.B : Je ne pense pas que les Ivoiriens aient compris qu’aller à la réconciliation est une nécessité, qu’elle s’impose à tous. Qu’unis, rien ne pourra nous résister. En tant que peuple ivoirien, pour l’heure, je ne pense pas que les Ivoiriens aient compris ce besoin urgent d’aller à la réconciliation.
Quels repères avez-vous pour faire une telle affirmation ?
K.K.B : Les éléments sont là. Pêle-mêle, on reviendra là-dessus plus tard.
Donc pour vous, Banny prêche dans le désert, il n’a pas réussi sa mission ?
K.K.B : Je n’ai jamais dis ça. Banny est issu d’une école, d’une philosophie, celle que vous connaissez tous, du Pdci-Rda. Une école de dialogue, de paix. Je le vois à l’ouvrage. Et, je vous l’ai déjà dit : il a le soutien du Pdci-Rda, dont les jeunes du Pdci. On ne peut que lui souhaiter bon vent et plein succès dans ce qu’il fait. Et je pense que Banny a les qualités pour réussir une telle mission. Mais, encore faut-il que les Ivoiriens acceptent d’aller à la réconciliation. Parce que malheureusement, Banny ne pourra pas imposer la réconciliation aux Ivoiriens s’ils ne veulent pas.
Pensez-vous que dans le contexte actuel, justice et réconciliation peuvent aller de pair ?
K.K.B : Je le pense. Si la justice nous permet de situer les responsabilités des uns et des autres, si par la justice on peut clarifier les choses pour que la vérité éclate, oui à partir de ce moment, la Côte d’Ivoire étant la Côte d’Ivoire, un pays de paix, de dialogue, de pardon, de tolérance, tout est possible entre Ivoiriens, entre frères. Quand on a fini la partie justice, le reste c’est une question de politique. A partir du concept du « revivre ensemble », tout est possible. On peut se comprendre. Moi, j’y crois.
Vous êtes d’avis avec ceux qui disent qu’il y a une justice des vainqueurs ?
K.K.B : Ecoutez, pour l’instant je vous ai dit ce que j’observe, apprécions.
Il est connu que vous êtes proche de Blé Goudé qui est aujourd’hui exil, c’est votre ami. Est-ce que si on vous donnait la responsabilité d’aller le chercher pour le ramener au pays, vous pourriez le faire ? Alliez-vous accepter une telle mission ?
K.K.B : C’est clair : je ne suis pas homme à évoluer dans le clair-obscur. Je sais qu’il y a beaucoup de militants au Pdci-Rda qui se sentent offusqués par mes relations avec les uns et les autres. Moi, je ne suis pas venu à la politique pour me faire des ennemis. Le hasard des choses a voulu que je sois étudiant à l’Université de Cocody, là où les moyens de mes parents me permettaient d’aller à l’école. C’est là que j’ai rencontré Blé Goudé. C’est la que j’ai rencontré Guillaume Soro. D’ailleurs, c’est Guillaume Soro qui m’a envoyé Blé Goudé pour la première fois. Je suis ami à Guillaume Soro. Je suis ami à Blé Goudé. Je suis ami à tous les autres. Ils sont ce qu’ils sont. Ils ont leurs convictions politiques, moi j’ai les miennes. Mais je ne peux pas dire que je ne connais pas Blé Goudé parce que ça ferait plaisir. Non, je suis désolé ! Maintenant, je n’ai aucune nouvelle de lui. Je ne sais pas où il est pour l’instant. Moi, je suis un Ivoirien. Je suis un soldat. Si la République estime que je peux servir à tel ou tel niveau, on me donne une feuille de route, on me confie des responsabilités, je les assumerais pleinement. Parce que moi, je suis un pur produit du Pdci. J’ai été élevé au sens du dialogue, de l’ouverture, de la tolérance, du pardon, de la réconciliation, du rassemblement. Voici ces valeurs qui ont construit la Côte d’Ivoire. Un bon militant du Pdci-Rda doit être un homme d’ouverture, un homme de dialogue. On ne dialogue pas avec soi-même. On dialogue avec quelqu’un qu’on a en face. Si demain j’ai l’occasion de dialoguer avec Blé Goudé, je le ferai.
Au cours du débat qui a précédé le second tour de la présidentielle de 2010, Blé Goudé a révélé à la face du monde que vous lui avez confié, en privé, que jamais, vous n’appellerez à voter pour Alassane Ouattara. Et pourquoi, vous n’avez pas réagi à cette révélation?
K.K.B : Ah si, j’ai réagi.
Non, vous avez réagi avec un sourire !
K.K.B : Voyez-vous, c’était sa parole contre la mienne. Et puis, je n’avais pas besoin de dire à Blé Goudé que j’aurais du mal à appeler à voter Alassane Ouattara, puisque j’ai appelé à voter Alassane Ouattara. Je sais que mon ami aurait bien voulu que nous fassions campagne pour son candidat. Ce qu’il n’a pas obtenu de moi. Qu’il ait fait cette boutade, bon c’est un frère. Je peux vous dire par la suite, tout le monde a regretté ce qu’il a fait. Voulait-il faire de la politique ? Qu’est-ce qu’il voulait faire ? Je ne sais pas. Mais, moi, ça ne peut pas m’ébranler. Parce que j’ai mes convictions. Si ma conviction était de ne pas faire campagne pour Alassane Ouattara, rien ne m’empêchait de le dire. Et je l’aurais dis. Et je n’aurais pas fais campagne pour Alassane Ouattara. Oui, à cette époque, je pensais qu’il fallait faire campagne pour Ouattara. Je l’ai fais au grand jour. Aujourd’hui, dans des journaux (…), j’entends beaucoup de choses. Je suis décris comme celui dont la mère est Dida. C’est vrai que mon père est Baoulé et que ma mère est Dida. Mais, je n’ai pas demandé à naître d’une mère et d’un père Baoulé. Et, je dis à tous ceux qui veulent l’entendre que je suis fier d’être le fruit de ce métissage. Je suis très fier de cela. Ma mère a toujours été Dida et j’ai pris position pour Bédié quand il était en exil. Ma mère était Dida quand je suis allé m’asseoir à la mairie de Treichville avec Blé Guirao à qui je rends hommage, avec Odjé Tiakoré que je salue au passage, pour jeter les bases du Rjdp (Rassemblement des jeunes pour la démocratie et la paix, Ndlr). Au moment où, au sommet des trois partis, personne ne voulait entendre parler de son camarade. Je sais que ça m’a coûté au Pdci-Rda, d’aller m’asseoir à la mairie d’Adjamé avec des jeunes de partis qu’on considérait comme des putschistes, aux mains ensanglantées. Oui, je sais ce qu’on m’a dit, ce qu’on m’a reproché. Je l’ai fait parce que j’y croyais. Et j’ai dit au président Bédié à l’époque, que c’est la voie du salut. J’ai insisté pour rester avec mes amis jusqu’à ce que le Rjdp donne naissance au Rhdp. Aujourd’hui, alors que ça nous a porté au pouvoir, l’on ne veut rien nous accorder, on ne veut pas nous donner notre part.
On ne veut pas vous donner votre part ?
K.K.B : Oui. Mais, on n’est pas obligé de nous tirer dessus. Moi je n’attends rien des individus, mais on n’est pas obligé de me tirer là-dessus, de me faire passer pour celui qui est contre le Rhdp, contre Alassane Ouattara. Je suis désolé ! Et les gens sont là. Zémogo est vivant. Amadou Gon Coulibaly est vivant. Bictogo (Adama) est vivant. Ils savent le combat que nous avons mené quand Ouattara était en exil pour qu’il y ait rapprochement entre Bédié et Ouattara. On ne peut pas aujourd’hui dire que KKB est contre le Rhdp. Je dis que nous avons, au sein du Pdci-Rda, des préoccupations, portant sur l’avenir de notre structure. On en parle sans pour autant qu’on apparaisse comme étant opposés à Alassane Ouattara.
Est-ce qu’il est vrai que le Pdci est à la remorque du Rdr ?
K.K.B : Pour l’heure, je le dis et je l’assume : qu’est ce qui a changé dans la situation du Pdci-Rda ? Sous Gbagbo, nous avions eu un Premier ministre : Charles Konan Banny. Nous avions Laurent Dona Fologo, Président du Conseil économique et social. Nous avions 8 portefeuilles ministériels. Ça n’a pas évolué. Nous avons gardé, même quand on est au pouvoir les mêmes 8 portefeuilles sur la quarantaine de ministres. Sous Gbagbo, nous avions le ministère des infrastructures économiques. Le Pdci n’avait pas accès au port, au temps où Gossio était là. Mais, aujourd’hui, le Pdci n’a pas accès au port, nous n’avons pas accès à l’aéroport. Ce qui a changé, c’est que cette minorité qui est là aujourd’hui, elle est accompagnée par Bédié. Puisque, la première fois, Bédié n’avait pas nommé les Fologo. C’est tout ce qui a changé. Donc, à partir de là, c’est clair. Je ne peux pas penser que nous sommes traités comme il se doit dans une alliance qui nous respecte et qui tient compte de nous. Et ce n’est pas moi quand même qui ai dit au bureau politique que notre histoire s’apparente à celle du cheval et du cavalier.
Vous confirmez que c’est Bédié qui l’a dit ?
K.K.B : C’est bien Bédié qui l’a dit. Mais il l’a dit en connaissance de cause. Il y a un malaise. On a fini le Golf, on est revenus. Jusqu’aujourd’hui, je conduis les jeunes du Pdci-Rda dans cette bataille. J’ai encore mes jeunes sous les bras. Tous sont au chômage. Leur situation n’a pas changé, deux ans après. Comment voulez-vous que je m’imagine un seul instant que ma situation a changé, que les choses vont mieux ? C’est être hypocrite. Ce n’est pas aimer le Pdci-Rda. Et, je pense que ce parti mérite mieux que la situation actuelle dans laquelle il se trouve. Et le dire, ce n’est pas être contre quelqu’un. Le dire ce n’est pas chercher à faire tomber quelqu’un.
A l’Assemblée nationale, vous n’avez que 88 députés. Quel rôle comptez-vous jouer et quel peut être votre influence avec ce nombre de sièges ?
K.K.B : Ce n’est quand même pas négligeable, les 88 députés !
Oui mais, vous aviez 97 députés en 2000 !
K.K.B : Oui, mais nous avions plus que ça, bien avant. On avait 150 avant.
Mais, ce nombre décroit.
K.K.B : Oui, c’est la preuve que le Pdci va mal. Or, depuis la mort du président Houphouët, je suis au regret de le dire, sans vouloir choquer personne, nous n’avons pas une tenue de combat.
Avec Bédié ?
K.K.B : Mais, l’histoire retiendra, qu’après Houphouët, le Pdci n’a eu qu’un seul responsable, un seul leader, il s’appelle Bédié. Donc, on ne peut pas nier la responsabilité du président Bédié dans le bilan du Pdci bon ou mauvais. C’est en cela que les Blancs seront toujours ce qu’ils sont et nous seront toujours ce que nous sommes. Quand Nicolas Sarkozy a perdu la présidentielle en France, devant la nation entière, il a assumé la défaite, en tant que premier responsable. Mais chez nous, tout le monde peut être responsable de la défaite, sauf le chef. Mais enfin, c’est quoi cette histoire ? Oui, l’histoire retiendra qu’après Houphouët, on a eu un seul leader, Bédié. Donc, inévitablement, le bilan du Pdci après Houphouët, est celui de Bédié. S’il est bon alors, Bédié a bien travaillé. De 180, de 150 députés, nous sommes passés à 77, aujourd’hui à 50 et demain à combien ? Je ne sais pas.
Pour vous, le bilan est négatif ?
K.K.B : Le bilan du Pdci est négatif. Le Pdci se meurt. Et ce n’est pas moi qui ai dit qu’il est rabougri. C’est Jeannot Ahoussou-Kouadio, le Premier ministre du Pdci-Rda, qui a dit que le Pdci est rabougri. Est-ce qu’on peut en être fier ? Mais moi je dis non ! Le Pdci n’est pas rabougri.
Que répondez-vous alors à ceux qui disent qu’il faut fusionner avec le Rdr étant donné que le Pdci est rabougri ?
K.K.B : Alors, dans ce cas, je vous renvoie à une formule, à une pensée de Djéni Kobenan. Djéni Kobenan, à la naissance du Rdr, a dit ceci : « Nous allons transformer le Pdci-Rda en l’état de relique au nord et de vestige au sud ». Est-ce que 15 ou 17 ans après, le but n’est pas atteint ? Oui, je suis au regret de reconnaître la réalité. Si c’était ça le programme du Rdr, il a été atteint, parce que le Pdci-Rda est aujourd’hui à l’état de relique au nord et de vestige au sud. Quand on regarde ça, alors on nous dit que le Pdci n’a pas d’autre choix que de s’aliéner s’il veut avoir quelques chances de survie. Mais non, je dis que le Pdci-Rda n’est ni rabougri ni mort. Sauf qu’il ressemble à un troupeau de bœufs qui n’a pas de berger. Alors les animaux vont dans tous les sens, donnant l’impression qu’il est rabougri. Mais, le jour où le Pdci aura un berger, qui va rassembler tous ses animaux, tous ses fils, toutes ses filles sur les valeurs initiales qu’Houphouët nous a données, vous verrez bien que c’est un groupe compact, qui n’est pas rabougri, qui peut reprendre le pouvoir et qui peut gouverner. Parce que sa mission, je l’ai dit, la vocation du Pdci, c’est de bâtir la Côte d’Ivoire. Et vous vous rendez bien compte que tant que le Pdci se porte bien, la Côte d’Ivoire se porte bien. Aussi longtemps que le Pdci se portera mal, la Côte d’Ivoire sera ce qu’elle sera. C’est pourquoi, j’appelle les jeunes de Côte d’Ivoire, qui doivent faire confiance à leurs sens, rien qu’à regarder la Côte d’Ivoire, rien qu’à voir autour d’eux, à écouter, pour leur dire que le Pdci-Rda peut encore faire rêver la Côte d’ Ivoire. Et peut bâtir la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, je vous dis, le Pdci, Houphouët nous l’a donné en héritage, un héritage, il s’assume, il se fructifie, il ne s’aliène pas. Et, nous avons la responsabilité, le devoir de faire en sorte que le Pdci vive, et il vivra.
Quelle lecture faites-vous de la position du Fpi qui veut un dialogue direct avec le pouvoir?
K.K.B : Là encore, je vais décevoir des gens. Je sais qu’on va me tirer dessus, mais je préfère dire ce que je pense dans l’intérêt unique de la Côte d’Ivoire. Voyez-vous, le Fpi est pris lui-même à son propre piège.
Comment ?
K.K.B : Je vous explique. Parvenus au pouvoir, Gbagbo et le Fpi ont pensé affaiblir le Pdci-Rda en débauchant ses cadres. Ils en ont fait leurs alliés. Il y en a qui ont créé des partis qui, en réalité, n’ont pas de contenu. Vous le savez bien. Et quand il était au pouvoir, Gbagbo se servait d’eux pour narguer le Pdci-Rda. Aujourd’hui eux-aussi se considèrent comme des partis politiques à part entière et qui doivent siéger avec le Fpi. Si on a gouverné ensemble, c’est ensemble qu’on doit régler les problèmes. Donc le Fpi se retrouve pris à son propre piège. Mais, nous qui sommes au pouvoir, est-ce que nous devons reprendre les mêmes erreurs du Fpi ? Non, c’est pourquoi moi, je suis en train d’envisager de proposer une loi pour mettre fin au nomadisme politique en Côte d’Ivoire. Parce qu’il y a ces gens qui sont dangereux pour la République, pour la nation.
Vous voulez empêchera des gens de jouir de leur liberté de choix, de leur liberté de choix, de leur liberté d’opinion ?
K.K.B : Dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire, ça sera peut être possible. Alors les mêmes qui, hier, ont prospéré sous Gbagbo, c’est aujourd’hui les mêmes qui, en l’espace d’un an et demi, deviennent des pro-Ouattara. Qui aiment Alassane Ouattara. Moi je pense que, si on veut vraiment aller à la réconciliation, on connaît la situation de leur groupe. Il y a le Fpi et les autres. Si le Fpi estime qu’il faut qu’on le prenne en tant que Fpi, quel mal y a-t-il ? Est-ce que ce que les autres veulent dire au pouvoir, ils ne peuvent pas le dire séparément de ceux du Fpi ? Moi, je pense que c’est possible. Dans ce cas-là, on reçoit les autres. Qui, apparemment, sont déjà acquis. Et puis, le noyau qui pose problème, on traite directement avec ce noyau-là. Moi je dis, on ne peut pas biaiser avec la réconciliation. On ne doit pas biaiser avec la réconciliation. On ne discute qu’avec l’adversaire. L’adversaire s’appelle le Fpi. Débarrasser le Fpi des oripeaux, regardons-les en face et parlons avec eux. Ça pose un problème à quelqu’un qu’il en soit ainsi ?
Est-ce qu’une réconciliation est possible en Côte d’Ivoire sans la libération de Laurent Gbagbo, comme le disent ses partisans?
K.K.B : On ne peut pas faire de la libération de Gbagbo, une condition pour aller à la réconciliation. Ce n’est pas nous qui l’avons mis en prison. C’est la Cpi qui l’a mis là où il est.
Cela s’est fait avec la coopération de l’Etat ivoirien !
K.K.B : Oui, mais si on fait confiance à la Cpi, laissons l’aspect droit suivre son cours. Finissons-en avec les jugements. Finissons-en avec tout ce qu’il y a autour et que les verdicts soient connus. A partir de là, je vous ai dit que nous sommes en Côte d’Ivoire. C’est un pays qui a une culture, une tradition…
Le constat est que la balance de la justice pèse trop sur le Fpi. Il n’y a pas d’arrestations dans l’autre camp, alors quelle analyse faites-vous de cette situation ?
K.K.B : Moi je m’en tiens au discours officiel. Je reconnais qu’une fois, le président Ouattara nous a demandé de ne pas faire de distinctions entre les morts qu’il y a eu pendant la guerre. Il y a eu des morts dans tous les camps. Et ce sont des Ivoiriens qui sont morts. Toutes ces vérités doivent être sues de tout le monde. Donc, je pense qu’a priori, on ne peut pas douter des uns et des autres. On dit que la justice doit être juste pour la Côte d’Ivoire, pour l’ensemble des Ivoiriens pour que les décisions qui vont en découler soient crédibles et soutenues. Donc, je fais confiance. On a engagé un processus. Attendons à la fin pour voir si c’est seulement d’un côté que la balance va peser.
Quel est votre avis sur la question du couplage des municipales et des régionales ?
K.K.B : Pour l’instant, sur les questions du couplage, il n’y a pas de précisions. Le principe est acquis, mais en termes concrets, comment ça va se dérouler. On n’a pas encore ça. Je ne sais pas pour l’instant. Nous ne savons pas ce que ça veut dire que coupler des élections.
Donc, vous émettez des réserves ?
K.K.B : On attend qu’on nous explique, si c’est faisable, on le fait. C’est à partir des explications qu’on aura que nous ferons des jugements parce qu’on n’est pas habitués à ça. Donc, je ne peux pas juger a priori quelque chose que je ne connais pas.
Quels commentaires faites-vous de la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire?
K.K.B : La sécurité en Côte d’Ivoire demeure toujours préoccupante. Et ce n’est pas les évènements qu’on vit là qui vont nous dire le contraire. C’est une situation préoccupante et il faut qu’on s’y penche de façon toute particulière.
Comment appréciez-vous le refus de la Cpi d’accorder la liberté provisoire à Laurent Gbagbo et que répondez-vous quand l’une des raisons qu’elle avance est que l’ex-président ivoirien va fuir ?
K.K.B : Moi, tout ce qui touche au droit -parce que ce n’est pas mon domaine- j’y fait confiance. Et puis, j’estime quand même qu’une justice comme la Cpi mérite qu’on lui fasse confiance. Depuis le premier jour, je me suis inscrit dans cette logique de lui faire confiance. Elle a eu quelques éléments d’appréciation pour le dire. Mais je ne pense pas que ce soit parce que Gbagbo va fuir (éclats de rire, Ndlr). Gbagbo va fuir pour aller où ? Gbagbo va fuir pour aller où sur cette terre des hommes et la Cpi ne pourra pas aller le chercher ?
Donc, c’est un argument fallacieux ?
K.K.B : Je n’ai pas dit qu’il est fallacieux. C’est aux avocats de Gbagbo de faire la défense. S’ils se sont pliés, c’est que l’autre camp a envoyé plus d’éléments pour qu’il en soit ainsi. Allons-y jusqu’au bout. Le plus important, ce n’est pas la liberté provisoire. Le plus important, c’est le verdict final. Et pour Gbagbo lui-même et pour la Côte d’Ivoire, ce qui compte, c’est le verdict final et non les quelques situations qu’on peut trouver en route. Liberté ou pas liberté ? La Côte d’Ivoire attend surtout le verdict de ce jugement.
Etes-vous d’accord que les frais d’inscription dans les Universités publiques passent de 6000 F cfa à 100 000 F cfa, 200 000 F cfa voire 300 000 F cfa, 400 000 F cfa, selon les cycles ?
K.K.B : Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu.
En d’autres termes ?
K.K.B : Les Ivoiriens comprendront qu’il faut que le Pdci revienne un jour au pouvoir.
Donc Ouattara n’est pas la solution, n’a pas la solution ?
K.K.B : Je n’ai pas dit qu’il n’a pas la solution, c’est une solution qu’il propose aux Ivoiriens.
C’est un problème ou une solution ?
K.K.B : C’est une solution qu’il propose aux Ivoiriens.
Expliquez-nous ce que vous voulez dire ?
K.K.B : Je crois que les montants qui ont été fixés tiennent compte des réalités du terrain. Il me semble quand même qu’il y avait eu une levée de boucliers quand Gbagbo a voulu essayer à 50 000. 100 000, 200 000, 300 000…bon, c’est un dossier à suivre. Autant dire que notre Université est privatisée.
L’histoire retiendra que cela a été fait sous la primature du Pdci !
K.K.B : Ah oui, Ahoussou Jeannot. Vous savez, la difficulté dans notre affaire, c’est qu’Alassane (Ouattara) est convaincu que le Pdci est Bédié. Donc tant que lui et Bédié s’entendent, de facto, il s’entend avec le Pdci-Rda. Or, vous savez très bien, je vous ai dit une chose tout à l’heure : la question du parti unifié, peut-être en ont-ils parlé à deux, mais ça n’a jamais fait l’objet de débats chez nous. Donc toutes ces choses ne nous engagent pas forcément. Alors, là où Alassane risque de se tromper, c’est qu’en croyant que le Pdci c’est Bédié, pour ne pas avoir à discuter ou à écouter avec le Pdci-Rda, je crains fort qu’avec le temps, le Pdci ne se désolidarise des décisions que lui et Bédié prennent. Parce que le Pdci ne se sentira sans doute pas concerné par ce qui se passe. Parce que personne, en tout cas en ce qui nous concerne au Pdci-Rda, n’est associé à rien dans tout ce qui se passe. Je peux le dire : aucun vice-président n’est associé ni consulté. Le Conseil politique n’est associé à rien. Le Secrétariat (général), non plus. Les jeunes, quand ils ouvrent la bouche, vous savez le sort qui leur est réservé. Dans ces conditions, écoutez l’esclave appartient au maître, mais c’est le maître qui rêve de l’esclave. Et au moment venu, nous ne sommes pas obligés de nous reconnaître dans des décisions qui se prennent sans nous. C’est le risque que nous courons à court terme, à moyen terme. Et puis entre nous, je vous ai dépeint la situation. Alassane Ouattara a été Premier ministre dans ce pays. Avez-vous le sentiment qu’Alassane Ouattara a donné le poste de Primature au Pdci ? Le Pdci n’a que le Premier des ministres. Premier ministre et Premier des ministres, il y a nuance !
C’est qui alors le vrai Premier ministre ?
K.K.B : Je n’en sais rien, mais en tout cas, nous avons au Pdci le Premier des ministres, nous n’avons pas la primature. Ça, je le dis avec force !
Vous voulez dire que Jeannot Ahoussou-Kouadio n’a pas de pouvoir ?
K.K.B : C’est à lui-même de le dire et non pas à moi de le dire.
Voulez-dire que Jeannot Ahoussou-Kouadio n’assume pas les réalités du pouvoir ?
K.K.B : Mais, ce n’est pas à moi de le dire. Approchez-le ! Demandez aux uns et aux très, mais pourquoi les gens veulent transformer la politique en une scène d’hypocrisie et de cinéma ? L’art de dire et de faire exactement le contraire de ce qu’on pense, de ce qu’on vit? Pourquoi ? Non !!!!!!!!(Il s’emporte, Ndlr). La politique, c’est plus noble et sérieux que ça. Je vous dis et je l’assume : le Pdci n’a pas la Primature. Nous avons le Premier des ministres, mais nous n’avons pas le Premier ministre. Et ce n’est pas à Ouattara que j’apprendrais ça. Il a été Premier ministre sous Houphouët dans ce même régime présidentiel fort.
Expliquez-nous de façon assez profonde le constat que vous faites ? Sur la base de quoi vous faites une telle affirmation?
K.K.B : Regardez d’abord la composition du gouvernement ! Donnez-moi le nom d’un seul des ministres qu’Ahoussou a proposé dans ce gouvernement en tant que Premier ministre, qui forme le gouvernement ?
Mais, tout cela s’est fait avec Bédié non ?
K.K.B : Je vous dis donnez-moi le nom d’un seul ministre qu’Ahoussou a proposé dans ce gouvernement en dehors des 8 que nous connaissons et qui étaient déjà là sous Gbagbo et qui sont rentrés ? Aucun ! Et puis la suite, Ahoussou est arrivé quand tous les Dg avaient été déjà nommés.
Pour finir, il est important que je dise que quand j’ai engagé ce combat, j’ai essuyé beaucoup de méchancetés. Je suis resté serein. A une personne qui me demandait si je pense que j’aurais raison dans mon nouveau combat, je lui ai répondu que je le renvoyais à Anatole France. Qui dit que « nous avons raison parce que nous aurons raison ». Au regard des événements actuels, je peux dire que nous avons raison maintenant. Et, nous avons raison de commencer. Pour revenir à Chirac, il a dit que quoiqu’on fasse, il y aura toujours des mécontents. Evidemment, il y aura des gens pour me traiter de tous les noms. Mais à ceux-là, je dis que ma conscience me commande de voir toujours plus loin et de ne faire mes choix qu’en fonction de l’intérêt de la collectivité. Je ne cherche pas forcement à recueillir des dividendes personnelles. Même si le comité actuel que Bédié a publié doit rester en l’état et que le congrès doit s’organiser sans que je ne sois dans une commission, il n’y a pas de problème. Pourvu que le congrès s’organise. Je ne prêche pas pour ma propre chapelle. Et, je suis constant !
En parlant du congrès, personne n’est contre Bédié. Bien au contraire ! Mais, à côté de nous, le monde évolue. Donc, le Pdci doit faire sa mue (…). Ceux qui aspirent à diriger le Pdci doivent, préalablement, répondre à une question : Que voulez-vous en faire ? C’est la réponse à cette question qui va déterminer la suite. Ceux qui sont convaincus d’avance que le Pdci n’a pas d’autre avenir que de s’aliéner n’ont aucune chance !
Par Sylla A.
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