Réalisée par Séry Pouamon à Washington, DC –
Source: Lebanco.net
La 19è conférence internationale sur le SIDA 2012 autour du thème « inverser ensemble le cours de l’épidémie » qui a débuté le Dimanche 22juillet 2012 à Washington, DC et qui a rassemblé plus de 24000 professionnels du Sida en provenance de 195 pays a pris fin le vendredi 27 juillet 2012. La Côte d’Ivoire était représentée à ce grand rendez-vous scientifique par son ministre de la santé et de la lutte contre le SIDA le Professeur Thérèse N’Dri-Yoman. Elle s’est confiée à Lebanco.net. Interview.
Madame la ministre vous venez de participer à la 19ème Conférence mondiale sur le sida quelles sont vos impressions ?
Pr Thérèse N’dri Yoman : Mes premières impressions c’est que cette conférence a été un grand succès dans la lutte contre le VIH/SIDA surtout pour l’option que nous venons de prendre l’engagement de toute la communauté international et civile, les autorités au haut niveau pour pouvoir faire fléchir la tendance parce que cette année le thème : ensemble renversons la tendance c’est à dire que nous pensons viser un autre but dans le cas de la lutte contre le VIH/SIDA
En Côte d’Ivoire quelles seront les bénéfices de cette conférence à laquelle vous venez de participer ?
Déjà notre présence est importante. Ce n’est pas une présence simplement parce que nous ne sommes pas venus faire comme les autres, nous sommes venus avec une forte délégation et il y a eu des posters qui ont été affichés sur des thèmes importants surtout les partages d’expérience de la Côte d’Ivoire notamment l’instauration du fond mondial de lutte contre le sida. Avec la campagne petite monnaie nous avons la disponibilité et la distribution des ARV même pendant la période de crise ce sont des expériences importantes qui ont été partagées sur des posters, nous avons eu aussi un stand, celui du fond national contre le sida et un stand de la communauté des personnes vivant avec le VIH.
Les ONG se plaignent de ne pas avoir de fond pour pouvoir soutenir les malades, à quoi sert réellement ce fond national ?
La problématique des ONG est délicate parce que voyez-vous, on dit organisation non gouvernementale normalement ce n’est pas le gouvernement qui doit supporter les ONG nous voyons une dérive, l’on crée des ONG comme des petits métiers et on attend que l’Etat subventionne ce n’est pas cela le rôle de l’ONG qui doit mobiliser des ressources en dehors de l’Etat. Nous ne pouvons qu’apporter une subvention, elle ne peut pas permettre de mener les activités donc je pense qu’il y a une certaine reconversion des mentalités des responsables d’ONG qu’il faudrait faire. On ne peut pas attendre de l’Etat une subvention pour fonctionner.
80% des fonds du sida viennent de bailleurs de fonds. N’est-il pas dangereux cette dépendance étrangère ?
Si. Cette dépendance a été déjà dénoncée parce que depuis le début même de la mise en place de tous les fonds qui soutiennent la lutte contre le VIH Sida en Côte d’Ivoire spécialement toutes les enquêtes montrent bien que 87% des dépenses dans le cadre de la lutte sont soutenues par l’ extérieur de même que pour toute l’Afrique .Nous avons voulu faire un effort au niveau de la Côte d’Ivoire, c’est pourquoi il y a eu la création du fond national de la lutte contre le sida qui est subventionné en partie par l’Etat mais ce n’est pas suffisant. L’Etat a mis une taxation sur le tabac pour alimenter ce fond national de lutte contre le sida et aussi cette campagne de petite monnaie qui consiste à avoir des timbres dont les montants varient de 100f à 1 million et que chaque citoyen selon ses capacités puissant intervenir dans la lutte contre le VIH sida. Je pense que nous allons multiplier les actions. Nous avons aussi lancé les actions au niveau du ministère de l’Economie et des finances je pense que cela a eu du succès les régies financières étaient la, chacun va prendre son timbre personnel mais tout cela n’est pas suffisant.
Au niveau du monde scientifique il ya une évolution rapide de la maîtrise de ce virus mais maintenir le patient en vie coûte très cher. Quelle stratégie la Côte d’Ivoire a pour maintenir un malade en vie ?
Nous n’avons pas de stratégie particulière puisque pour la prise en charge nous avons reçu des directives internationales notamment celles de l’Organisation mondiale de la santé. Au départ il y avait une médecine à deux vitesses. Ailleurs les patients étaient très tôt sous ARV dans les pays africains on attendait que les patients tombent malades avant de les mettre sous traitement mais aujourd’hui nous traitons les malades avant que la maladie ne se déclenche. A cette conférence on vise même un traitement précoce c’est-à-dire une fois le diagnostic posé nous allons mettre le malade sous traitement s’il a les antigènes car cela ne sert à rien d’attendre que l’immunité baisse et qu’il y ait des complications avant de le mettre sous traitement. C’est l’évolution que nous constatons. La Côte d’Ivoire suivra toute les indications internationales. Nous avons opté pour mettre les malades sous traitement à partir de 350CD4 mais il y a un coût financier sur les ARV nous cherchons 10milliards pour pouvoir mettre les malades sous traitement très tôt.
La campagne de sensibilisation sur le Sida bat son plein en Côte d’Ivoire. Donne-t-elle sur le terrain des résultats ?
Les résultats portent parce que c’est l’Union Africaine qui a mené une enquête sur la prévalence et qui a conclu que malgré la crise il y a eu une bonne utilisation des préservatifs, la prévalence n’a pas augmenté. Nous voyons que les messages de sensibilisation font de l’effet .Actuellement nous faisons une enquête démographique de santé qui va nous montrer avec précision les taux de prévalence après la crise.
La santé fait partie des critères d’éligibilité de la Côte d’Ivoire au Millennium Challenge Corporation (MCC). Quelle est votre stratégie pour répondre à cette demande des américains ?
Le gouvernement est très impliqué. Nous avons des indicateurs à relever les critères d’éligibilité, des critères des ressources humaines et la santé en fait partie nous devons augmenter le taux de la couverture vaccinale chez les enfants à 95% et réduire la mortalité. Pour le taux de couverture nous avons un plan de renforcement du programme élargi de vaccination, nous avons fait le lancement le vendredi dernier dans le quartier d’Anoumanbo pour booster le programme élargi de vaccination. Nous allons faire une semaine de vaccination par mois jusqu’en décembre et après la semaine d’intensification il y a le rattrapage avec des stratégies avancées. Cela c’est pour la vaccination, pour la mortalité maternelle et infantile nous avons déjà commencé avec la gratuité ciblée chez les enfants de 0 à 5 ans nous pensons que cela va améliorer la fréquentation des centres de santé donc réduire la mortalité.
Quel est le bilan de votre séjour aux Etats Unis d’Amérique ?
Le bilan a été positif. Il n’y a pas eu cette année d’innovation contrairement à la Conférence de Vienne où l’accent a été mis sur la prévention. On a détecté des endroits dans l’organisme où les virus se cachent et que l’on constate que lorsqu’on arrête le traitement il y a un rebond. Pour cette conférence il n’y a pas eu de scoop mais en matière d’engagement et de procédure de responsabilisation il y a eu des bénéfices que nous pouvons tirer. On demande à chaque Etat de mobiliser les ressources endogènes et il y a eu des exposés pour montrer ou rechercher cet argent. Au niveau du ministère j’ai rencontré l’UNICEF qui est prêt à nous aider et aussi le fonds suédois auquel nous sommes éligibles avec quatre autres pays pour $7 millions sur 2 ans. Nous avons rencontré les responsables du programme d’urgence du président américain pour la lutte contre le Sida (PEPFAR) qui veut nous soutenir dans la formation. J’ai également rencontré la ministre français de la Santé, Mariol Touraine, pour l’ouverture d’un laboratoire associé sur les maladies infectieuses, le VIH/sida et les autres pathologies.
Réalisée par Séry Pouamon à Washington, DC
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