A son tour, Alassane Ouattara a été reçu par le président François Hollande. C’était hier et durant 75 bonnes minutes. S’il peut toujours déplorer de n’avoir pas été le premier à fouler le sol élyséen, depuis l’accession du leader socialiste à la magistrature suprême en France, le chef de l’Etat ivoirien peut tout de même se consoler d’avoir plutôt réussi la transition entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.
C’était là un défi qu’il redoutait avec beaucoup d’appréhension. Il doit d’autant plus se réjouir du succès du lobbying de la diplomatie ivoirienne, que son séjour français aura permis de rendre effective l’annulation de la quasi-totalité de la dette que son pays devait à l’ancienne puissance coloniale. Ce qui n’est pas rien. Par ailleurs, au cours de sa rencontre avec le président français, Alassane Ouattara a eu le temps et l’occasion de jeter les bases d’une nouvelle coopération franco-ivoirienne, qui sera certainement bénéfique à divers domaines de développement socioéconomique dans son pays.
On peut dire qu’Alassane Ouattara n’a pas trop mal réussi le virage qui consistait à passer de la relation quasi-familiale, entre lui et Nicolas Sarkozy à des rapports tout au plus normaux avec le successeur de ce dernier.
Selon certaines indiscrétions, contrairement à Alpha Condé et Mahamadou Issouffou, Alassane Ouattara a plutôt mal vécu la défaite de la droite au second tour du 6 mai dernier. Naturellement, on peut le comprendre. Sans l’appui militaire de Nicolas Sarkozy, avec les forces Licorne et le lobbying auprès des Nations unies, Laurent Gbagbo serait peut-être, aujourd’hui encore, le président de fait de la Côte d’Ivoire.
Mais les électeurs français n’ayant point la même logique que celle qui guidait les préférences d’Alassane Ouattara, ils avaient élu François Hollande. Imposant au président ivoirien une certaine gymnastique diplomatique. Un défi qu’il vient relativement de relever, en passant trois jours de visite officielle avec, comme cerise sur le gâteau, l’entretien qu’il a eu hier avec le président Français.
Surtout qu’au-delà des retombées politiques et d’image, la visite française d’Alassane Ouattara lui rapporte des bénéfices économiques substantiels. En effet, le mardi dernier, les ministres des finances des deux pays avaient déjà paraphé un accord bilatéral, en vertu duquel la France s’engage à annuler plus de trois milliards d’euros que lui devait l’Etat ivoirien! Selon les propos du président ivoirien lui-même, les fonds ainsi engrangés seront investis dans des secteurs sociaux.
Mais si Alassane Ouattara a des raisons de se réjouir, on ne peut pas en dire autant de la France. Evidemment, on n’a rien contre le fait que le tapis rouge ait été déroulé pour le nouveau maître d’Abidjan. Mais on peut tout de même regretter que d’autres volets notamment la réconciliation et la justice en Côte d’Ivoire, n’aient pas été suffisamment au menu des entretiens entre la délégation ivoirienne et les autorités françaises. Car tant que la justice sera bancale telle qu’on en a l’impression aujourd’hui, il sera évident que toutes les initiatives en faveur du retour de la paix et de la cohésion nationale seront vaines. A propos, les dernières violences perpétrées dans l’ouest du pays n’en sont que suffisamment éloquentes.
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info
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