ABIDJAN (Xinhua) – L’Organisation internationale des droits de l’homme, Human rights watch, appelle la Cour pénale internationale (CPI) qui s’apprête à juger le président ivoirien déchu Laurent Gbagbo, à examiner les « crimes » des partisans de son rival Alassane Ouattara dans le conflit post-électoral de 2010 en Côte d’Ivoire afin d' »asseoir sa légitimité » dans le pays.
« La CPI ne peut pas différer plus longtemps l’examen des atrocités perpétrées par l’autre camp », interpelle, en référence aux partisans de M. Ouattara, Human rights watch qui regrette que la Cour n’ait émis de mandats d’arrêt que « contre un seul des deux camps du récent conflit ivoirien ».
Au lendemain du second tour de l’élection présidentielle de novembre 2010, la Côte d’Ivoire a connu plus de six mois de violences qui ont fait au moins 3 000 morts.
« Alors que les forces fidèles à Laurent Gbagbo ont commis la plupart des crimes pendant les premiers mois de la crise post-électorale, les forces pro-Ouattara ont commis des crimes graves après le lancement de leur offensive militaire visant à écarter Gbagbo du pouvoir », affirme Human rights watch dans un communiqué dont Xinhua a reçu copie vendredi.
« Les forces armées des deux camps ont été impliquées dans des crimes de guerre et probablement dans des crimes contre l’humanité », assure le communiqué signé par Matt Wells, chercheur sur la Côte d’Ivoire.
Selon Matt Wells, ces « crimes » ont été documentés par la Commission d’enquête internationale mandatée par les Nations unies, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), Human rights watch, Amnesty international et la Fédération internationale des droits de l’homme.
A ce jour, 15 mois après l’arrestation de Gbagbo par les forces pro-Ouattara, la justice ivoirienne a engagé des poursuites contre plus d’une centaine de personnes civiles et militaires appartenant toutes au camp Gbagbo.
Human rights watch dénonce « la nature unilatérale des poursuites judiciaires » et estime que la CPI doit « examiner, de manière visible, toutes les allégations de crimes, indépendamment des appartenances politiques ».
« En Côte d’Ivoire, la Cour doit confirmer clairement qu’aucune personne ayant commis des atrocités ne se trouve au-dessus des lois, quel que soit son rang militaire ou son appartenance politique », ajoute l’organisation qui croit savoir que « la légitimité de la Cour est en jeu » dans le pays.
« Tout retard en la matière ne fait que renforcer la position de ceux qui cherchent à utiliser la CPI à des fins politiques », indique l’organisation de défense des droits de l’homme qui ajoute encore que la situation a renforcé « le sentiment d’une justice des vainqueurs ».
« La CPI n’a pas pour vocation de se faire discrète face au gouvernement en place, son rôle est de mettre en examen, de manière individuelle et impartiale, les auteurs de crimes relevant de sa compétence, sur la base de preuves concernant des responsables de haut rang », insiste Human rights watch.
Pour Human rights watch, le sentiment que la CPI agit comme un instrument au service de ceux qui détiennent le pouvoir pourrait alimenter davantage les tensions politico-ethniques.
« Aussi longtemps que la justice restera unilatérale, les plaies communautaires profondes dans le pays seront ravivées », prévient l’organisation internationale.
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