Quatre-vingt pour cent des francs-maçons dans le monde respectent les critères de reconnaissance établis par la Grande-Loge Unie d’Angleterre en 1813, à savoir : être homme, reconnaître une transcendance, s’abstenir en Loge de discussions politiques ou religieuses.
La GLUA ne reconnaît qu’une seule Obédience maçonnique (autorité administrative qui coiffe les Loges) par pays. En France, ce fut la Grande Loge Nationale Française.
La GLUA, c’est plus d’un million de membres en Angleterre, celle d’ Ecosse compte deux-cent mille membres.
C’est dire qu’à côté de ces mastodontes, le Grand Orient de France (irrégulier, donc non reconnu par la GLUA) et ses cinquante-cinq mille membres ne pèse pas lourd. Pas plus que les Obédiences mixtes et les autres de sensibilités diverses qui regroupent les cent-dix mille maçons en France.
Depuis que la GLNF, suite à une série de scandales et de frondes parmi ses membres, a perdu sa reconnaissance, des grandes manœuvres se déploient pour que la Grande Loge Unie d’Angleterre reconnaisse l’une ou l’autre obédience sur place.
C’est ainsi que la Grande Loge de France (34,000 membres), troisième obédience du pays, s’est alliée à une Grande Loge de l’alliance maçonnique française (8,500 membres) qui recueille en son sein des membres de la défunte GLNF. Au deux premiers s’est jointe la Grande Loge Traditionnelle et symbolique Opera (4,000 membres). Et cette nouvelle alliance espère bien être reconnue comme régulière par Londres.
Le Grand Orient de France qui a signé un pacte d’amitié avec la Grande loge de France n’est pas content, on le comprend. Si cette manœuvre réussit, il se retrouve, dans le paysage maçonnique français, dépassé par cette coalition qui, une fois reconnue, ne manquera d’attirer vers elle les derniers rescapés de la défunte GLNF.
Les critères de régularité qui, entre autres, interdisent toute discussion politique en Loge sont d’une d’une hypocrisie patente quand on sait que la franc-maçonnerie est née en 1717 en Angleterre précisément pour réconcilier les peuples du Royaume-Uni autour de la nouvelle dynastie régnante, les Hanovre. Si ce n’est pas une manœuvre politique…
En France, le Grand Orient, se dit et se veut le « gardien des valeurs républicaines », de quel droit ?
N’y a-t-il pas, en République, des institutions, un Parlement, une Constitution, qui, précisément, jouent ce rôle ? Faut-il pour ce faire mettre un tablier et enfiler des gants blancs ?
La franc-maçonnerie, société initiatique occidentale pour reprendre l’expression de Mircea Eliade, devrait se consacre uniquement à cette tâche. Les hommes étant ce qu’ils sont et les maçons ce qu’ils ne devraient pas être, les obédiences, régulières ou non, tournent le dos à leur vocation première et succombent à la tentation de faire accroire qu’elles ont une influence que, dans les faits, elles n’ont pas.
Ce ne sont pas ces quelques diversions qui vont changer fondamentalement la mentalité de nombreux francs-maçons, plus préoccupés par leurs affaires et les relations qui vont avec que d’émulation spirituelle.
Ce faisant les obédiences maçonniques resteront ce qu’elles sont : des clubs regroupant des hommes d’affinités diverses mais sans aspérités et qui cultivent des relations à caractères essentiellement profane.
Avec le mystère qui va autour, histoire de se donner quelques frissons bon marché !
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/quand-les-francs-macons-se-119865
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Lutte d’influence entre maçons
La crise n’épargne pas les milieux occultes : l’objectif des loges ces derniers temps est de survivre en défendant chacune sa « sensibilité » et sa fidélité aux fondements de la franc-maçonnerie, en se présentant comme la plus influente et en obtenant, pour celles qui s’incrivent dans la pure tradition, la reconnaissance de la Grande Loge unie d’Angleterre (GLUA), la maison-mère des frères maçons, attribuée à une seule loge par pays.
Pour ce dernier point, les loges doivent respecter certains canons, comme rester fermées aux femmes, reconnaître une transcendance et croire à l’éternité de l’âme. Voilà qui interdit de reconnaissance le Grand Orient de France (GODF), en particulier depuis sa récente ouverture aux femmes, même s’il comptait sur ses effectifs (50 000 frères) supérieurs aux autres loges pour influencer la GLUA et parvenir à cet objectif.
Mais aujourd’hui, le GODF et la Grande loge nationale de France (GLNF) se retrouvent en présence d’une nouvelle force, une Fédération maçonnique française de tradition (FMFT) encore embryonnaire qui regrouperait la troisième force maçonique de France, la grande loge de France (GLDF, 34 000 frères) ainsi que la Grande loge traditionnelle symbolique Opéra (4000 frères) et la dernière née, la Grande loge de l’alliance maçonnique française (GL-AMF, 8500 frères), composée de dissidents de la GLNF qui n’en finit pas de se débattre dans ses guerres intestines.
Et cette FMFT – et donc la GLDF – après avoir oeuvré dans l’ombre, serait en passe de réussir le doublé : gagner la guerre des effectifs et l’onction de la GLUA.
Alors que la GLNF, qui semble hors de combat pour l’instant, panse ses plaies, la guerre redouble donc entre le GODF et la GLDF. Une seule certitude à l’heure qu’il est : quelque soit l’issue de ces luttes de pouvoir et de positionnement sur l’échiquier de la franc-maçonnerie mondiale, le paysage maçonnique français va connaître des bouleversements qu’il semble utile de suivre et de connaître, tant ils risquent de modifier l’influence dont les maçons, en fonction de leur obédience, ont réellement et garderont ou pas auprès des principaux acteurs politiques.
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