La rédaction le Nouveau Courrier
La posture – d’immobilisme – qu’adopte Charles Konan Banny face à l’«embrasement» de la situation sociopolitique, défavorable à sa «divine» mission de réconcilier les cœurs et les esprits des Ivoiriens, ne date pas de maintenant. Le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation accuse le coup depuis au moins trois mois. Son propre camp ne lui favorise pas du tout la tâche, en tout cas moins que l’opposition. Le président de la Cdvr, Charles Konan Banny, est un peu démotivé, mais est loin de jeter l’éponge, assure-t-il à ses proches.
Sa détermination et son enthousiasme des premiers mois ont pris un sacré coup. Pas parce que la tâche est au dessus des ses solides épaules, mais c’est bien plus à cause des nombreuses épines sciemment placés sur le chemin de la réconciliation. En tout cas, la «déception» contenue du président de la Cdvr, selon un câble diplomatique que nous avons reçu, remonte à au moins un trimestre en arrière. Au moment où les arrestations tous azimuts faisaient rage. Publiquement et officiellement, «Monsieur réconciliation » s’est gardé de commenter les actes politiques. Mais en aparté ou en privé, il ne se garde pas de relever les actes posés et qui mettent considérablement à mal la marche vers la réconciliation des Ivoiriens. S’il n’est pas opposé à l’application de la justice, Banny ne cautionne pas cette justice à double vitesse. Début mai, le président de la Cdvr, selon les informations en notre possession, s’est confié chez lui à un homme de Dieu, avec qui il a des séances de prières en rapport avec sa mission. Charles Konan Banny a fait savoir au guide religieux toute sa «déception» devant la propension du pouvoir à maintenir une situation de belligérance et de terreur. Au moment où paradoxalement, on crée une institution avec pour vocation de réconcilier les Ivoiriens. Les arrestations à l’échelle industrielle, la traque continue des pro-Gbagbo, sur fond de dénonciation abusive, sont autant de faits qui gênent considérablement la mission de la Cvdr. Et qui font dire à Charles Konan Banny, sur les antennes de Onuci Fm, que la création de la Cdvr est venue un peu trop tôt. Une phrase à elle seule qui traduit tout le malaise de l’homme qui se sent inconsciemment floué. Et cache de plus en plus mal son mécontentement vis-à-vis des faits et actes qui entrainent chaque jour un peu plus la Cdvr vers le précipice. «L’idée de créer la commission (Cdvr, ndlr) est peut-être venue trop tôt. J’en conviens. Et je dis aux Ivoiriens que lorsque nous avons reçu plusieurs observateurs qui ont une expérience dans l’affaire, ils se sont inquiétés de ce qu’on ait créé cette commission trop tôt. Et je leur ai dit peut-être… J’observe aujourd’hui qu’ils ont peut-être raison, puisque les esprits ont recommencé à se réarmer. La violence. Voyez-vous, moi je suis contre toute forme de violence, toute forme d’excès », a déclaré le président de la Cdvr, mercredi dernier, au sortir d’un tête-à-tête de deux heures avec le patron de l’Onuci. Ces propos du président de la Cdvr résument entièrement l’état d’esprit dans lequel il se trouve. On comprend dès lors que Banny est entre le marteau et l’enclume. Va-t-il oser rencontrer Alassane Ouattara pour aplanir les choses ou continuer de rester dans son coin et faire cavalier seul, quand bien même les Ivoiriens sont unanimes à dire que le processus de réconciliation est gravement enrhumé ?
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