Sortie de crise: la reprise du désarmement, un gâchis !

Amadé Ouérémi

Soir Info

Et revoilà l’opération de désarmement ! Le ministre auprès du président de la République, chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi, a procédé jeudi 5 juillet dernier à Bouaké, au lancement de la reprise du Ddr (Désarmement, démobilisation, réinsertion). C’est donc reparti pour cette opération, censée pourtant avoir été réalisée cahin-caha de 2007 à 2010.
D’où vient-il alors que l’on reprenne le désarmement….de zéro ?

Pourquoi le gouvernement veut-il remettre le compteur à zéro comme si rien n’avait été fait par le passé ? Plus que la reprise du Ddr, ce qui intrigue, c’est cette volonté de remettre à plat tout ce qui avait été fait. C’est du moins le sentiment que laissent les explications du ministre Paul Koffi Koffi et du capitaine Allah Léon, sur le sujet. A les écouter, à travers ce énième Ddr, le gouvernement veut avoir une idée précise de l’effectif des ex-combattants qui auront été désarmés et qu’il faudra réinsérer dans le tissu social.

Jeudi dernier, au 3e bataillon d’infanterie de Bouaké, voici ce qu’a dit à ce propos le ministre Paul Koffi Koffi : « Le président de la République nous a demandé de faire un recensement sur l’ensemble du territoire pour savoir combien vous êtes réellement. Après avoir trouvé combien vous êtes, il va falloir trouver des activités qui vous permettent de vivre comme tout le monde. Vous aussi vous méritez d’être des citoyens honnêtes, disciplinés, qui travaillent comme tout le monde(…) Le président de la République, S.E.M Alassane Ouattara, nous a demandé de lancer cette opération afin que votre honneur soit rétabli et que nous puissions envisager avec vous, d’autres chantiers, pour que vous puissiez vous aussi, vous prendre en charge ». C’est donc clair, les autorités politiques entendent, par cette énième opération de Ddr, non seulement collecter les armes que détiennent encore par devers eux des ex-combattants, mais aussi établir de nouvelles données portant notamment sur leur effectif. Les chiffres, il est vrai, restent encore imprécis, sur le volume d’ex-combattants concernés par cette opération.

Dans un document rendu public, l’organisation Irin estime à 60 000 à 80 000 le nombre de personnes concernées par l’opération, là où le gouvernement parle, lui, de 30 000. Il y a donc de bonnes raisons d’y voir un peu plus clair, surtout que la crise post-électorale a vu de nouveaux combattants venir grossir les rangs de ceux qui étaient déjà fichés depuis les précédentes opérations du même genre. Mais, ce qui dérange et jette la suspicion sur cet autre désarmement, tombé comme un cheveu sur la soupe, c’est qu’on donne le sentiment de vouloir recommencer de zéro.

A en croire ceux qui sont chargés de le mener, tout porte à croire qu’ils veulent réinventer la roue en remettant tout à plat, comme si rien n’avait été fait auparavant. Tel qu’envisagé, on donne l’impression que ce nouveau Ddr va être réalisé au mépris de la banque de données recueillies des années durant, par le Pnrrc (Programme national de réinsertion et reconstruction), le Cci (Centre de commandement intégré ; chargé uniquement de l’aspect désarmement et démobilisation, après les accords de Ouagadougou).

Bien avant ces structures, le Pnddr (Programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion), dirigé alors par Alain Donwahi, du temps où Seydou Diara était Premier ministre, avait défriché le même chantier. Le même profilage avait été fait et des données stockées sur les ex-combattants. En son temps, le Cci, alors dirigé par le général Nicolas Kouakou, avait lui aussi collecté des données. Des milliards y avaient été injectés.

A l’évidence, on veut passer par pertes et profits tous ces acquis pour repartir de zéro. Avec, on s’en doute, de nouveaux milliards à investir dans l’opération. Cela s’appelle tout simplement du gâchis ! Et heurte le principe la bonne gouvernance.

Assane NIADA

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