Côte d’Ivoire désarmement – Où sont passés les milliards déjà investis ?

Le désarmement des ex-combattants de la crise ivoirienne est une opération vieille bientôt d’une décennie, depuis 2004 avec le Coordonnateur Alain Donwahi et sa défunte Coordination nationale du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (CNDDR). Structure qui va se muer en un programme pour s’appeler PNDDR sous le Général Gaston Ouassénan Koné, avant de devenir enfin le Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (PNRRC). Pendant tout ce temps, ce sont plusieurs milliards de F.CFA que l’Etat ivoirien et des bailleurs de fonds ont engloutis dans ce processus censé conduire à la pacification du territoire ivoirien par la réduction de la circulation des armes, la reconversion des ex-combattants à la vie civile pour les uns, réinsérés dans le tissu socio-professionnel, et le reste reversé dans la nouvelle armée. Pendant les 4 dernières années, c’est la bagatelle de 2 milliards de F.CFA qu’ont coûté les actions de reprofilage et de réinsertion conduite par le PNRRC et qui ont permis d’établir une base de données claire ayant servi à la réinsertion dans la nouvelle armée et aux diverses opérations en cours. Cette base de données n’a pas été dénoncée, encore moins fait l’objet d’une quelconque critique, que de nouveaux recensements sont annoncés en grande pompe pour la même cible. Finalement, à quoi auront servi ces efforts débauchés depuis 2008, date de la création du PNRRC, qui devrait passer pour être le guichet unique de toutes les opérations concernant le désarmement ? Que fait-on de la base de données élaborée et déjà disponible au sein de cette structure ainsi qu’à l’état-major des armées ? A quoi auront servi les milliards déjà investis, si l’on doit reprendre quasiment les mêmes opérations ? Fait notable, le recensement des ex-combattants qui aura coûté tant d’années aux agents du PNRRC, va se boucler en moins d’une quinzaine de jours, si l’on en croit le projet d’identification annoncée. Pis, c’est la bagatelle de 4 milliards (soit le double de l’argent dépensé pour le même travail) qui est prévue cette fois pour conduire ce projet. Comme si rien n’aura été fait à la base. A quoi vont servir ces 4 milliards ? Quel est le vrai sens de ce désarmement-bis qui démarre déjà ? En tout cas, l’on pourrait croire que la question de la réinsertion des ex-combattants est devenue un fonds de commerce sur lequel surfent différents acteurs qui auraient intérêt à ce que les choses perdurent. Sinon, que cachent toutes ces opérations à répétition. Il y a bien quelque chose qui cloche quelque part, et qui n’est pas loin de s’assimiler à une mal gouvernance, à une dilapidation des fonds, même venus d’ailleurs, qui auraient pu servir à régler d’autres problèmes dans une Côte d’Ivoire qui en a assez à résoudre. Voilà qui devrait interpeller le président de la République, Alassane Ouattara, qui a fait de la rigueur dans la gestion, sa marque déposée depuis son accession au pouvoir.

F.D.BONY
L’Inter

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