« Nous sommes fiers de nous-mêmes »
A la faveur du 5ème anniversaire de l’attaque du Fokker 100, nous avons joint Traoré Baky, Koné Daouda et Camara Djakaridja, ces oubliés de l’attaque. « Nous sommes fiers de nous même, parce que nous avons fait ce que Dieu nous a demandé de faire ». C’est en termes que les trois soldats qui nulle part ne sont cités, nous ont répondu. « Nos photos sont visibles sur internet et les premiers écrits du quotidiens Nord-Sud sur l’évènement. Le temps viendra où on sera décorés aussi », ont conclu ces soldats qui sont aujourd’hui en poste à Zamakro, Akouédo et Bouaké.
Le vendredi 29 juin 2007, l’avion de type Fokker 100, transportant Guillaume Kigbafry Soro a essuyé des tirs à larme lourde, à son atterrissage à l’aéroport de Bouaké. 5 ans après, l’un des quatre soldats qui a suivi toute l’opération nous a approché pour témoigner et demander que le Président Alassane Dramane Ouattara reconnaisse leur mérite.
« Nous étions plus de 300 éléments venus rendre les honneurs au Premier ministre Guillaume Soro » a, d’entrée précisé notre interlocuteur qui a requis l’anonymat. Bien que ne s’exprimant pas bien dans la langue de Molière, celui a qui nous ne prêtions pas grande importance au début de notre entretien, a fini par nous convaincre par la précision avec laquelle il racontait les faits.
Le film de l’attaque, selon notre interlocuteur
Les éléments présents sur le tarmac, selon notre interlocuteur étaient des soldats appartenant aux commandants Cherif Ousmane, Wattao et Soro Dramane dit Docteur. » Sur place il y avait les commandants Wattao, Famoussa et Yéo ainsi que d’autres gradés dont l’actuel Cema , Soumaila Bakayoko », a-t-il soutenu. A l’écouter, les choses sont allées très vite, concernant l’attaque. « Au premier coup assourdissant, tous les éléments ont d’abord pensé à un pneu crevé ».
Puis indique t-il, « d’autres coups successifs ont confirmé qu’il s’agissait d’une attaque. Du coup, nous sommes restés quatre éléments sur le tarmac, en compagnie des commandants Yeo et Famoussa. Il s’agit de Camara Djakaridja, Traoré Baky, Kone Dao, tous de l’unité du « Docteur » Soro Dramane et un quatrième d’une autre unité dont je n’ai pas le nom. Après l’attaque, nous nous sommes rendus compte que les tireurs avaient creusé des tranchées. Ils devraient être au nombre de quatre, selon nos chefs, et étaient séparés d’environ 30 à 40 mètres les uns des autres. Le premier, plus proche a raté sa cible, puisque, s’il atteignait l’avant de l’avion, il allait juste l’immobilisé. Ce qui allait leur permettre de faire une véritable carnage », a déclaré notre interlocuteur. » C’est de l’avion que quelqu’un a appelé le commandant Wattao qui est monté chercher le Premier ministre Guillaume Soro », a-t-il rappelé. Pour rappel, ce sont trois personnes qui ont trouvé la mort sur le coup. Le quatrième est mort au Chu de Bouaké. Certaines victimes ont eu la tête arrachée par la violence de l’impact. Les assaillants ont visé le 2e salon et l’arrière de l’avion. Le chef du gouvernement, Guillaume Kigbafory Soro qui n’a pas été touché se rendait à Bouake pour y installer les magistrats chargés des audiences foraines. Une opération dont le début était annoncé pour le mois de juillet 2007, selon l’accord politique de Ouagadougou. Le Fokker 100 est rentré à Abidjan en début de soirée.
L’enquête diligentée n’a pas encore livré ses résultats, 5 ans plus tard.
Cependant, les pilotes ont été décorés par l’ex-chef de l’État, Laurent Gbagbo ainsi que des journalistes.
En revanche, nos sans grade soutiennent n’avoir même pas reçu « un seul savon » pour laver leurs treillis qui complètement taché de sang. « C’est nous qui avons fait descendre les blessés de l’avion. J’ai même transporté Soul To Soul sur mon dos, mais hélas ! », a soutenu le sans-grade.
En effet, l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo avait exprimé le soutien et la reconnaissance de la nation pour le courage dont avait fait preuve le pilote, le Lieutenant-colonel Lazare Kekpeli, le commandant Jules Kouaho N’guetta, les copilotes, les adjudants-chefs Yaki Sidibé et Mathieu Abédié Manto, tous deux mécaniciens d’équipage et l’adjudant Kando Soumanhoro, agent d’opération qui avait réussi à envoyer le Fokker 100 de la piste d’atterrissage au tarmac de l’aéroport de Bouaké, malgré les tirs nourris à la roquette et aux fusils mitrailleurs . ‘’Je suis fier de vous et je salue votre courage qui a permis d’éviter le pire. La nation vous le reconnaitra’’ avait promis le Chef de l’État le 07 Aout 2007, à l’occasion du 47e anniversaire de la « souveraineté » nationale de la Côte-d’Ivoire. Raison pour laquelle notre interlocuteur demande la compassion du chef de l’État, Alassane Dramane Ouattara afin que leurs « mérites » soient reconnus et pourquoi pas doublés de promotion. « C’est tout ce que nous demandons et pas plus. Nous sommes toujours des bidasses à la disposition de la nation et nous continuerons à obéir aux ordres de nos chefs. Je précise, et ça, il faut le mentionner en noir sur blanc, nous ne sommes pas animés par la vengeance ou par un esprit chagrin », a précisé notre interlocuteur.
Sériba Koné, in Le Mandat
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