Alassane Ouattara acceptera-t-il un jour de livrer ses partisans aux mains ensanglantées à la justice internationale et particulièrement à la cour pénale internationale (Cpi) qui a ouvert une enquête sur la crise ivoirienne ? La question est au centre des préoccupations de la communauté internationale et du bureau du procureur de la Cpi qui avaient misé naïvement sur la pleine collaboration des nouvelles autorités ivoiriennes pour faire toute la lumière sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis en Côte d’Ivoire de septembre 2002 à avril 2011. Le chef de l’Etat avait, en effet, promis à ses « parrains » de mettre à la disposition de la juridiction internationale toute personne y compris ses hommes qui seraient impliqués dans les crimes de sang. Mais, plus d’un an après sa prise de pouvoir, cette promesse n’a pas été tenue. Bien au contraire, il dresse des obstacles sur la route des enquêteurs de la Cpi et imagine des scenarios pour protéger ses chefs de guerre, auteurs des crimes les plus abominables dont le génocide Wê (massacre de 1000 civils soupçonnés d’être pro-Gbagbo et exécutés par les forces armées pro-Ouattara, le 28 mars 2011, à Duekoué). Selon des sources judiciaires, le pouvoir ivoirien aurait décidé de ne pas livrer ses partisans dont les têtes sont réclamées par la Cpi. Le scenario conçu pour soutenir cette position consiste à déclarer désormais les juridictions nationales compétentes pour juger les crimes de sang qui jusqu’ici étaient confiés à la Cpi. D’où les nouvelles charges de génocide et de crimes de sang contre certains pro- Gbagbo détenus à Boundiali. La suite de la mise en scène est que la justice ivoirienne en parfaite complicité avec le régime Ouattara va inculper quelques éléments des forces armées pro-Ouattara pour faire diversion. Ces derniers vont être jugés et condamnés avant de bénéficier d’une loi d’amnistie générale que pourrait prendre Alassane Dramane Ouattara. Comme, on peut le constater, le régime Ouattara qui redoute d’une justice équitable et transparente a tourné le dos à la Cpi. Tous les observateurs espèrent que la communauté internationale qui suit de près le dossier ivoirien et les juges de la Cpi sauront tirer les conséquences de l’attitude du régime Ouattara. Qui s’est empressé, avec la complicité de la France sous Nicolas Sarkozy, de transférer le Président Gbagbo à La Haye où il est poursuivi comme co- auteur indirect de crimes contre l’humanité et crimes de guerre sous le prétexte que les juridictions ivoiriennes ne sont pas outillées pour le juger. Et curieusement ces mêmes juridictions deviennent compétentes et opérationnelles dès que les partisans de Ouattara sont été visés par la Cpi.
Jean Khalil Sella
Notre Voie
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