Enlèvements et séquestrations des populations. Le règne des Escadrons de la mort
La Côte d’Ivoire semble avoir presque résolument tourné le dos à l’état de droit, du moins dans les faits qu’on constate au quotidien. Avec la profusion d’actes dignes des fameux escadrons de la mort qui ont pignon sur rue dans ce pays. Enlèvements, tortures, exactions et la mort sont là ce que côtoient journellement les Ivoiriens.
Combien sont-ils les camps de fortune des Frci qui officiellement sont présentés comme des camps de démobilisation, mais dans la pratique s’avèrent être de véritables camps de concentration digne de l’époque du fascisme ? Aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays jusque dans les villages, les camps de concentration délégués ont poussé comme des champignons, bien souvent connus ou méconnus de la chaine de commandement des Frci. À Abidjan seulement, selon des soldats Frci qui ont bien voulu lever un coin du voile sur ces camps de la mort, on a environ une quarantaine de camps formels et informels.
Dont près d’une vingtaine à Abobo-Anyama et 5 camps bien connus à Yopougon, dont le plus grand reste celui de la Bae commandé par Ousmane Coulibaly dit Ben Laden. Mais le camp qui a la plus triste réputation est sans nul doute le camp Génie d’Adjamé sous les ordres de l’homme de main d’Alassane Ouattara, le Cdt Koné Zakaria. Dans les grandes villes de l’intérieur du pays, les camps de torture ne se comptent plus. Et partout, c’est le même mode opératoire et les mêmes cibles : les partisans du président Gbagbo ou supposés tels. Enlèvement, séquestration avant la phase des tortures.
Plusieurs jeunes enlevés et détenus dans ces goulags de la mort, ont disparu en silence sans aucune trace. Et n’ont plus jamais regagné le domicile familial. Plusieurs sont morts sous les actes de tortures parfois extrêmes de leurs geôliers. Le règne des escadrons de la mort est total et sans limite dans la nouvelle Côte d’Ivoire d’Alassane Dramane Ouattara. Chaque jour des Ivoiriens sont enlevés, sans raison sinon pour leurs opinions politiques, dans leurs domiciles, leurs lieux de travail ou dans leurs quartiers.
Au mois de mai dernier, c’est un officier de police qui répond aux initiales de D.A qui a été enlevé à son domicile, à Niangon. Après avoir subi des actes de tortures inhumains, dans les camps de Km 17 et du Nouveau Quartier, il a recouvré la liberté parce que celui qui l’avait dénoncé a reconnu s’être trompé d’individu. Il a été libéré au bout de 72 heures de tortures. Mais refuse de porter l’affaire à sa hiérarchie, parce que des éléments des Frci l’ayant enlevé, ont menacé de s’en prendre d’une manière ou d’une autre aux membres de sa famille. Ce phénomène des enlèvements et de tortures à mort, un nouveau circuit pour les escadrons de la mort, n’est pas prêt de prendre fin, parce qu’étrangement toléré par les nouvelles autorités. Et devant lequel l’Onuci reste complètement muette.
Frank Toti
Le Nouveau Courrier
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