Bitumage axe Bouna-Burkina Le gouvernement cherche 30 milliards Cfa

Côte d’Ivoire : Le gouvernement cherche 30 milliards de franc CFA pour bitumer un axe routier

ABIDJAN (Xinhua) – Le gouvernement ivoirien va tenter de mobiliser environ 30 milliards de franc CFA pour le bitumage d’un axe routier reliant la ville de Bouna (nord-est, 600 km d’Abidjan) à la frontière avec le Burkina Faso, lors d’une table ronde des bailleurs de fonds qui se tient mardi à Abidjan.

La rencontre réunira des experts de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), du Fonds saoudien, du Fonds koweitien et de la Banque ouest-africaine de développement ( BOAD).

La table ronde qui devrait permettre de boucler le financement du projet de bitumage de l’axe routier Bouna-Doropo-frontière du Burkina, long de 90 km, sera suivie d’une visite de terrain à Bouna.

Pour le ministère ivoirien des Infrastructures économiques, la route Bouna-Doropo-frontière du Burkina Faso est un « sujet de préoccupation aussi bien pour les populations de cette région reculée que pour les autorités gouvernementales, en ce sens qu’elle constitue le chemin le plus court pour rallier Abidjan en provenance du Burkina Faso ».

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Alassane Ouattara, « le président de l’étranger » (Par Théophile Kouamouo)

Source: Le Nouveau Courrier

Il est toujours réjouissant de constater que des médias qui sont à mille lieues de nous au point de vue idéologique finissent par confirmer des informations que nous avons données par le passé. Pour une raison simple : leurs «validations» permettent de clore le débat sur les faits, surtout quand on sait que nos contradicteurs sont des spécialistes du «pas vu, pas pris» et des audacieux négateurs des évidences. Nous ne boudons pas notre plaisir de voir l’hebdomadaire Jeune Afrique, dont Alassane Ouattara était jusqu’à une date récente un actionnaire minoritaire, qui l’a soutenu quand il était dans l’opposition et qui le soutient aujourd’hui, énoncer quelques vérités que nous répétons depuis longtemps à propos de l’ouest de la Côte d’Ivoire.

Jugez-en par vous-mêmes. «Fidèles à Laurent Gbagbo, les natifs de la région ont beaucoup perdu à la faveur de la crise postélectorale : nombre d’entre eux se sont vus chassés de leurs maisons et de leurs terres, à l’exemple des Oubis, expropriés au profit de nouveaux arrivants. L’installation des étrangers et des travailleurs agricoles originaires du Nord est appuyée par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, dont le commandement est assuré par Losseni Fofana, dit Loss, un ex-rebelle) et par les Dozos, ces chasseurs traditionnels d’Afrique de l’Ouest qui ont troqué leurs vieux fusils contre des kalachnikovs. Ces derniers seraient aujourd’hui 10 000, contre un petit millier avant la crise : ils règnent en seigneurs de la guerre et font payer un droit de protection aux nouveaux arrivants. En ville, c’est la même chose. Les commerçants doivent verser leur obole. (…) Il y a aussi les miliciens burkinabè installés avec leurs hommes dans les forêts classées de l’Ouest. Parmi eux : Issiaka Tiendrébéogo et Amadé Ouérémi – lequel est soupçonné par HRW d’avoir joué un rôle dans les massacres de Duékoué, en mars 2011. (…) Surtout, reconnaît-on à Abidjan, ils entretiennent avec les FRCI un système d’activités illégales mais fort lucratives : trafic d’armes, exportation de cacao vers le Burkina Faso, exploitation aurifère forestière, et vente de terres.» Jeune Afrique publie également une infographie qui situe l’implantation de ces miliciens burkinabè sur le territoire ivoirien. Leurs noms se passent de tous commentaires : Sana Salifou, Issa Ouédraogo, Kouanda Lassané, etc…

Une opération concertée de colonisation armée

Le constat est désormais indiscutable. Une opération concertée de colonisation armée des régions les plus convoitées de la Côte d’Ivoire est en cours. Qui dirige cette opération ? Difficile de ne pas orienter les regards vers deux hommes : Alassane Ouattara et Blaise Compaoré. Premièrement, parce qu’ils en sont les bénéficiaires politiques. Ouattara profite des miliciens burkinabé pour effrayer voire pousser à l’exil les soutiens politiques de son adversaire embastillé à La Haye, le président Laurent Gbagbo. Quant à Compaoré, c’est son pays qui jouit depuis plusieurs années des filières d’évasion du cacao ; il se débarrasse de son trop-plein démographique tout en élargissant son «espace vital» et ses territoires d’influence. En réalité, le président burkinabè est ici dans le même type de stratégie que le Rwandais Paul Kagame en République démocratique du Congo. Et l’Ouest ivoirien est dans la même position géopolitique que la région martyre du Kivu, comme nous l’avons déjà écrit dans ces colonnes. Il faut toutefois noter qu’Alassane Ouattara s’associe avec entrain à l’opération de colonisation de la Côte d’Ivoire, alors que Laurent-Désiré Kabila, arrivé au pouvoir avec l’aide des Rwandais et des «nouveaux prédateurs» occidentaux, s’est rebellé contre la «prise en main» de son pays. Et est mort en martyr national.
Face à cette incontestable réalité, face à ce danger qui pèse sur la Côte d’Ivoire, que font les consciences morales de la Nation ? Rien ou presque. A la fois soucieux de préserver la présence de ses électeurs de plus en plus menacés sur les riches terres de l’Ouest et désireux de continuer à profiter des privilèges du pouvoir, le PDCI porte un regard névrotique sur cet enjeu – et les «Unes» du quotidien qui porte sa voix traduisent bien ce malaise. Complexés par les accusations de xénophobie, de nombreux intellectuels ont capitulé alors que la stature de certains objecteurs de conscience leur permet de s’exprimer clairement et sans haine sur ce qui n’est rien d’autre qu’une vaste stratégie de dépossession.

Un pays où la police et la gendarmerie ont été désarmées par le pouvoir central

Une chose est sûre : par son action, Alassane Ouattara donne un caractère prophétique aux propos de campagne du président Laurent Gbagbo qui le qualifiait pendant la campagne en vue de la présidentielle de «candidat de l’étranger». Qu’on en juge. Sans l’aide de forces étrangères, jamais il n’aurait pris le pouvoir, concèdent aujourd’hui tous les analystes sérieux, quel que soit leur bord. Le premier cercle des militaires qui veillent sur sa vie est constitué de soldats burkinabè – comme nous l’a récemment confirmé, effaré, le collaborateur d’un chef d’Etat de la région. Les soudards qui règnent sur son «coffre-fort» (l’Ouest minier et cacaoyers) sont burkinabè. Une bonne partie de sa stratégie de persécution de son opposition est fondée sur l’instrumentalisation de ses «relations» avec des chefs d’Etat étrangers. Toutes ses prétentions économiques s’appuient sur ses «relations» à l’étranger et sur un endettement massif qui, comme l’occupation des terres de l’Ouest, participe d’une logique de soumission voire «d’esclavagisation» durable de la Côte d’Ivoire. Dès lors que l’on se débarrasse de toute complaisance et de notre tendance naturelle à la politique de l’autruche, l’on ne peut pas sérieusement accréditer la thèse généralement véhiculée selon laquelle l’invasion de la Côte d’Ivoire par des hordes armées non conventionnelles est le résultat d’une crise de l’ordre sécuritaire contre laquelle le pouvoir central se bat. De toute façon, cette thèse est absurde. La Côte d’Ivoire est un pays où la police et la gendarmerie ont été désarmées par le pouvoir central. La nature des armes dont sont dotées les milices ethniques qui prolifèrent de toutes parts est telle qu’il n’y a qu’un Etat qui peut les fournir. Le numéro de série de chaque arme permet de connaître sa provenance. Quand on connaît l’acharnement avec lequel le régime traque ses ennemis, prétendre que les ex Forces nouvelles, les Dozos et les Burkinabè de l’Ouest sont armés sans son consentement revient à prendre ses interlocuteurs pour des imbéciles.
Le 15 novembre 2000, avant la guerre donc, Laurent Gbagbo, nouvellement élu, disait : «Un jour viendra où, dans ce pays, il y aura deux camps. D’un côté celui dont le territoire et la Nation se confondent pour la défense de ce que nous sommes et de l’autre, celui pour lequel ni la Nation, ni le territoire, encore moins la République que nous tentons de bâtir n’a de sens, encore moins de valeur». Nous sommes en plein dedans. Ceux qui ne le savent pas sont sans intelligence. Ceux qui le savent et se taisent sont des lâches.

Par ­Théophile Kouamouo

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