Joël Nguessan (Rdr) depuis Paris: « Comment Simone Gbagbo m’a sauvé »

Par Philippe Kouhon

Présent en Europe depuis deux semaines, dans le cadre d’une mission d’information, initiée par la direction du Rassemblement Des Républicains (RDR), parti au pouvoir, Joël Nguessan,, porte parole du parti a rencontré la presse panafricaine de France. C’était hier jeudi 28 juin 2012, dans un restaurent du 7ème arrondissement de Paris.
« Nous sommes en Europe pour rencontrer les médias panafricains et occidentaux pour dire ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Nos adversaires ont passé leur temps à intoxiquer l’opinion internationale et nous sommes venus pour rétablir la vérité» a introduit le conférencier avant de donner le contenu du message du RDR en directeur de l’opinion internationale : « Au moment où Alassane Ouattara venait au pouvoir, la sécurité était à l’indice 4. Aujourd’hui elle est passée à 1 ; Les réalisations d’Alassane Ouattara sont supérieures à ce qui a été fait en 10 ans ; En un an nous avons réhabilité plusieurs centres hospitaliers de soins dialysés ; l’hydraulique villageoise ; 2 millions de kits scolaires et soins gratuits ; routes bitumées. Aujourd’hui la destination Côte d’Ivoire est à nouveau prisée. Le second point sur lequel nous sommes venus communiquer est la situation à l’ouest du pays. Il faut retenir que cette affaire ne date pas de maintenant. Elle date de la guerre du Libéria et de la sierra Leone. Ce sont des cousins qui existent de part et d’autre de la frontière libérienne qui sont à la base des incursions répétées à l’ouest, ajoutés aux groupes d’auto défense, FLGO et APL Wê de Maho Glofiéhi qui ont combattu aux côtés des FDS à Abidjan pendant la crise postélectorale. Vous avez aussi le problème du foncier rural. L’autre point de notre communication concerne la cour pénale internationale. A écouter la presse panafricaine, on a l’impression que les bourreaux d’hier sont devenus les victimes.»

Mais face à un discours bien rodé de l’ex ministre des Droits de l’Homme sous le régime de Laurent Gbagbo, il faut s’attendre à des questions des plus pertinentes de la dizaine de journalistes présents. Les échanges étaient si rudes que le déjeuner de presse prendra fin sans que le dessert ne soit servi.
Pendant 3 heures, tout a été dit. Dans un langage de vérité, même s’il est regrettable que l’émissaire du RDR n’aura rien ajouté au discours déjà entendu. « Excusez-moi de vous le dire, je suis déçu de vous. Vous qui aviez un langage franc et très critique de la politique ivoirienne, je ne vous reconnais pas aujourd’hui. C’est à croire que la Côte d’Ivoire vient de naître avec l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara. Vous les politiciens, vous êtes tous coupables de ce qui arrive à la Côte d’ivoire. Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de le reconnaître que de tout jeter sur la personne de Laurent Gbagbo avec qui vous aviez longtemps collaboré » s’est insurgé un confrère. Aussi lorsque le porte parole du RDR est interrogé sur la présence de plusieurs chefs de guerres burkinabés à l’ouest et qui commettent des exactions sommaires selon plusieurs rapports de l’opération des nations unies en Côte d’ivoire et des ONG des droits de l’homme, celui-ci botte en touche, ce qu’il appelle des allégations gratuites. Pis, il rejette les informations données dans la dernière publication du magazine panafricain, Jeune Afrique sur l’identité de ces chefs de guerres venus du Burkina Faso. « Ces groupuscules sont là pour protéger leurs ressortissants. Je n’ai pas lu le journal que vous citez, mais si c’était le cas, je pense qu’il est incomplet, car il faut traiter les causes des conflits à l’ouest et ne pas se limiter qu’aux conséquences ».

Parmi les sujets débattus figure le point d’achèvement du PPTE. Sur cette question, Jöel Nguessan estime que cela est au seul actif du pouvoir Ouattara. Et c’est sans détour que la presse rappellera à l’ancien ministre que cela fait plus de 29 ans que la question des dettes des pays pauvres très endettés est sur la table des bailleurs de fonds. « Cessez de faire de la récupération politique » lui dira un confrère. « Nous sommes en politique. Aussi, connaissez-vous quelqu’un qui montre son village du doigt gauche ?» Rétorque l’émissaire du RDR. Quant aux enquêtes concernant les crimes commis pendant la crise postélectorale, l’ancien ministre des droits de l’homme rassure que le président Alassane Ouattara est déterminé à punir tout criminel, quelle que soit son opinion politique. « Soyez patients. Dans quelques jours, la commission d’enquête rendra son rapport. Et il est clair que si les enquêtes révèlent des cas de culpabilité, ils ne resteront pas impunis » a-t-il rassuré avant de faire une révélation de taille. « Vous savez, il y avait des victimes. Et j’en fais partie. Pendant la guerre, mon cortège a été arrêté aux deux plateaux par des hommes en armes. Ils ont demandé qui nous étions. Un de mes gardes de corps a eu le malheur de leur dire que j’étais l’ancien ministre des droits de l’homme. C’était des hommes du commandant Séka Séka. Ils ont abattu sur place quatre de mes gardes. Quand je leur ai dit que j’étais le cousin de Stéphane Kipré, ils l’ont appelé et finalement c’est l’ex première dame qui a donné l’ordre de me laisser partir » a témoigné Jöel Nguessan. Mais quand on déduit qu’il a eu la vie sauve donc grâce à Simone Gbagbo, le conférencier panique : « je dois la vie sauve au dieu tout puissant ».

Concernant la nomination des généraux Mangou et Kassaraté, le porte parole du Rdr soutient que ces généraux étaient sous la menace de l’ancien régime. « Quand vont-ils alors témoigner pour que la vérité sur les affrontements d’Abidjan éclate un jour » lui demande, un confrère. « Ils ont déjà été entendus. Je vais aussi vous dire que bien avant l’arrivée du procureur Ocampo à Abidjan, toutes les enquêtes avaient été déjà bouclées. Moi-même j’ai été entendu durant 3 heures. Ce n’est pas pour rien Gbagbo a été transféré à la Haye ».

Rappelons que la délégation du Rdr conduite par son porte parole profitait de la période de l’ouverture de l’audience de confirmation des charges retenues contre l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo (18 juin) pour inonder les médias occidentaux de ce qu’ils appellent leur vérité ! Malgré le report de l’audience, Jöel Nguessan et ses camarades du Rdr n’ont toujours pas l’intention d’abandonner leur projet.

Philippe Kouhon
pkouhon@gmail.com

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