Liberia: Une cargaison dorée pour Ouattara

Ils ne se sont pas encore remis de leur panique, après l’arrestation à Lomé et l’extradition le 06 juin dernier vers Abidjan de leur compagnon d’exil Moïse Lida Kouassi, que les disciples de Laurent Gbagbo réfugiés dans nombre de capitales africaines viennent de recevoir une douche froide.

D’abord à Yaoundé où, depuis le 14 juin, l’ancien argentier Katinan Justin Koné a lui aussi été mis au frais et attend d’être extradé vers la lagune Ebrié ; ensuite à Monrovia au Liberia voisin où, ce jeudi 21 juin, 41 miliciens réfugiés, soupçonnés de crimes dans l’ouest-ivoirien durant la crise postélectorale, vivent sous la menace d’une extradition.

Ainsi en a, en effet, décidé la justice libérienne, par suite, entre autres, de cette attaque meurtrière du 8 juin ayant coûté la vie à des Casques bleus nigériens.

Et le gouvernement de Mamy Sirleaf ne fait pas dans la dentelle, car à cette cargaison d’indésirables, vient s’ajouter ces mandats d’arrêt lancés contre dix Ivoiriens et Libériens dont le tristement célèbre mercenaire « Bob Marley » et le non moins célèbre Charles Blé Goudé, ex-leader des « jeunes patriotes » et vuvuzela du camp Gbagbo devant l’Eternel, et en exil depuis l’éviction de son mentor le 11 avril 2011.

L’on comprend aisément l’indignation des réfugiés ivoiriens disséminés à travers le monde et la révolte qui a gagné les rangs de leurs avocats, mais Monrovia pouvait-il se murer dans un silence coupable, et avait-il seulement autre choix qu’une telle fatwa, étant donné que les relations de voisinage avec Abidjan pouvaient en pâtir ?

En tous les cas, alors que des voix s’élèvent à travers le continent pour dénoncer une violation des droits des exilés politiques, les nouveaux champions de la Côte d’Ivoire leur opposent les chefs d’accusation de crimes économiques.

Pouvait-il d’ailleurs en être autrement si le gourou, Gbagbo himself, est déjà dans les filets de la Cour pénale internationale (CPI) à la Haye, en attente de la confirmation de son inculpation ?

Une chose est sûre : Alassane Ouattara peut maintenant se frotter les mains ; il n’attendait certainement pas plus pour mieux asseoir son pouvoir et entamer l’œuvre de reconstruction nationale, mais attention tout de même à ne pas perdre le défi qu’il s’est lancé au lendemain de son accession à la magistrature suprême, celui de la réconciliation nationale.

En effet, nous enseigne la sagesse, on ne se réconcilie pas avec ses amis, mais avec ses adversaires, qui, hélas, l’espace d’un combat décennal de titans, sont devenus des ennemis.

Comment alors leur enlever de la tête que ce n’est ni plus ni moins qu’une chasse aux sorcières que le tombeur de Gbagbo leur livre en dépit des soupçons de tentatives de déstabilisation qui pèsent sur eux ?

Nous ne croyons d’ailleurs pas si bien dire puisque, sur les bords de la lagune Ebrié, après la vague d’arrestations déjà opérées par le pouvoir, à la Commission dialogue, vérité et réconciliation, certains y voient un « sabotage » du travail qui leur est confié.

Par Bernard Zangré — L’Observateur Paalga

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