Accouchement gratuit: La solution ne marche pas encore

Le programme de gouvernement proposé par le Rdr lors de la campagne présidentielle est de loin celui qui a plus convaincu les ivoiriens qui l’on plébiscité à plus de 54% des suffrages exprimés. Le chapitre a mobilisé la quasi-totalité des femmes lors de cette campagne électorale est sans conteste celui concernant la santé. Notamment, la gratuité des soins et plus spécifiquement l’accouchement qui devra être désormais gratuit. Cependant, force est de constater que malgré l’engouement suscité par ce projet de société jusqu’à présent rien n’a encore changé dans la pratique. Le rêve des femmes s’est tout simplement transformé en mirage. Le découragement a gagné la totalité des femmes et la grogne se fait entendre. Si certaines d’entre elles continuent de nourrir encore un mince espoir d’autres par contre sont partagées entre regret et pessimisme. Les nombreuses interpellations dont nous avons fait l’objet de la part des mères qui se disent déçues et révoltées nous ont obligées à mener quelques investigations dans certains centres hospitaliers aussi bien publiques, parapubliques que privés.

Donner la vie, un sacerdoce

Il était 23 H ce jeudi 26 avril. Je reçois un coup de fil de la part d’un ami d’enfance qui me sollicite pour un service. «Ma femme a un malaise, nous sommes au Chu (Centre hospitalier universitaire. Nous occultons expressément le nom). Peux-tu venir nous aider avec ta voiture pour nous rendre dans un dispensaire ?car il n’y a pas de taxi ». Je me précipite dans le Chu où je découvre l’épouse de mon ami gisant à même le sol. Et l’ami de m’expliquer : «nous sommes arrivés ici et il se trouve que le cas de madame nécessite une césarienne pour extraire le bébé. Mais pour le faire les médecins m’exigent la somme de 600 mille francs. Je leur ai proposé 200.000F et ils m’ont répliqué que ce n’est pas possible. C’est alors qu’un visiteur m’a mis en contact avec une de ses connaissances dans un hôpital dans la commune d’Abobo. Ce médecin me demande la somme de 150 mille francs pour l’opération. Nous devons donc nous y rendre vite car il nous attend». Mais avant de nous retirer pour Abobo, j’ai tenu à en savoir davantage auprès des médecins présents sur les lieux. «Monsieur, ceux qui vous disent que les soins sont gratuits ou l’accouchement est cadeau, ils ne savent rien de la médecine. Ils ne connaissent pas la réalité du terrain. Figurez vous pour une opération comme celle-ci, nous avons besoins d’un certains nombre de matériels et de produits. Or, il n’y en a pas ici. Qu’est ce qu’on fait ? Nous sommes peinés et parfois obligés de solliciter l’aide du privé. Or ça, ce n’est pas gratuit». Ensuite, nous filons à Abobo. Là-bas l’opération se déroule correctement au prix indiqué. Néanmoins, nous continuions nos investigations. Ça et là, l’on entend les hurlements des femmes en travail. Des cris de détresse de toutes sortes fusent de partout. Impossible pour les âmes trop sensibles de rester longtemps en ces lieux. Pour donner la vie, les femmes sont obligées de lutter contre la mort. C’est la vie au prix de leur survie. Et dire qu’après y avoir échappé les mêmes femmes s’évertuent avoir à nouveau d’autres enfants ! L’on retiendra tout simplement que pour la femme, donner la vie est un sacerdoce.

Payer pour le service rendu

Je m’approche d’un monsieur visiblement joyeux car son épouse venait de faire un accouchement normale. C’est-à-dire par voie basse, sans chirurgie. Après les félicitations et les civilités d’usage nous avons voulu savoir cela si s’est déroulé sans difficulté. «Je remercie Dieu par ce que l’accouchement s’est déroulé normalement. Sinon, je vous assure que contrairement à ce que les gens racontent à la télé la gratuité n’est rien d’autre qu’une vue de l’esprit. On m’a fait payer 30000 Fcfa comme frais de médicaments selon les sages-femmes. Ensuite au moment de nous laisser partir, une d’entre elle m’a fait assoir pour me dire ceci : vous savez que les prestations sont gratuites donc on ne peut rien vous exiger. Mais si vous-même vous êtes satisfaits de votre enfant et par rapport au travail qui a été fait, vous pouvez essayer de donner quelque chose pour récompenser les sages femmes qui ont aidé votre femme à accoucher. Face à un tel dilemme j’étais encore obligé de sortir 10 mille francs pour lui remettre». C’est dire qu’il fallait payer pour le service rendu. Une mère venue accompagnée sa fille en couche, nous a expliqué la même chose. Et d’ajouter que «ce n’est pas ici à Abobo seulement. A Port-Bouët ma fille a subit une césarienne. Le coût avec les médicaments s’élèvent à environ 200 mille francs. Mais c’est nettement mieux car dans le privé c’est au moins 600 à 800 mille francs», nous a-t elle révélé. Même dans les hôpitaux parapubliques, les prix des prestations ne sont pas toujours à la portée de tous. A Adjamé, nous avons croisé un groupe de femmes qui venait d’une consultation prénatale. Elles nous ont confié que «le carnet de «mère-enfant» coûte 2000 fcs,le prix de l’échographie est fixé à 10.000Fcs et les examens dans leur ensemble oscillent entre 15000 et 20000F». A auand donc la réalisation de la promesse ? En attendant «l’accouchement» gratuit tarde à accoucher.

Tienfö Gisèle

Le Democrate

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