Attaques de “Carrefour Saho” Paul Koffi Koffi: “ NOUS ALLONS RENFORCER LE VERROU FRONTALIER ”
Pascal Soro – Fraternité Matin
Paul Koffi Koffi Paul Koffi Koffi Le ministre auprès du Président de la République, chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi, condamne fermement l’agression qui a fait plusieurs morts, dont sept Casques bleus, dans la région de Taï, vendredi.
M. le ministre, quel bilan établissez-vous de l’attaque du village de Carrefour-Saho (Taï) par des personnes non identifiées, dans la nuit de jeudi à vendredi ?
Le bilan provisoire de cette attaque que nous condamnons fermement et dont nous disposons aujourd’hui (samedi 9 juin, après-midi. Ndlr), fait état de la mort de sept Casques bleus, deux civils et d’un élément des Frci, soit dix décès au total.
Avec quels sentiments avez-vous appris cette attaque ?
C’est avec un sentiment de frustration et de compassion que nous avons appris cette autre attaque. Car, elle a encore fait des morts. Cela est inadmissible. Au nom du Chef de l’Etat qui est très sensible à cette situation et du gouvernement, je présente nos sincères condoléances au Président et au peuple du Niger, mais aussi aux Nations unies, au chef d’état-Major général des Frci, aux familles des civils tués et à tout le peuple de Côte d’Ivoire.
A votre avis, quelle peut être l’explication d’un tel acte ?
Il y a probablement des hommes de l’ancien régime qui continuent d’espérer un changement, de rêver. Ils pensent troubler la quiétude des populations et perturber les autorités à travers ces opérations. Tout laisse à croire donc que l’objectif est de créer une psychose généralisée dans le pays. Nous ne saurions l’accepter. C’est pourquoi dès l’annonce de l’attaque, nous nous sommes mobilisés pour y faire face et je peux vous affirmer qu’en ce moment, la situation est redevenue calme dans cette zone. Nous y avons renforcé le dispositif sécuritaire et la situation est sous contrôle. Nous demandons à la population de garder son calme malgré la douleur.
En quoi a consisté le renfort de votre dispositif ?
Nous avons procédé à un renfort au niveau de nos hommes. Nous y avons envoyé une compagnie. Et la force onusienne en a fait de même. Bien sûr que d’autres mesures vont immédiatement suivre, notamment la recherche des assaillants, le ratissage de la zone et aussi un contrôle au niveau de la frontière. D’ailleurs, des endroits de la frontière ont déjà été fermés dans le cadre de la recherche des assaillants qui, naturellement, sont repartis d’où ils sont venus, en traversant le fleuve. Par ailleurs, nos effectifs au niveau de la gendarmerie et de la police vont être renforcés. En tout état de cause, nous allons renforcer le verrou frontalier. Nous avons noté avec plaisir des mesures énergiques prises par le gouvernement libérien, notamment la fermeture de la frontière.
Les agresseurs veulent marquer la proximité de l’audience de confirmation des charges contre l’ancien Chef d’Etat. Ils pensent avoir trouvé une occasion de troubler la quiétude des Ivoiriens et donner le sentiment d’une insécurité dans le pays. C’est un acte ignoble, lâche et odieux que nous condamnons fermement.
Voulez-vous dire que les agresseurs sont venus du Liberia voisin ?
Oui. Nous en avons la certitude. Ils sont venus du Liberia. Mais je précise qu’ils n’opèrent pas pour le compte du gouvernement libérien. D’ailleurs, à ce sujet, nous entretenons de bons rapports avec le Liberia. Au cours de la crise post-électorale que nous avons vécue, nous avons connu le phénomène de miliciens et de mercenaires, notamment libériens qui sont repartis chez eux. Dans leur pays, certains ont été mis aux arrêts, tandis que d’autres prospèrent. En plus, de l’autre côté de la frontière, il y a un village libérien qui recèle en son sein des trafiquants et bandits de tout calibre, du fait de l’exploitation du diamant et qui peuvent être «achetés» pour venir commettre des actes répréhensibles chez nous.
«Achetés» par qui ?
Par des gens de l’ancien régime. D’ailleurs, je voudrais, encore une fois, les appeler, à travers vos colonnes, à abandonner ces schémas qui n’ont fait que trop d’innocents tués et qui ne peuvent prospérer, qui ne peuvent atteindre leur but si tant est que leur but est de renverser le pouvoir en place. C’est inutile de mener ce genre d’action. Le Président Alassane Ouattara a été élu et il faut l’aider à rebâtir la Côte d’Ivoire qui, après plusieurs années de crise, a plus que jamais besoin de stabilité pour jouer son rôle de locomotive dans la sous région.
Aujourd’hui, fort heureusement, nous assistons au retour de barons de l’ancien régime. Il faut les encourager à rentrer pour oeuvrer à la réconciliation nationale. Or ce type d’événement peut leur faire craindre des représailles à leur retour.
Quelles mesures pour les victimes ?
Des mesures humanitaires vont être prises comme l’exige la tradition en pareil cas. Ainsi, il s’agit de prendre en charge les victimes et de protéger les populations fragiles qui subissent le traumatisme de cette situation. Déjà, l’Onuci a renforcé son dispositif humanitaire au profit des populations déplacées les plus vulnérables.
Je voudrais appeler nos compatriotes de la zone au calme. Il est vrai qu’ayant subi le choc, leur tendance naturelle est de se déplacer pour se protéger. Mais après le retour à la normale, il faut qu’ils reviennent, qu’ils regagnent leurs habitations et leurs plantations. Je leur lance donc l’appel de revenir chez eux, de reprendre leurs activités, car la situation est sous contrôle.
M. le ministre, à l’occasion de la dernière attaque d’un village de Taï dans cette zone de l’ouest, vous avez constaté le mauvais état des routes. Il semble que cela soit un facteur non négligeable facilitant les incursions des assaillants dans cette zone. Qu’est-ce qui est fait pour ces routes-là ?
Vous avez raison. L’année dernière, du fait du mauvais état de la route, nous avons dû nous rendre à Ziriglo par hélicoptère. Cet état de chose gêne énormément l’arrivée des renforts en cas d’attaque. Sur cette base, nous avons instruit les structures compétentes en matière de réparation des routes pour qu’elles y pensent. Selon les dernières informations, un appel d’offre a été lancé pour la route Taï-Grabo, les plis ont été ouverts et l’entreprise sélectionnée. Elle va entamer les travaux d’ici peu. En outre, l’Onuci a décidé de traiter les points à temps afin de permettre une circulation fluide. Mais le drame est que les pluies ont repris et qu’il va falloir composer avec les intempéries.
Il était aussi question d’installer un bataillon à Taï. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Le bataillon a été finalement installé à Man d’où il peut couvrir toute la région de l’ouest. Mais en fonction de la taille des autres localités (dont Taï) de ladite région, on installe des compagnies issues de ce bataillon. Mais les difficultés auxquelles nos hommes sont confrontés sont liées à l’insuffisance des moyens de mobilité, de transmission et le mauvais état des routes dont nous parlions tantôt. Certes, beaucoup a déjà été fait. Le Président de la République, SEM. Alassane Ouattara, lors de sa visite d’Etat à l’ouest, a offert un lot de véhicules à la gendarmerie, en plus des efforts faits antérieurement. Mais le besoin est encore important et d’autres efforts sont en cours.
Interview réalisée par
Pascal Soro
Titre: J-ci.net
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