Réglez vite cette affaire des policiers !

Des policiers ont marché mardi pour interpeller les autorités sur la nécessité de trouver une solution à leur problème de projet immobilier. Le lendemain, ils ont remis le couvert. Pour une fois, ce n’est pas une affaire de politique ou une revendication corporatiste. C’est une affaire de droit commun. Sous Gbagbo, il a été demandé à des policiers de s’inscrire pour avoir un terrain afin de se bâtir une maison. L’affaire paraissait trop belle pour être vraie, selon les Saint Thomas. Un confrère nous a confié à peu près ceci, il y a cinq ans : « Cette affaire de projet immobilier avec tout ce tapage médiatique n’ira pas loin. J’ai le pressentiment que ça va très mal finir. Quand j’allume ma télé chaque fois, je vois le promoteur immobilier Touré Ahmed Boua, parrain de plusieurs activités qui n’ont rien à voir avec l’immobilier. Ça m’inquiète pour les milliers de policiers qui se sont lancés dans cette affaire». Eh bien, le confrère a frappé en plein dans le mille. Cinq ans plus tard, on continue de prélever chaque fin de mois de l’argent sur le salaire des souscripteurs. Mais, les terrains sont invisibles. On assiste à des palabres interminables d’une part entre les propriétaires terriens et les promoteurs d’autre part, entre les souscripteurs et les promoteurs. Plus grave, les principaux acteurs qui doivent donner les terrains aux flics sont en train d’aller en prison, l’un après l’autre. Le fait d’envoyer les promoteurs en prison règle-t-il le problème des policiers? Dans ces conditions, il est légitime pour les souscripteurs de protester; ils ont d’autant plus raison que ceux d’entre eux qui décident de se retirer du projet sont tout de même prélevés à la source. Il faut donc le dire haut et fort: les flics sont dans leurs droits de protester. Personne ne les manipule. Ils ont besoin de leur terrain ou de leur argent. Mais bien qu’ayant raison, ils risquent de la perdre en barrant la route et créant des désagréments à nombre de leurs concitoyens. Rien ne leur donne le droit d’empêcher les autres d’avoir accès à leur lieu de travail. Que doit donc faire l’Etat pour régler le problème des 4.000 policiers? Dans un premier temps, il faut communiquer. Il y a lieu d’expliquer aux policiers à quel niveau se trouve la procédure d’acquisition de leur terrain. Pas de jeu de cache-cache, comme on l’a vu ces dernières années. Au-delà des flics, la nation entière doit être informée sur cette affaire qui est une véritable bombe sociale. Si des gens vont en prison, il faut expliquer pourquoi ils vont en prison. Quel acte délictueux ont-ils posé? Ont-ils «mangé l’argent» des policiers? Leur emprisonnement compromet-il l’acquisition des terrains? Sans communication, la rumeur s’installe et bonjour les dégâts. Soyons honnêtes et véridiques, personne ne peut accepter que pendant cinq ans il soit prélevé à la souche sans qu’il ne voie ce pour quoi il cotise. Voici notre suggestion pour vider ce contentieux définitivement. Si l’Etat a des moyens financiers, qu’il rachète le projet immobilier des militaires, rembourse leur argent selon un moratoire et utilise le terrain pour lancer son projet de construction de 5.000 logements sociaux, car c’est connu que là où la première pierre a été posée à Yopougon, c’est une arnaque. Le terrain est inconstructible en raison de la nappe phréatique d’Abidjan qui s’y trouve. Si l’Etat agit ainsi, il gagnera doublement. Il règle son propre problème de terrains pour les logements sociaux et celui des militaires grugés.

Traoré Ahmed (MT) L’Expression

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